Mémoire - M KOFFI Kouassi Hervé
Mémoire - M KOFFI Kouassi Hervé
Département de géographie
MÉMOIRE DE MASTER
Spécialité : Environnement
Sujet :
« La mobilité de la population et la dégradation du paysage
urbain de Bouaké »
Sous la Direction de :
Présenté par : M. VEI Kpan Noël
Maitre-Assistant
M. KOFFI Kouassi Hervé
2
SIGLES ET ABREVIATIONS
ARSO : Aménagement de la Région du Sud-Ouest
AVB : Aménagement de la Vallée du Bandama
BAD : Banque Africaine de Développement
CAFOP : Centre d’Animation et de Formation Pédagogique
CBCG : Centre Bureautique de Commerce et de Gestion
CIE : Compagnie Ivoirienne de l’Électricité
CNO : Zones Centre, Nord et Ouest
CNUCD : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement
ENV : Enquête sur le Niveau de Vie des Ménages
FMI : Fonds Monétaire International
INS : Institut National de la Statistique
INSEE : Institut National de la Statistique et des Études Economiques
IRCT : Institut de Recherche Coton et Textile
OIM : Organisation Internationale pour la Migration
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
OS : Occupation du Sol
PLU : Plans locaux d’Urbanisme
PMA : Pays Moins Avancés
PNAT : Plans Nationaux d'Aménagement du Territoire
POS : Plans d’Occupation des Sols
PSRM : Programme Sectoriel Routier Banque Mondiale
REPCI : République de Côte d’Ivoire
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitation
RNU : Règlement National d’Urbanisme
SDU : Schéma Directeur d’Urbanisme
SODECI : Société de Distribution d’Eau en Côte d’Ivoire
SOTUB : Société de Transport Urbain de Bouaké
SRDS : Service Régional de la Statistique et de la Démographie
STUB : Société de Transport Urbain de Bouaké
UAO : Université Alassane Ouattara
3
Le présent mémoire est dédié, avec la plus grande considération, à ma Grand-mère
KOUAME AKISSI, par sa foi au Tout-Puissant en qui elle m’a confié afin que je ne me
perde pas sur le chemin esseulé des études depuis mon adolescence.
4
AVANT-PROPOS
La recherche est un moyen privilégié, voire incontournable, dans le processus de
développement d’un pays. C’est dans cette logique qu’un point d’honneur est fait à l’initiative
de la recherche pour les étudiants des universités ivoiriennes, notamment dans la faculté de
géographie de l’UAO. Au demeurant, le sujet de notre recherche sur la ville de Bouaké est :
« La mobilité de la population et la dégradation du paysage urbain de Bouaké ». Cette étude
se propose de relever les problèmes dans la mobilité de la population et les perspectives que
cela suscite dans la ville de Bouaké.
5
REMERCIEMENTS
J’aimerais tout d’abord adresser mes remerciements à tous les enseignants du Département
de Géographie de l’Université Alassane Ouattara, à leur tête, le Professeur DJAKO Arsène,
Directeur du Département.
Egalement, voudrions-nous remercier sincèrement tous ceux, qui de loin ou de près, ont
contribué à la réalisation de cette étude et dont les noms n’ont pas été susmentionnés. Qu’ils
trouvent dans ces lignes, l’expression de notre gratitude. Nous remercions toutes celles et tous
ceux qui ont ouvert leurs portes ou ont consacré de leur temps pour nous livrer un bout de leur
quotidien. Un grand merci à toutes les familles qui se sont prêtées à nos enquêtes-ménages.
Nous tenons également à remercier toutes les personnes ayant aidé, par leurs sources, leurs
conseils, à la réalisation de ce travail. A tous nos amis, aux doctorants et moniteurs, nous
tenons à témoigner notre reconnaissance pour leurs marques d’amitié et leurs mots
d’encouragement.
6
INTRODUCTION GENERALE
L’évolution des espaces urbains à travers le monde se traduit par une transformation des
modes de vie et des pratiques de mobilité : on se déplace de plus en plus, pour des motifs de
plus en plus diversifiés et en utilisant des modes de transport plus nombreux. Pour rendre
compte à la fois de la complexité des pratiques de mobilité et du lien très fort entre les
transformations urbaines et les déplacements, les scientifiques et les techniciens utilisent un
nouveau terme : la mobilité urbaine (DIAGANA, 2010).
Ainsi, parler de mobilité de la population dans le contexte ivoirien actuel pourrait sembler
saugrenu, car cela signifie réfléchir sur le long terme et se projeter dans l’avenir, alors que les
problèmes cruciaux qui se posent aujourd’hui à la Côte d’Ivoire sont bien plus immédiats et
demandent des solutions urgentes (REPCI, 2006). D’une manière générale, les villes
ivoiriennes ont en général, le problème de l’étalement urbain qui augmente des mobilités,
constituant des problèmes majeurs. Dans ce contexte, leurs espaces qui sont très attractifs du
fait de la disponibilité des équipements, sont des enjeux majeurs pour le développement
durable.
Dans le contexte local, la ville de Bouaké ne s’inscrit pas en marge des problèmes
immédiats qui soulèvent une réponse urgente. Depuis sa création en 1898 à partir d’un simple
poste militaire colonial, Bouaké s’est développée suivant le processus économique de la Côte
d’Ivoire dès l’indépendance (SDU, 2014). La position de la ville de Bouaké, en tant que
carrefour et second pôle urbain et économique du pays ont fait d’elle une ville d’attraction
humaine tant interne qu’externe. Cette forte attraction, combinée à la dynamique
démographique, engendre une mobilité mal consentie dans sa phase embryonnaire autant dans
la ville que sur les extrémités.
Les aménagements faits au fil des années, à travers la mise en place des équipements et
services n’ont malheureusement pas suivi la croissance de la population. Ainsi, pour combler
les insuffisances du processus d’aménagement, les populations riveraines ont adopté des
mesures coercitives de proximité dans leur choix de modes de transport et d’habitabilité, en
occupant l’espace urbain.
C’est cet aspect de la mobilité qui suscite une étude géographique en vue d’identifier les
facteurs de la dégradation de l’environnement urbain à travers notre sujet : «la mobilité de la
population et la dégradation du paysage urbain de Bouaké ». Ainsi, notre étude s’organise
autour de trois parties, composées chacun de deux chapitres.
7
D’abord, la première partie montre les différentes étapes de la croissance démographique
et la croissance urbaine dans la ville de Bouaké. Elle comporte deux chapitres dont le premier
traite de la dynamique démographique et la seconde de la croissance urbaine.
8
1-Intérêt du sujet
Dans le monde scientifique aussi bien que dans la pratique de l’urbanisme, la mobilité des
populations fait l’expérience de profonds bouleversements. La prise de conscience d’une
augmentation aussi bien qualitative que quantitative des déplacements dans les villes oblige à
repenser la façon dont on les analyse et dont on les gère (DIAGANA, 2010). C’est dans cette
logique que nous inscrivons notre sujet qui traite de la mobilité de population.
Toutefois, cette thématique n’a pas encore véritablement fait d’objet d’études dans la ville
de Bouaké au regard des documents consultés et c’est en cela que nous voudrions apporter
notre contribution.
Nous avons choisi de mener cette étude de recherche particulièrement dans la ville de
Bouaké parce que nous voulons nous imprégner de la réalité qui concerne la mobilité des
habitants. La longue crise socio-politique que vient de traverser le pays et particulièrement la
ville de Bouaké a fortement affecté tous les secteurs d’activités. De nouveaux modes de
déplacements sont nés, l’on observe des espaces qui présentent un aspect inachevé du fait des
bâtis abandonnés et constatés après la crise de 2002. L’espace urbain de Bouaké étant vaste,
nous avons proposé de mener notre étude dans 11 quartiers. Le choix de ces quartiers obéit à
une logique particulière. Nous voulons analyser la stratégie d’habitabilité des riverains à
9
l’échelle de ces quartiers en rapport avec les modes de déplacements, tout en observant la
particularité de chaque quartier.
10
REVUE DE LA LITTERATURE
L’émergence du concept de mobilité, grâce à l’ouverture du domaine des transports
urbains aux sciences sociales, permet un renouvellement de la recherche sur les transports
urbains et un enrichissement des études urbaines. Aujourd’hui, pour les spécialistes comme
pour les techniciens, la mobilité n’est pas qu’une question de transport, mais possède une
dimension sociale importante. Cela signifie qu’il est nécessaire de replacer l’individu au
centre de la réflexion ou, dans tous les cas, de ne pas l’écarter de la réflexion.
Un tel point de vue est prometteur pour l’avenir des politiques de gestion des
déplacements, puisqu’il assure la garantie d’une meilleure qualité de la vie en ville. C’est dans
ce sens que le sujet « la mobilité de la population et la dégradation du paysage urbain de
Bouaké » a retenu notre attention. On pourrait dire que les nouvelles pistes d’investigation
dans la gestion des déplacements sont des réponses réelles aux exigences d’accessibilité et de
durabilité. Dans tous les cas, les méthodes sont forcément pluridisciplinaires et transversales
puisque la gestion des déplacements aujourd’hui demande de rechercher aussi bien
l’innovation dans la gestion, l’organisation, l’architecture, etc.
A cet effet, dans le but de recueillir des informations et étendre notre champ de
connaissances, nous avons passé en revue les documents. Ainsi pour mieux cerner les
contours de notre champ d’étude, nous analyserons le sujet sous plusieurs thématiques
suivantes :
- Mobilité de la population et développement local,
- Mobilité de la population et dynamique de l’occupation du sol,
- Les champs d’application de la mobilité de la population.
11
évoque des transferts vers l’Afrique à hauteur de 3,7 milliards d’euros, dont 3,1 milliards
d’euros vers le Maghreb.
Les flux financiers ainsi engendrés constituent une source de financement significative
pour réduire la pauvreté, mais aussi pour financer le développement économique. Du fait du
soutien apporté par les migrants à leurs familles, ils présentent aussi l’avantage d’être
globalement des soutiens stables et pérennes en cas de crise financière ou de catastrophe
naturelle. Une part majoritaire de ces montants transférés est dépensée en biens de
consommation courante (jusqu’à 80 % dans certaines régions d’Afrique subsaharienne),
tandis qu’une fraction plus réduite est épargnée ou investie en capital humain (éducation,
santé) ou en infrastructures (logement). Dans ce contexte, la France, qui apparaît comme un
pays majeur d’émission de transferts d’argent, en particulier vers l’Afrique, s’est donné le
double objectif de réduire sensiblement les coûts des transferts d’argent (en moyenne de 11 %
en 2012) et d’accompagner une meilleure allocation de ces envois au service du
développement économique des pays d’origine des migrants.
12
Par ailleurs, les principaux pays d’émigration sont aujourd’hui des pays à revenu
intermédiaire tels que la Chine, le Mexique, les Philippines ou la Turquie selon le
MINISTERE FRANÇAIS DES AFFAIRES ETRANGERES (2013).
Les raisons économiques n’en sont pas les seules causes. La migration témoigne de la
mobilité grandissante des personnes et de la densification des réseaux transnationaux
économiques, culturels, matrimoniaux et religieux. La plupart des régions du monde sont
concernées soit par le départ, soit par l’accueil, ou par le transit des migrants. Certains pays
l’étant par les deux, voire les trois à la fois.
D’anciens pays de départ sont devenus des pays d’accueil : c’est le cas de l’Europe du Sud,
d’anciens pays d’accueil deviennent des pays de départ, en particulier en Amérique latine
(Argentine, Brésil, Chili, Uruguay), tandis que d’autres Etats ont surtout vu progresser leur
population de migrants en transit (Maroc, Mexique et Turquie).
De nouvelles tendances s’observent et constituent des éléments importants pour la réflexion
sur les enjeux des migrations :
- les migrations circulaires, qui accroît la mobilité des migrants, mais pas
nécessairement leur sédentarisation, se développent ;
- les migrations de personnes qualifiées et très qualifiées sont devenues une composante
familière des migrations dans les années 2000.
A l’exode des cerveaux s’ajoute la migration des qualifiés dans les professions médicales et
les services de santé vers les pays riches et vieillissants ;
- les migrations sont de plus en plus féminisées. Les femmes représentent désormais
49 % des 214 millions de migrants du monde.
BERNARD (1969), quant à lui, évoque les enjeux de la mobilité dans le sens
communautaire. Selon ses investigations, l’analyse de la mobilité de deux zones du Sine-
Saloum, au Sénégal, montre combien elles se révèlent différentes. La mobilité de la
population reflète deux sociétés différentes : l’une soumise à une logique de type traditionnel
13
mettant en relief l’importance de la parenté : celle des Serer du Sine (Niakhar au Sénégal),
l’autre soumise à une logique de type moderne sous-tendue par l’économie moderne (Paos-
Koto au Sénégal).
Mais il n’en reste pas moins qu’elles restent proche par les données de fond : ce sont des
sociétés agricoles dominées par un même climat et par une même économie globale.
Cependant l’on ne peut déduire de ces statistiques une réelle connaissance du phénomène
migratoire. Par exemple les migrations des Serer hors du pays Serer n’apparaissent pas. Or
elles sont d’une grande importance économique. La connaissance statistique se révèle très
pauvre pour l’étude d’un phénomène aussi complexe que la migration. Elle touche à tous les
aspects de la société et ceci se traduit par la multiplicité des approches qu’elle requiert : toutes
les sciences humaines l’abordent au cours de leurs études (BERNARD L, 1969).
Malgré son apparente simplicité, la migration est un phénomène flou, car elle ne se
distingue que difficilement de la simple mobilité. Comme tout acte humain, son contenu est
objectif et subjectif. Le choix des critères de distinction est toujours sujet à caution, puisqu’il
est quasiment impossible de satisfaire à la fois au relatif des intentions et à la réalité de
certains faits.
Un long passage ou une brève migration (immigration suivie d’une émigration) ne diffère
entre eux que par l’intention des individus ou la logique de leur situation personnelle. De
toute façon, dans la mesure où les motivations individuelles sont prises en compte, la question
n’est pas « comptez-vous rester ici ?» mais : « comptez-vous retourner d’où vous venez ? »
(BERNARD, 1969).
NASSA (2005), va par ailleurs analyser le phénomène de mobilité sur un volet des
relations transfrontalières sous régionale. Selon cet auteur, la mobilité transfrontalière pour
l’existence d’une activité constitue à atténuer les inconvénients nés de l’existence des
14
frontières, à surmonter la position périphérique de certaines régions frontalières au sein de
leur Etat et améliorer les conditions de vie de la population en réduisant les tensions qui
pourraient survenir, étant donné que la frontière devient pour les populations flottantes une
opportunité. Cette mobilité est fortement liée aux différentes formes de migrations générées
par les échanges commerciaux, aux activités d’échanges et aux problèmes qu’elle engendre.
A l’opposé, BABO (2010), traite ce phénomène sur le plan conflictuel. En ces termes, il
montre comment un conflit logé dans l’extrême sud-ouest de la Côte d’Ivoire a pu alimenter
les ferments de la guerre qui a été déclenchée en 2002. En effet, fortement influencées par la
France, qui est un pays de forte immigration depuis la deuxième moitié du 19e siècle, ainsi
que par la politique de l’administration coloniale, les autorités ivoiriennes avaient habilement
opté pour une politique d’intégration des étrangers.
ZOLBERG (1964), cité par BABO (2010), explique cette orientation politique par le fait
qu’un segment important de la population de la Côte d’Ivoire était constitué d’étrangers que
les colons avaient utilisés pour la valorisation économique de la colonie ivoirienne. Ainsi en
1998, la Côte d’Ivoire comptait 15.366.672 habitants dont 4.000.047 non nationaux (RGPH,
1998) dont le taux de présence semble avoir connu une progression linéaire. En effet de 17 %
en 1965 (INS, 1965), le taux d’étrangers dans le pays est passé successivement à 22 % en
1975 (RGPH, 1975), 25 % en 1993, pour atteindre 26 % de la population totale en 1998
(RGPH, 1998).
La Côte d’Ivoire se présente donc comme une terre d’accueil pour les ressortissants des
pays de l’Afrique de l’Ouest. Dans les années 1970, période du « miracle économique » de la
Côte d’Ivoire, de nombreux étrangers burkinabés, maliens, ghanéens, etc. se sont établis
durablement dans le Sud-Ouest pour exploiter les vastes massifs forestiers de la région.
15
L’institution du tutorat1 leur a permis de s’installer dans cette région tout en jouissant de
l’appui de l’Etat.
BABO (2006), rebondit sur la répulsion migratoire des baoulé en raison des flexions
économiques et foncières des zones forestières, relative à la question du retour des jeunes
migrants baoulé des zones de forêt au profit des cultures maraîchères qui leur sont bénéfiques.
D’emblée, l’essentiel des revenus agricoles des ruraux baoulés était tiré des cultures pérennes
qui nécessitaient la migration des jeunes actifs en zone forestière et des flux monétaires en
retour vers les villages d’origine. Mais aujourd’hui, avec les difficultés que les nouveaux
migrants baoulé ont à s’installer en zone forestière, en raison des conflits fonciers récurrents
et de la baisse des revenus saisonniers, des dynamiques locales de changement sont à l’origine
de la modification de la structure des revenus agricoles dans cette région. Le développement
des cultures vivrières marchandes permet aux jeunes baoulés d’avoir rapidement des revenus
conséquents et supérieurs à ceux qu’ils pourraient obtenir en migrant en zone forestière.
Néanmoins, en 2014 les Nations Unies évoquent qu’en Mauritanie comme en Algérie le
phénomène de la fuite des cerveaux reste une question importante. Elle constitue un problème
crucial aux pays d’origine de la sous-région euro-méditerranéenne, dans la mesure où elle
entrave le développement de leurs économies. Les autres pays ne parlent pas de fuite des
cerveaux, mais souhaitent vivement que soit favorisée la mobilité des travailleurs, des
chercheurs et des étudiants. Ainsi, cette mobilité souhaitée partirait, entre autres, de
l’hypothèse selon laquelle ces personnes auraient l’occasion de mieux valoriser le capital
humain acquis dans le cadre d’une migration circulaire assimilable à des cycles de formation
et de mise à niveau dans les pays d’accueil. Il faudrait souligner que le Maroc ne cite pas la
mobilité comme priorité, mais la discussion sur le sujet, pour ce dernier, est déjà bien avancé
notamment avec l’UE, dans le cadre de l’accord de partenariat pour la mobilité.
1
Le tutorat est une convention agraire caractéristique de «l’économie morale » dans laquelle le bénéficiaire
d’une délégation de droits fonciers, ou même d’une « vente » de terre, contracte un devoir permanent de
reconnaissance vis-à-vis de son « tuteur » (Chauveau, 2002), cité par ALFRED B (2010).
16
une terre d’immigration et cumule environ 4,5 millions de migrants en 2010, soit moins de
0,5 % de la population totale. Cette immigration obéit à une logique de niveau de
développement, les principaux pays d’accueil étant le Japon et les nouveaux pays
industrialisés asiatiques (COIFFARD et GUILHOT, 2012).
2
Situé à la périphérie (d'une grande cité). Exemple : les quartiers suburbains de la capitale
(Microsoft Encarta 2009).
17
1-2-La dynamique régionale de la mobilité
Si le monde est globalement engagé dans une phase de transition démographique,
toutes les régions n’évoluent pas au même rythme. Le vieillissement de la population et la
faible natalité en Europe et au Japon accroissent leur dépendance à l’égard des travailleurs
issus des autres régions du monde.
Entre 1950 et 2000, alors que la population rurale triplait, la population urbaine de
l’Afrique subsaharienne a ainsi été multipliée par 11, passant de 21 millions à 232 millions
d’habitants. Ces migrations internes, vecteur du basculement urbain, s’accompagnent de
nouveaux besoins alimentaires, d’infrastructures, d’emplois et de services. Ainsi les
orientations françaises en matière de migration et développement ont pour objectif de
renforcer la contribution de la mobilité et de la migration au développement des pays et
territoires d’origine. A cette fin, les actions souhaitées s’inscrivent sous quatre directions
complémentaires : soutenir le potentiel de solidarité des migrants ; soutenir le potentiel
d’investissement des migrants ; renforcer les capacités des pays du Sud partenaire à intégrer la
mobilité et la migration dans leurs stratégies de développement ; contribuer aux dialogues
internationaux et à la production de connaissances en matière de mobilité, migration et
développement.
Toutefois, SIEVEKING (2009), trouve une résonance toute particulière à l’heure où les
approches et stratégies actuelles visent à des partenariats euro-africains pour la mobilité. Les
discussions politiques et scientifiques menées à ce sujet, se concentrent de plus en plus sur les
dynamiques transnationales qui vont de pair avec les migrations transfrontalières et les effets
positifs qu’elles pourraient avoir sur le développement économique, social et politique des
régions d’origine. SIEVEKING traite les relations entre migration et développement sous
l’angle de la mobilité. Les termes « migration » et « mobilité » ne se recouvrant pas
18
exactement : la migration est un mouvement suivi de l’établissement à un autre lieu pour une
période significative, tandis que la mobilité englobe aussi d’autres formes de déplacements
(par exemple dans le cadre du travail saisonnier) qui ont leur importance dans une étude des
dynamiques de développement, notamment en matière d’emploi. Les processus migratoires
internes, intercontinentaux ou internationaux sont appréhendés ici comme des stratégies de
mobilité différentes. Le rapport entre mobilité spatiale et sociale renvoie aux conséquences
pour le développement en termes de processus de transformation sociale et montre aussi les
implications de la migration pour la structure changeante de l’inégalité sociale. En effet, les
processus locaux de développement sont influencés par des dynamiques migratoires tant
internes qu’internationales et dont l’imbrication reste encore négligée dans le débat général.
L’importance croissante de la mobilité, notamment pour le développement rural, pose un défi
à la planification nationale du développement et à la coopération internationale de celui-ci.
D’un autre côté, PICOUET (2006) analyse la dynamique de la mobilité sur un aspect
démographique. D’après cet auteur, la croissance de la population tunisienne au cours des
trente dernières années est le fait de l’accroissement naturel, le solde migratoire ayant joué un
rôle négatif sur la croissance globale, ceci étant moins net depuis le milieu des années 1980.
La croissance rapide de la population enregistrée à partir des années 1960 est liée en partie à
la baisse de la mortalité. De l’ordre de 28‰ en 1945, le taux brut de mortalité devient
inférieur à 20‰ habitants au début des années 1960. C’est surtout au cours de la
période 1965-1975 que la baisse est plus sensible. Il est clair que la mortalité a
considérablement régressé puisque l’espérance de vie est passée de 54 ans en 1968 à 71,1 ans
en 1995. Aujourd’hui, l’espérance de vie des femmes est de 73,0 ans contre 69,3 ans pour les
hommes. Une telle baisse est surtout liée à la forte réduction de la mortalité infantile et
juvénile.
Sous un angle plus atténuant, MORMICHE (1979), identifie d’autres facteurs qui
pourraient impulser les questions de mobilité (en Ile-de-France et Rhône-Alpes) afin de
préciser et surtout nuancer l'étude du chômage dans les régions. Ce sont les flux d'entrées et
de sorties du marché du travail, qui ont été considérés. En ce qui concerne les sorties du
chômage, les jeunes à la recherche d'un premier emploi trouvent plus rapidement un travail
que les autres salariés. Et les disparités entre taux de satisfaction des différentes régions
reflètent assez bien celles de l'impact du pacte national pour l'emploi. Pour ce qui est des
entrées, les écarts entre régions proviennent non pas du poids des jeunes sortants de la
scolarité, mais de la mobilité des autres salariés.
19
MARGAIL (1999) établit un lien avec l’étalement des agglomérations et le débordement
des bassins de vie des limites traditionnelles. Un phénomène de création de distance de
déplacement semble s’intensifier qui mérite un approfondissement.
L'objectif ici est d'analyser, sur un territoire urbain pris au sens large, l'évolution de la
mobilité pendulaire (domicile-travail) du point de vue des volumes de flux concernés, de leur
orientation et des distances parcourues. L'hypothèse de base est celle de l'allongement et de la
multiplication des migrations alternantes en relation avec le centre d'une aire urbaine. Ainsi,
sa vérification est replacée dans une tentative plus globale de compréhension des évolutions
qui se sont produites dans l'organisation des échanges à l'intérieur des agglomérations,
indiquent des mutations socio-économiques qui sont intervenues dans la structure urbaine.
20
Dans une analyse simultanée, de la croissance économique sur les différents espaces
géographiques, DUVAL (2013) met en relation le rythme de croissance et la répartition
urbaine en Haïti. En fait, le système urbain haïtien met en évidence le décalage entre le milieu
urbain et le milieu rural et les disparités entre les villes demeurent très prononcées. La
comparaison de la taille confirme un réseau de villes déséquilibrées au profit de l’aire
métropolitaine de Port-au-Prince et des chefs-lieux de département qui rassemblent 61.8 %
des citadins haïtiens en 2012. Les villes ayant une population largement supérieure à 500.000
habitants ont hébergé une faible part de la population urbaine totale au cours du dernier
recensement (RGPH, 1998).
Dans une perspective de suivre dans le temps la progression de la population urbaine, les
différentes définitions montrent que les critères utilisés et les variations qu’ils ont connues
empêchent de cerner concrètement le phénomène. C’est pourquoi la ville est perçue comme
zone continue d’espace bâti. Partant de ce critère démographique, la population urbaine issue
des différents recensements parait sous-estimée. Elle est passée de 2.146.293 en 1975 à
4.220.535 en 1988 et à 6.529.138 habitants en 1998, soit un doublement en 13 ans et un
triplement en 23 ans. Elle a augmenté de 7 % sur la période 1975-1988 contre 4 % sur la
période 1988-1998. Il y a donc eu une période de forte croissance due aux performances
économiques des années 1960 à 1970, suivie d’une période de régression entraînée par la crise
économique des années 1980. D’une manière générale, la population urbaine a rapidement
augmenté en Côte d'Ivoire. Ce pays aurait connu depuis la fin des années 1990, si l’on s’en
tient au critère de 5.000 habitants agglomérés, la transition urbaine, c’est-à-dire le passage à la
majorité urbaine (WIKIPEDIA, 2015).
21
La politique migratoire parce qu’elle a encouragé durant une longue période la venue des
étrangers en Côte d’Ivoire pour promouvoir le développement économique, situe la Côte
d’Ivoire au rang des pays d’immigration en Afrique. L’augmentation rapide des étrangers a
contribué à la croissance des villes ivoiriennes. En 1975, ils représentaient près de 40 % de
cette population. Entre 1978 et 1979, deux étrangers sur trois immigraient en ville dont 41 %
à Abidjan. Les maliens se sont installés majoritairement en ville avec un quart de leur effectif
à Abidjan. Contrairement à eux, les burkinabés se sont installés dans les régions à forte
production de cultures d’exportation. Plus de la moitié des sénégalais et des nigérians résident
actuellement à la capitale. En fin de compte, la présence importante des étrangers participe à
l’augmentation des nationaux par le jeu de la naturalisation. Ainsi 15.146 et 88.714 étrangers
ont acquis la nationalité ivoirienne respectivement en 1988 et 1998, soit un taux
d’accroissement moyen annuel de 5,3 % (WIKIPEDIA, 2015).
22
Au-delà de la diminution des ressources naturelles et agricoles, ce phénomène entraîne une
fragmentation des habitats naturels, une dégradation des paysages et pèse sur la biodiversité.
L’artificialisation présente des enjeux forts en termes de tensions foncières et d’éventuels
conflits d’usage entre activités agricoles, habitat et développement économique.
La démographie est également utile pour qui veut comprendre les mutations sociales et
même politiques. Elle est indispensable à la compréhension des sociétés et à la définition des
politiques dans tous les domaines. En Afrique et plus particulièrement en Afrique
subsaharienne, la prise en compte des dynamiques de population est d’autant plus
indispensable que ces dernières sont sans doute parmi les plus puissantes que l’humanité ait
connues au cours de son histoire. Selon la CEDEAO-CSAO/OCDE (2007), la transition
démographique est le processus par lequel une population passe d’une croissance
démographique faible résultant d’une forte natalité et d’une forte mortalité à une croissance
démographique toujours faible, mais cette fois du fait de l’association d’une faible natalité et
d’une faible mortalité. Cette transition se découpe en quatre étapes :
- les taux de natalité et de mortalité sont tous les deux élevés, et la croissance
démographique est quasi nulle,
- le taux de mortalité (en particulier la mortalité infantile) commence à décroître
(développement du pays et amélioration des conditions sanitaires). Dans le même
temps, le taux de natalité reste très élevé, ce qui engendre une très forte
croissance démographique,
- au fur et à mesure du développement du pays, le taux de naissance commence à
baisser,
- avec un taux de natalité et de mortalité faible, la population se stabilise.
23
Selon le MINISTERE FRANÇAIS DU LOGEMENT ET L’EGALITE DES
TERRITOIRES (2014), la transformation des plans d’occupation des sols (POS) en plans
locaux d’urbanisme (PLU) est un gage de meilleure prise en compte du volet environnemental
dans les politiques locales d’aménagement et de planification. L’impact de la mesure sera plus
fort sur les communes qui n’ont pas encore lancé de démarche de transformation de leur POS
en PLU et qui devront très rapidement décider de s’y engager, d’élaborer une carte
communale, de s’inscrire avec leur communauté dans l’élaboration d’un PLU intercommunal
ou même d’assumer le retour au règlement national d’urbanisme (RNU).
Sous un autre angle, ERWANN et al (2007) soutiennent que l’accélération des dynamiques
spatiales, à l’Ile de la Réunion (France), est liée à un essor socio-économique rapide,
consécutif à la départementalisation du territoire en 1946. Dans ce cas, la croissance des
espaces urbains figure au rang des préoccupations d’aménagement dans les espaces
caractérisés par une dynamique démographique spectaculaire, résultant du taux annuel de
croissance de la population des métropoles.
ATTA (1978), conclu pour dire que l’urbanisation de la ville de Bouaké n’a véritablement
commencé qu’avec la construction du chemin de fer, qu’elle a atteint le 20 avril 1912. Pour
lui, le chemin a été l’élément impulsif du développement de la ville de Bouaké. La ville s'est
imposée au chemin de fer, de même que la gare s'impose aux différents plans d'urbanisme. En
effet, l'emplacement de la gare a été choisi sans tenir compte du plan d'urbanisme élaboré en
24
1914. Sa situation très centrale dans la structure d'ensemble de la ville a influencé ce premier
plan. Les lots sont distribués à partir d'elle. Les grandes maisons commerciales, avant même
son inauguration, se disputaient les terrains qui la jouxtaient. L'administration a réservé ces
lots pour ses services. Ainsi les bâtiments des PIT, du Trésor et de l’hôpital n'étaient séparés
de la gare que par un boulevard de 800 mètres de long. Les maisons commerciales n'ont
construit leurs bâtiments que derrière ceux-ci, faisant de la zone, le quartier commercial,
administratif et résidentiel des quartiers européens.
A la fin de 1924, d'importants travaux d'urbanisme (voirie, assainissement) ont été décidés
pour mettre en application le plan de lotissement de 1913. C'est seulement après la seconde
guerre mondiale que Bouaké prendra son envol décisif à la faveur d'une industrialisation
précoce (usine textile Gonfreville, usine de ficelleries) fondée sur la transformation des
produits agricoles de la région. A l'Est surgit le quartier Air France loti par le gouverneur
Ramadier. A l’Ouest, N’Gattakro, ancien hameau baoulé, est intégré dans le périmètre de la
ville tandis que Koko s'étend d'une façon démesurée depuis la voie ferrée jusqu'au marigot
Aboliba. Au nord, l'actuel Lycée classique et moderne est construit près du quartier
Kamonoukro (ATTA, 1978).
3-1-L’accessibilité
Un cadre de vie accessible à tous est constitué par une chaîne cohérente, sans obstacle,
sans discontinuité et utilisable en toute sécurité. Il comprend l’espace public, le cadre bâti et
les transports, les systèmes d’informations et de communication, ainsi que l’accueil. L’usager
doit être placé au centre de la démarche de conception et d’exploitation des espaces pour
répondre à ses besoins de déplacement et d’usage. L’accessibilité d’un lieu est la plus ou
moins grande facilité par laquelle ce lieu peut-être atteint à partir d’un ou de plusieurs autres
lieux, à l’aide de tout ou partie des moyens existants. L’accessibilité ne renvoie pas
25
uniquement à la seule possibilité d’atteindre ou non un lieu donné, mais elle traduit la
pénibilité du déplacement, la difficulté de la mise en relation appréhendée le plus souvent par
une fonction décroissante des distances entre les lieux. Les indicateurs qui en découlent,
reflètent la performance intrinsèque du système de transports (ISSA, 2012). Ainsi, la question
est appréhendée par rapport aux thèmes suivants : accès au bâtiment avec la plus grande
autonomie possible ; circuler de manière autonome dans le bâtiment pour atteindre les
services ouverts au public ; pouvoir accéder et utiliser de manière autonome les équipements ;
pouvoir se repérer ; pouvoir se communiquer ; pouvoir bénéficier des mêmes prestations
prévues pour le public valide dans les mêmes conditions.
Au-delà des aspects généraux de l’accessibilité tels que définis supra, cela induit également
l’examen, au cas par cas, des difficultés particulières rencontrées tant en matière d’accueil que
de conditions de travail. De ce dernier point de vue et en fonction de la nature des handicaps,
le recours aux aides techniques ou humaines, ainsi qu’aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication, est à considérer prioritairement.
26
effet d’entraînement et d’impulsion sur la mise en accessibilité de l’ensemble des services dits
non publics.
27
de celle-ci et d’y accroître éventuellement sa participation. Cela est vrai pour l’ensemble des
territoires quelles que soient leurs caractéristiques.
3-2-Les transports
Le secteur des transports constitue un élément clé de toute politique de développement.
D’après LEVY et LUSSAULT (2003), les transports sont des dispositifs, des modes et les
moyens permettant l’acheminement de personnes ou d’objets matériels d’un lieu vers un
autre, par extension, un ensemble des moyens de la mobilité. Les transports, selon ces auteurs,
impliquent le port, c’est-à-dire le déplacement d’un individu ou d’un objet, qui, une fois à
destination, ne sera plus présent au lieu de départ ou d’origine. Ils permettent, également, le
franchissement physique de la distance qui sépare les lieux et assurent ainsi leur
complémentarité fonctionnelle. En plus, les transports ont toujours joué un rôle majeur dans
l’organisation des espaces. Utilisés pour permettre le déplacement d’hommes, de
marchandises et d’informations, les transports témoignent, par l’évolution de leurs caractères,
de la mondialisation des économies, de la concentration des activités, de la course à la
réduction des coûts et aux gains de productivité. La compréhension d’un espace passe
nécessairement par l’analyse des flux et des réseaux dont il est le support (BAVOUX, 2002).
A cet effet, on distingue divers modes de transport, à savoir : les transports terrestres, aériens
et maritimes ou fluviaux.
28
dans les territoires ruraux, la forte demande des moyens de transport est relative aux inégalités
territoriales. Les ménages, comme les entreprises sont contraints à l’usage de la voiture,
particulièrement pour assurer la plupart de leurs besoins de mobilité. Dans ces
agglomérations, les modes de transports collectifs occupent une place de plus en plus
déterminante. La problématique ne renvoie pas seulement à la qualité de leur vie quotidienne,
mais aussi à l'attractivité économique des territoires. Cette perception aiguë des enjeux
s'accompagne généralement d'une insatisfaction, exprimée de façon plus ou moins vive, quant
à la façon dont il est aujourd'hui répondu à leurs besoins. Une telle situation ne doit rien au
hasard ni à la fatalité. Elle résulte de choix collectifs multiples qui ont systématiquement, au
fil des décennies, privilégié dans les territoires ruraux l'usage des véhicules individuels, au
détriment d'une organisation globale et efficace de transports collectifs.
Par ailleurs, SANTOS (1970) fait une comparaison entre deux circuits de production, qui
selon lui contribuent à la consolidation du transport dans l’aire urbaine et rurale. Le constat se
situe au niveau de consommation, opposant deux classes sociales relatives à leur productivité
dans l’espace géographique. Ainsi, dans la plupart des villes des pays sous-développés et dans
certaines zones, le manque de transports collectifs et le niveau de revenu de la population
entraînent la création de toutes petites boutiques de commerce alimentaire et de toute
première nécessité sans compter naturellement les bars et les cafés. Les transports étant
surtout organisés pour desservir le centre de la ville et les gares. Cela facilite encore plus la
présence dans le centre des commerces les plus évolués. Pour les mêmes raisons, les services
sont également dispersés dans la ville entière et plus ou moins concentrés dans le centre-ville,
du point de vue géographique et financier.
29
Contrairement à KOUASSI et KASSI (2007) évoquent le problème dans le transport, dans
la métropole abidjanaise (Côte d’Ivoire), sous le poids de la forte croissance urbaine et les
changements des principes gestionnaires sur le système de transport collectif. Par son analyse,
cet état de fait est à l’origine de l’essor du secteur privé populaire : woro-woro et gbaka.
L’initiative privée pallie l’insuffisance d’Etat régulateur et a ouvert la porte à diverses
pratiques illicites comme la corruption et le racket dans le secteur. Les transports populaires
constituent un secteur pourvoyeur d’emplois. Leur dynamique a permis une certaine
amélioration du transport urbain local. En revanche, elle pose un certain nombre de problèmes
urbanistiques et gestionnaires. Les rues, les trottoirs et les carrefours sont détournés de leur
fonction circulatoire au profit d’une émergence de gares spontanées. Les recettes générées
constituent une manne financière pour les acteurs. Mais l’Etat et les collectivités locales sont
peu efficaces à réguler ces activités sur le territoire urbain.
Dans le même élan d’idée, ISSA (2012), affirme que la mobilité est un facteur primordial
pour la mise en valeur des territoires et pour tout dire du développement humain. Le transport
se présentant comme un secteur clé, il joue un rôle prépondérant pour faciliter les échanges
entre agents économiques, dans une économie moderne. Mieux, en cette ère de globalisation,
il constitue un des plus importants moyens d’échange d’idées et de raffermissement des liens
entre les peuples. Il est à la fois facteur et reflet des activités économiques et sociales pour son
rôle majeur dans les relations spatiales entre lieux géographiques. L’expansion des transports
est à la mesure du développement d’un pays et de ses régions. Dès lors, en tant qu’outil
d’aménagement du territoire, les transports touchent toutes les personnes et affectent leur
bien-être.
3-3-La migration
La migration, plus que tout autre domaine d’action publique, fait l’objet de
représentations erronées dans le discours public et politique. Les sociétés riches de
compétences et d’expériences différentes sont mieux à même de mettre à profit leurs
ressources humaines pour stimuler la croissance. La migration est justement l’un des moyens
favorisant l’échange de talents, de services, de compétences et d’expériences. Pourtant, elle
reste très politisée et souvent mal perçue, malgré la nécessité évidente de diversification dans
les sociétés et les économies actuelles, en mutation rapide. Quoi qu’il en soit, l’ampleur et la
complexité de la migration sont normalement appelées à croître sous l’effet du creusement des
disparités démographiques, des nouvelles dynamiques politiques internationales, des
30
révolutions technologiques et des réseaux sociaux, ce qui aura des répercussions profondes
sur la composition socioéconomique et ethnique des sociétés. Cette évolution oblige les
pouvoirs publics à relever de nouveaux défis pour intégrer les migrants dans la société
d’accueil et, plus généralement, pour faire en sorte que la migration soit bien vécue par
l’ensemble de la communauté. Dans ce contexte, l’image des migrants dans leurs sociétés
d’origine et d’accueil revêt une importance fondamentale.
L’OIM soutient également, qu’il est admis que la mobilité est une caractéristique de la
société contemporaine et, jusqu’à un certain point, il est également entendu, reconnu, voire
accepté que la migration est bénéfique pour l’économie. Cependant, une communication
déformée sur la migration peut enclencher un cercle vicieux aboutissant à des informations
erronées, relayées par les politiques publiques, les médias et le grand public, et qui, à leur
tour, peuvent fausser le discours à tous les niveaux. L’action publique et le discours politique
peuvent donc jouer un rôle déterminant dans la façon dont les migrants sont considérés au
sein des sociétés d’origine et d’accueil. A cet égard, tant le fond que la forme du discours des
pouvoirs publics sur les migrants et la politique migratoire sont déterminants. A l’évidence, la
migration est souvent le sujet fourre-tout qui masque les peurs et les incertitudes de la
population relatives au chômage, au logement ou à la cohésion sociale (dans les pays de
destination), ou encore à la perte ou au gaspillage de capital humain et à la dépendance
31
économique (dans les pays d’origine). Bien qu’il soit impossible d’établir des liens directs de
cause à effet entre les informations diffusées par les médias et l’opinion ou l’élaboration des
politiques, l’influence des médias est réelle à maints égards. En outre, les médias peuvent
orienter le débat en privilégiant certains aspects de la migration (comme le statut irrégulier),
en assurant une couverture épisodique ou en exagérant les faits.
Ainsi, on qualifie la migration internationale de mouvement d’une personne ayant pour effet
de transférer son domicile d’un pays à un autre. Ainsi, on entend par :
- migrant à court terme une personne qui se rend dans un pays autre que celui de sa
résidence habituelle pour une période supérieure à trois mois, mais inférieure à un an,
sauf dans les cas où le déplacement dans ce pays répond à diverses intentions : passer
des vacances, rendre visite à des amis ou parents, exercer sa profession, suivre un
traitement médical ou accomplir un pèlerinage religieux.
- Migrant à long terme une personne qui va s’établir dans un pays autre que celui de sa
résidence habituelle pour une période d’au moins un an, de sorte que le pays de
destination devient son nouveau pays de résidence habituelle. Du point de vue du pays
de départ, cette personne est un émigrant à long terme et, du point de vue du pays
d’arrivée, un immigrant à long terme.
Toutefois, dans une définition globale, la population étrangère comprend toute personne
qui ne possède pas la nationalité dans leur pays d’accueil. Les termes étrangers ou population
étrangère ont une dimension politico-juridique et permettent une distinction en fonction de la
nationalité entre les personnes d’un pays de résidence, les nationaux, et les personnes résidant
dans ce même pays, mais de nationalités différentes. En d’autres termes, LACOMBE (1969)
fait la distinction entre la migration et le migrant. Il souligne que :
- la migration est le phénomène concernant un individu ou un groupe d’individus
quittant un lieu (émigration) ou arrivant (immigration) dans un lieu d’une façon
définitive.
- le migrant, quant à lui, se réfère à l’individu qui quitte un lieu, ou s’y installe
définitivement.
Malgré son apparente simplicité, la migration est un phénomène flou, car elle ne se distingue
que difficilement de la simple mobilité. Comme tout acte humain, son contenu est objectif et
subjectif. Le choix des critères de distinction est toujours sujet à caution, puisqu’il est
quasiment impossible de satisfaire à la fois au relatif des intentions et à la réalité de certains
32
faits. Un long passage ou une brève migration (immigration suivie d’une émigration) ne
diffère entre eux que par l’intention des individus ou la logique de leur situation personnelle.
De toute façon, dans la mesure où les motivations individuelles sont prises en compte, la
question n’est pas comptez-vous rester ici ? Mais comptez-vous retourner d’où vous venez ?
Certains individus ayant quitté définitivement (sans possibilité, espoir, ou intention de retour)
leur lieu de résidence antérieure (qui sont donc émigré d’un certain endroit) ne pensent pas, ne
comptent pas ou ne peuvent pas rester là où ils sont recensés. Ils essayent plusieurs localités
avant de se fixer d’une façon permanente là où il leur sera loisible ou possible.
Aborder les migrations, c’est envisager des processus dynamiques complexes, comprenant
des lieux de départ, d’arrivée et parfois de retour. Les mobilités internes peuvent concerner
une frange importante de la population des pays en développement et sont créatrices de
richesses non négligeables. L'exode rural dans les pays en développement et le fort taux de
croissance urbaine du monde en développement constituent les représentations les plus
notables de ces mobilités internes. Les migrations internes aux pays en développement,
conjuguées à une importante croissance démographique ont favorisé l'émergence de pôles
urbains dont la force attractive reste difficilement maîtrisable. Les mobilités internes sont
dynamiques et variées. Elles peuvent intervenir entre zones rurales, d'une zone rurale à une
zone urbaine, entre zones urbaines ou de façon circulaire. Elles peuvent susciter une migration
vers l'international, avec ou sans retour, créant dans certaines situations un vide au niveau du
pays de départ et favorisant ainsi à leur tour une mobilité interne.
Comparées aux migrations internes, les mobilités internationales restent limitées, tout en
faisant l'objet d'une attention plus particulière de la communauté internationale. Les
mouvements transfrontaliers de personnes peuvent être à la fois temporaires, circulaires,
33
permanents ou de retours, volontaires ou forcés. Comme tout phénomène dynamique, il est
difficile de disposer de données en temps réel concernant les lieux de résidence de ces
migrants. Les statistiques peinent à rendre compte de cette complexité comme à quantifier la
mobilité intermédiaire des migrants, qu'elle soit effectuée vers d'autres pays de destination ou
qu'elle soit de retour. Les flux de mobilité entre pays en développement représentent des
mouvements de personnes tout aussi importants quantitativement parlant que les mobilités
effectuées en direction des pays occidentaux.
Par ailleurs, à l’échelle locale, dans une analyse politique, le PLAN NATIONAL DE
DEVELOPPEMENT (2012-2015) affirme que la Côte d’Ivoire est un pays d’intenses
mouvements migratoires internes et externes. Les migrations internes sont principalement
orientées vers les zones forestières. L’immigration, quant à elle, concerne essentiellement les
ressortissants des pays membres de la CEDEAO. La concentration des migrants dans les
zones forestières a engendré, entre autre, la rareté des terres arables et a augmenté les
pressions sur la terre. Les crises sociopolitiques successives ont engendré de profondes
mutations dans les dynamiques migratoires internes et externes. Au niveau interne, le conflit
armé de 2002 a engendré des déplacés internes estimés à plus de 750.000 personnes, tandis
que la crise post-électorale de décembre 2010 a provoqué le déplacement de plus d’un million
de personnes. Au niveau international, les réfugiés ivoiriens, estimés à plus de 160.000
habitants à juin 2011 sont principalement installés au Liberia (84 %), au Ghana (10 %), au
Togo (4 %) et en Guinée (2 %). La dégradation de la situation économique et sociale de la
Côte d’Ivoire depuis les années 1980 a eu également pour conséquence de favoriser
l’émigration des ivoiriens qui est passée de 0,8 % en 2005 à 5,4 % en 2010. Le stock
d’émigrés de la Côte d’Ivoire vers le reste du monde est passé de 151.755 habitants en 2005 à
1.172.151 habitants en 2010. Les émigrés ivoiriens dans les pays de la CEDEAO en 2010 se
chiffrent à 932.824 contre 54.298 habitants personnes en 2005.
34
Les courants ruraux sont liés dès l'origine au développement de l'exploitation forestière et
des cultures de rente (FARGUES, 1986). Partant des savanes du Centre et du Nord, largement
dominées par une économie domestique de vivriers autoconsommés, ils se sont d'abord fixés
dans le Sud-Est et le Sud (la Boucle du Cacao d'Abengourou à Abidjan) puis dans la région de
Daloa. Au cours des années 70, sont apparues une relative pression foncière des régions
d'ancienne colonisation au Sud-Est (pays Agni) et l'avancée corollaire du front pionnier vers
le Sud-Ouest (pays Krou). Originaire des Akan du Ghana, installée dans la région de Bouaké
depuis le début du XVème siècle, l'ethnie baoulé prédomine amplement dans ces mouvements :
en 1975 les trois cinquièmes des migrants ruraux dans le pays étaient natifs du département de
Bouaké. L'expansion baoulé a fait parler d'une véritable stratégie de colonisation agricole de
cette ethnie.
La question de la nature des mobilités de la population est quelque peu confuse dans la
littérature concernant le sujet. Les études qui ont généralement abordé la problématique de la
mobilité ne l’ont fait que sous l'angle des migrations, des déplacements et du transport. Qu'il
s'agisse des études sur les migrations anciennes, des études plus en démographie, en socio-
économie, en géographie humaine, elles abordent habituellement les flux de populations sous
l'angle principal des déplacements et des changements de lieux de résidence. D'autres
analyses plus fines tentent de montrer que les mobilités anciennes et contemporaines
partagent certains principes de continuité, omettant de définir les termes et de qualifier les
discontinuités et les changements ayant eu lieu. Notre hypothèse est que les mobilités
actuelles ne peuvent être exclusivement interprétées en termes de migration ou de
déplacement ou encore de transport. D'autres types de mobilités se définissent avant tout par
référence à l'idée qu’une mobilité de la population doit obéir au principe du développement
local comme celui de la ville de Bouaké (Côte d’Ivoire).
Mais, après la revue de la littérature, nous allons tenter de définir les concepts suivants :
mobilité, population, ville, développement, environnement et paysage urbain pour laisser
entrevoir un certain nombre de compléments d’information pour la compréhension de notre
thématique.
35
APPROCHE DEFINITIONNELLE
Cette approche thématique concerne la mobilité de population et de ses champs
d’application. Celle-ci nous permettra de comprendre ce phénomène et des problèmes
environnementaux qu’elle entraîne.
1-Mobilité
La mobilité des populations peut être analysée à l’échelon planétaire, régional ou national.
Dans les mondes en développement, les mouvements entre zones rurales et urbaines
s’accentuent avec une urbanisation croissante et rapide donnant vie à de vastes mégalopoles.
Cette mobilité perturbe les équilibres démographiques et économiques en termes de flux de
populations émigrées et immigrées, et aussi en termes de capitaux privés, de dépenses
publiques, de gestion urbaine.
Ainsi, le Colloque international du 22-23 mai 2012 à Pretoria (Afrique du Sud) stipule que
la mobilité est une solution utilisée, souvent de manière contraignante, par les individus pour
lever les obstacles et faire face à l’absence de revenus, la faiblesse du pouvoir d’achat, à
l’absence d’emploi ou sa précarité, à la difficulté d’accéder à l’éducation et à la formation, à
des médicaments, des soins appropriés, un système de santé adapté, et/ou au droit à la parole.
Ainsi la décision de migrer résulte généralement d’une combinaison de facteurs d’attraction et
de répulsion : facteurs économiques, sociaux, culturels, environnementaux. Mais, alors qu’il
n’a jamais été aussi simple pour une petite partie de la population mondiale de se rendre en
n’importe quel point du globe, les migrations deviennent toujours plus risquées, plus
éprouvantes pour le plus grand nombre.
Selon LEVY et LUSSAULT (2003), la mobilité est l’ensemble des manifestations liées
aux mouvements des réalités sociales (hommes, objets matériels et immatériels) dans
l’espace. C’est un concept global dont il importe de décliner toutes les notions qui en
36
découlent (déplacement, transport, migration, etc.), et que trop souvent on confond avec lui.
L’espace confronte les individus et les groupes humains, du fait, de l’exigence de maîtrise de
la distance par la mobilité. Elle ne se limite pas au déplacement physique effectif et à ses
techniques (transport), mais embrasse les idéologies et les technologies du mouvement en
cours dans une société. Elle rassemble à la fois : un ensemble de valeurs sociales plus ou
moins explicites et objectives par les acteurs. Pour chaque acteur, la mobilité est à la fois un
processus avéré, qui se traduit en mouvements effectifs et potentiels, qui est ce qui autorise le
mouvement réalisé (le déplacement) ? La course à la vitesse des déplacements n’est à
l’évidence pas close et les exigences de rapidité imposent des logistiques de plus en plus
lourdes et coûteuses et des compétences factorielles sophistiquées. Ainsi, pour chaque acteur,
la mobilité est possible parce qu’il existe une offre de mobilité : l’accessibilité, qui n’est pas
réductible à la seule dimension technique, mais intègre toutes les conditions de possibilité des
déplacements contextuels de l’acteur. Celui-ci n’est pas un agent neutre du mouvement, une
simple composante d’un stock amorphe. Les pratiques effectuées dans des lieux touristiques
apparaissent aujourd’hui comme des vecteurs les plus importants de l’apprentissage de la
maîtrise des métriques. Un autre ressort de la mobilité, à côté de l’accessibilité, réside dans le
fait que les différentes fractions de l’espace sont affectées de potentiels variés. La
différenciation spatiale fonde la variété des lieux qui est à la source de l’échange et du
déplacement.
37
- une mobilité horizontale, soit un changement de position au sein d’une vie active qui
ne soit ni une promotion ni une rétrogradation,
- une mobilité verticale, soit un changement de position vers le haut (mobilité
ascendante) ou vers le bas (mobilité descendante) de l’échelle sociale ; ce changement
étant défini à partir du statut professionnel. La mobilité peut également s’étudier à
l’échelle d’une génération (mobilité intragénérationnelle) ou en référence à la position
des parents (mobilité intergénérationnelle). On distingue, par ailleurs, la mobilité
structurelle (due à l’évolution du système social, par exemple la raréfaction des
professions agricoles, l’extension des emplois du secteur tertiaire entre deux
générations), la mobilité nette (dépendant des seuls individus).
Dans ce cadre d’étude, nous abordons la mobilité dans le sens d’un changement de lieu
d’habitation. Il s’agit de définir les motifs qui poussent des personnes à quitter ou à préférer
un quartier à un autre, à l’échelle urbaine. Cette forme de mobilité inclut tous les facteurs qui
lui permettent de s’intégrer dans la dimension sociale y compris toutes les formes
d’organisation et d’animation spatiales.
2-Population
Le concept de population provient du terme latin « populatĭo ». Dans son usage plus
habituel, le mot désigne l’ensemble de personnes habitant sur la Terre ou n’importe quelle
division géographique de celle-ci.
Les populations humaines désignent les groupes humains définis selon des critères variables
pouvant reposer sur l'entité politique du territoire qu'ils occupent (on parle ainsi de la
population d'un Etat), sur la nature géographique de ce territoire (par exemple population
urbaine par opposition à population rurale), ou sur d'autres critères tels que la langue, la
nationalité, l'ethnie. L'étude des populations relève de la démographie, de la sociologie et de
la géographie humaine. On distingue parfois la population d'un pays (ensemble des personnes
physiques qui résident sur le territoire national, durablement ou temporairement) du peuple
qui désigne la communauté des individus au sein de cette population, souvent vue sous l'angle
politique (WIKIPEDIA, 2015).
38
(population active inoccupée) à l'exclusion de celles ne cherchant pas d'emploi, comme les
personnes au foyer, les étudiants, personnes en incapacité de travailler, rentiers.
Dans notre cas d’étude, nous définissons la population comme « l’ensemble des personnes
vivant dans un espace donné et à un moment donné. Les populations humaines prises dans
leur ensemble forment l’humanité. C’est un peuplement qui est, par conséquent, une notion
bien délimitée qui désigne soit le processus d’occupation de l’espace par une population, soit
les caractéristiques de la répartition et de l’occupation d’un territoire par une population ».
3-Ville
La définition de la ville n’est pas aisée, tant les espaces urbanisés diffèrent selon les zones
géographiques et les réseaux de développement et se confondent dans leurs périphéries avec
les campagnes environnantes. La ville est présentée tout d'abord comme un espace malléable,
à construire, à développer, à modeler en fonction des problèmes et des enjeux considérés
comme les plus pertinents. La ville de Montpellier est dès lors représentée comme une « ville-
39
entreprise ». La ville apparaît en effet comme un lieu de ressources et de potentialités qu'il
faut faire fructifier (NAYO, 1994). En effet, la ville est dans son principe même une option
spatiale, un acte géographique. Il s’agit donc de créer une situation, impliquant une société
dans son ensemble, dans laquelle la coprésence permet de tendre vers un espace à zéro
dimension, conçu sur le modèle géométrique du point (LEVY et LUSSAULT, 2003). Par
ailleurs, la notion de ville désigne un espace urbain d’extension limitée par opposition à
l’espace rural qui l’entoure. Elle se définit, plus précisément, en prenant en compte ses
caractéristiques démographiques, sa morphologie, ses fonctions et son rôle économique et
social. La ville est également un espace vécu qui suppose de la part des citadins ou des
urbains (les habitants des villes) des comportements, des pratiques sociales spécifiques, des
rythmes et un mode de vie particulier.
Par ailleurs, nous nous alignons sur la définition ivoirienne de la ville, du fait qu’elle rentre
dans notre conception de la ville. Ainsi, en Côte d’Ivoire, la ville est une localité de plus de
3.000 habitants, agglomérée, dotée de fonctions politiques et administratives, la distinguant
40
des villages par le niveau des équipements et par une population active non agricole dépassant
50 % (INS, 2001).
4-Développement
Le développement englobe des bouleversements plus grands (valeurs et normes sociales,
structure sociale, etc.) que le simple processus de croissance économique. Le développement
est par nature un phénomène qualitatif et quantificatif de transformation sociétale (éducation,
santé, libertés civiles et politiques…). Le développement est par conséquent, un processus de
long terme, qui a des effets durables. Une période brève de croissance économique ne peut
ainsi être assimilée au développement.
Ainsi, DEUBEL (2008) définit le développement comme le fait d’élargir l’éventail des
possibilités offertes aux hommes. Le développement est caractérisé par la disponibilité d’un
minimum de biens pour assurer la survie (alimentation, habillement, etc.) et de services de
base comme la santé ou l’éducation. Les besoins essentiels sont définis par le fait qu’ils sont
quantifiables, universels et facteurs de croissance économique.
41
remplace ou le correspond : le sous-développement. Ce dernier trouve son sens en référence
au premier pour exprimer les situations dans lesquelles les richesses dans un espace et niveau
de vie des populations sont inférieures à la norme souhaitable, en fonction de certains critères.
Les débats concernant le développement conduisent à la définition d’une catégorie d’Etats,
considérés comme sous-développés ou en voie de développement. Les questions soulevées
portent largement sur le processus de transformation des sociétés et des espaces, sur le rôle de
mobilité et d’échanges. On peut ainsi considérer ces situations présentées comme des étapes
dans une dynamique de croissance économique et d’amélioration générale des conditions de
vie. Le terme de développement supplante le terme de sous-développement en faisant naître
tout un vocabulaire nouveau (réseau, mégapole, secteur quartenaire) visant à prendre en
compte la période qui s’ouvre sur la mondialisation. La pertinence de la grille des Etats pour
comprendre et mesurer les niveaux de développement s’affaiblit pour laisser place à une
hiérarchie complexe d’espaces d’échelles variées.
Dans un monde où les territoires et les localités sont toujours davantage interconnectés, au
sein d’un ensemble de réseaux, le processus de développement s’effectue dans le cadre d’une
compétition entre multiplicités d’espaces, d’échelles variées où entrent en ligne de compte les
avantages comparatifs de chacun d’eux, leurs capacités à l’adaptation et à la spécialisation. Il
est alors question de développement local et développement durable. En effet, le
développement durable est un mode de développement économique cherchant à concilier le
progrès économique et social et la préservation de l’environnement, considérant ce dernier
comme un patrimoine à transmettre aux générations futures (KOULAI, 2014). Il peut être
également défini comme un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Le développement
durable repose ainsi sur trois piliers : l’économie, le social et l’environnement. Nonobstant
cela, le principe de ce développement consiste à développer les activités en tenant compte de
leurs impacts à court, moyen et long terme sur l’environnement, les conditions sociales et
l’éthique, et ce, au niveau mondial. Le développement durable consiste à prendre en compte le
long terme et la protection de l’environnement dans le processus d’accroissement des
richesses et d’amélioration des conditions de vie des populations. Ainsi, le développement
durable doit répondre aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations à
venir, à répondre aux leurs et correspond au devoir des générations actuelles de transmettre un
monde vivable, viable et reproductible. Il s’agit d’une stratégie globale de développement qui
combine la protection et l’amélioration de l’environnement avec la création d’activités
42
économiques, de services et d’infrastructures, la lutte contre la pauvreté et la mise en place
d’une gouvernance locale, régionale et nationale.
5-L’environnement urbain
L'environnement est l'ensemble des agents physiques, chimiques et biologiques et des
facteurs sociaux susceptibles d'avoir un effet direct et indirect, immédiat ou à long terme, sur
les êtres vivants et les activités humaines. Il ne faut pas oublier que ces facteurs sont eux-
mêmes des produits des activités humaines. Les représentations sont différentes selon qu'elles
sont celles de l'habitant (environnement vécu par rapport à la vie quotidienne), du technicien
(environnement vécu par rapport à un système de normes, de procédés techniques), du
scientifique (environnement théorisé avec des fonctionnements liés aux systèmes biologiques,
sociaux…). Il peut également avoir plusieurs aspects : physique, humain ou urbain. C’est ce
dernier qui fait l’objet de définition dans cette étude.
Quant à WAILLY (2002), L’environnement est par définition même ce qui entoure, ce qui
constitue un voisinage. On pourrait préciser qu’il est l’ensemble des éléments naturels ou
artificiels qui conditionnent et peuvent modifier la vie d’un être vivant, d’une espèce. Il ne
peut donc exister que par l’interaction avec un autre élément. Mais sous ce terme basique, se
regroupent de nombreuses choses (exemple de l’air, l’eau, les paysages,...), certaines étant très
éloignées les unes des autres. L’environnement est, par conséquent, une notion qui ne laisse
pas indifférente et qui parfois déchaîne des passions et entraîne des altercations. Mais notons
simplement que les rapports entre l’homme et la nature ont toujours été à la fois complexes et
indissociables. Il est aussi un lieu d’activités humaines où des personnes hiérarchisées au sein
d’un organigramme précis prennent des décisions. De même, il est encore une organisation
sociale et se doit de contribuer à la vie de la société dans des domaines très divers (progrès,
43
culture, éducation…). Il influence alors cette dernière, mais en devient aussi une composante.
L’environnement est aussi un lieu de vie et devient une cellule sociale. C’est une véritable
éthique qui doit alors s’instaurer, dans laquelle s’inscrit le souci du respect des personnes. La
meilleure façon de prendre en compte ces contraintes environnementales est de l’intégrer dans
sa gestion. L’homme est au cœur de l’environnement. Les rapports entre celui-ci et la nature
ont toujours été complexes. Tantôt, il a voulu disposer de la nature comme il le souhaitait,
tantôt la survie de l’homme dépendait de l’environnement. De nos jours, nous réalisons que
l’homme ne doit plus avoir de droits sur la nature que sur n’importe quelle autre espèce.
Ainsi, pour METZGER (1994), l’environnement urbain est une réalité sociale
immédiatement sensible. Dans le vécu quotidien comme dans le langage courant, la notion
d’environnement urbain renvoie à une multiplicité de phénomènes perçus comme causant
problème en ville : la pollution de l’air, la qualité de l’eau, l’assainissement, les conditions de
transport, le bruit, la dégradation des paysages, la préservation des espaces verts, la
détérioration des conditions de vie. De ce fait, l’élaboration d’une problématique scientifique
de l’environnement urbain se heurte à de nombreux obstacles. Elle fait référence à une
multitude de phénomènes, d’éléments, de nature totalement différente (esthétique, confort,
sécurité, santé), la perception des questions environnementales renvoie à une variabilité, à
l’infini de problèmes vécus, ressentis par les habitants des villes. Mais cette perception
constitue aussi la version sociale d’interrogations scientifiques et entraîne une traduction en
termes politiques, économiques, juridiques, de gestion, etc. par des discours, des décisions,
des programmes d’action, des législations, des mises en œuvre techniques...
Alors, nous soutenons que l'environnement urbain qualifie l'application de ces définitions au
milieu urbain. Il comprend des éléments physiques, par exemple la qualité de l'eau et de l'air,
l'élimination des déchets, les niveaux sonores, l'état du cadre bâti, le nombre d'espaces
collectifs et d'espaces verts. Il se définit par les caractéristiques du milieu, les possibilités de
loisirs, l'esthétique urbaine et les aménités urbaines, c'est-à-dire l'ensemble des
caractéristiques et des qualités qui contribuent à l'agrément, à l'harmonie et aux aspects
culturels de l'environnement. Mais, une nuance existe entre l’environnement urbain et le
paysage dont il importe de les discerner.
44
6-Le paysage urbain
Le paysage est fondamentalement défini comme une manière collective d’habiter le
monde, comme demeure des hommes où ceux-ci peuvent trouver abri et identité, c’est-à-dire
sens pour leur existence. Le paysage est alors conçu comme un espace éthique et politique.
L’histoire des paysages correspond alors à la transformation des pratiques et des modes
d’organisation de l’espace, tel qu’ils s’impriment directement ou non sur le sol. Cette
orientation reste très présente chez les anthropologues, les géographes, mais aussi chez les
historiens (BESSE, 2010).
Autrement, cette définition ne fait pas l’unanimité. C’est ainsi que XAVIER (1994) affirme
que le paysage urbain est un pléonasme et qu'en conséquence il n'y a de paysage urbain
porteur d'urbanité et de facteur essentiel de l'urbanisation des campagnes. Ce qui reviendrait à
faire du paysage une modalité de l'urbain et non, comme on le croit, de l'urbain l'une des
nombreuses qualités du paysage qui peut être tout et n'importe quoi, jusqu'à s'évanouir
totalement dans les onomatopées dans lesquelles nous croyons voir des acronymes puf ! =
Paysage universitaire français, paysage très perturbé et instable qui n'a même pas la
visibilité/lisibilité qu'on reconnaît au paysage défini traditionnellement.
Toutefois, la question du paysage est devenue, dans ces temps récents, une préoccupation
centrale des acteurs du développement dans les sociétés humaines. Derrière l'utopie d'une
réalité apparaît la prise de position de l'Etat : agrandir le champ d'intervention des acteurs du
paysage pour créer le meilleur cadre de vie possible. En effet, un certain nombre d'impératifs
antagonistes interagissant façonnent le paysage qui leur est à la fois support et miroir. Ces
impératifs sont ceux de la centralité géoéconomique, de la fluidité toujours croissante des
45
liaisons et circulations des biens, des personnes scientifiques et de l'information. Ils sont
surtout, ceux des intérêts à première vue défensifs des instances associatives et
environnementales. Celles-ci sont aussi très souvent des forces de propositions novatrices, à
contre-courant d'une vision économique ambiante à trop court terme.
Plus généralement, la dynamique urbaine contemporaine est aujourd'hui le complexe produit
de tout un faisceau d'impératifs qui en fondent la réalité mouvante, dont les échelles
imbriquées forment la matrice de nos paysages.
46
PROBLEMATIQUE
D’une manière générale, on constate qu’une part importante de la population mondiale vit
dans les villes. Les villes sont des constructions humaines, que l’humanité façonne et modifie
au fil du temps en fonction des besoins et des valeurs supposées dominantes (BAVOUX,
2002).
Bien que les villes abritent des populations diverses, les groupes dominants sont, d’une
manière générale, ceux dont les valeurs, les intérêts et les besoins sont reflétés dans
l’environnement bâti ainsi que dans les institutions officielles et leurs régimes de
réglementation. Cette conception de la planification et de la gestion urbaines a
progressivement abouti à la marginalisation et à l’exclusion de pans entiers de la population
urbaine, notamment les citadins pauvres et les nouveaux migrants qui, à des degrés divers, se
trouvent confrontés à de multiples privations, car ils n’ont pas les moyens matériels de se
conformer à des systèmes règlementaires qui, à tous égards, sont hors de leur portée (ONU
HABITAT, 2010).
Dans la plupart des villes africaines surtout en Afrique de l’Ouest, la croissance urbaine et
l’augmentation des mobilités de population constituent un réel problème. En Côte d’Ivoire, la
ville d’Abidjan est un exemple parmi tant d’autres. La prolifération des nouveaux quartiers et
des zones annexes fait état de la grande mobilité que vit la population abidjanaise (KASSI,
2007). A l’échelle de celle de Bouaké, on constate également ce phénomène, même si ce n’est
pas au même rythme que celui de la métropole abidjanaise.
Jusqu’au début des années 80, Bouaké connait une croissance spatiale, démographique et
économique extraordinaire (Atlas de Bouaké, 2008). Dans cette atmosphère d'expansion
urbaine, les villes du Département de Bouaké évoluent à rythme de 83.9 % selon le RGPH
(2014). Les extensions spatiales ne se font plus par poursuite de l’étalement le long des voies
principales, mais elles s’établissent plutôt à l’intérieur du cercle virtuel qui délimite la
superficie urbanisée de la ville là où les disponibilités foncières le permettent. Alors d’un
point de vue urbanistique, cette croissance est plutôt soutenable, surtout que le rythme de
construction est en deçà de celui de la délivrance des lettres d’attribution (3.857 lettres
d’attribution ont été signées entre 2011 et 2013 selon le SDU, 2014). C’est également dans
cette perspective que d’importants travaux d’équipement et d’aménagement urbain,
notamment dans la voirie urbaine, ont été réalisés à Bouaké, à travers le programme
présidentiel d’urgence (PPU) depuis 2013. A cela, il faut ajout la faible densité de population
47
générale de la ville, de l’ordre de 18 habitants/km² (RGPH, 2014). Et en dépit de tout cela, on
note la prolifération de quartiers spontanés, généralement situés aux abords des zones
instables, sans oublier que les constructions ont déjà franchi les bas-fonds montrant le mitage
dans la façon dont la population occupe l’espace de la ville.
48
LES OBJECTIFS
Les objectifs sont constitués d’un objectif général et des objectifs spécifiques.
1-L’objectif général
La présente recherche vise à montrer l’effet de la mobilité de population sur la croissance
de la ville de Bouaké. Cet objectif initial vise des objectifs spécifiques.
LES HYPOTHESES
Tout comme les objectifs, les hypothèses sont composées d’une hypothèse centrale et des
hypothèses secondaires. Elles sont liées aux objectifs.
1-L’hypothèse générale
L’hypothèse centrale qui découle de cette préoccupation principale est la suivante :
Le choix du lieu d’habitation en fonction des activités quotidiennes explique les différents
types de mouvements de la population et l’étalement de la ville de Bouaké.
49
LES VARIABLES D’ANALYSE
Nous avons eu recours à un ensemble de variables réparties en deux catégories. Il s’agit
des variables de mesures ou variables quantitatives et des variables d’appréciation ou
variables qualitatives. Toutes ces variables nous permettront de vérifier nos hypothèses afin
d’atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés dans cette étude.
50
environnementales. L’impact de la mobilité sur la densité urbaine de Bouaké trouve son
origine dans les modèles théoriques de localisation des ménages, des services et des activités.
51
Tableau 3: Récapitulatif des variables relatives à la mobilité de population
Variables qualitatives Variables quantitatives
- Les flux de population
- Les motifs du choix de résidence - Les volumes de flux
- Les motifs de déplacement - Les distances et temps de
- Les lieux de provenance des déplacement
migrants - Les heures de desserte
- Les modes de déplacement - La fréquence d’utilisation des
- Les moyens de déplacement moyens de déplacement
- Les transports
- Les types d’équipement
4-Les variables relatives à l’identification des problèmes et les actions à mettre en œuvre
pour le développement urbain adéquat
Le développement urbain durable dans les pays du Sud est considéré comme un des enjeux
majeurs du XXIème siècle. Au cours des prochaines années, les villes du monde en
développement accueilleront un nombre pléthorique d’habitants supplémentaires. Vecteur de
développement économique et d’évolution sociétale, cette dynamique d’urbanisation soulève
de nombreux défis vis-à-vis de sa durabilité environnementale et de l’équité sociale.
Les orientations prises dans les phases de croissance accélérée ancrent les villes dans un
modèle urbain qu’il est ensuite toujours difficile de réviser. Pour les pays en développement,
les décennies à venir sont donc cruciales. Le défi du développement urbain concentre tous les
enjeux de court terme de lutte contre la pauvreté et pour la cohésion sociale, ainsi que ceux de
long terme, d’économie des ressources et d’amélioration de la qualité de vie.
52
Tableau 4 : Récapitulatif des variables relatives à l’identification des problèmes et les actions
à mettre en œuvre pour le développement urbain adéquat
Toutes les variables retenues, prises individuellement laissent des failles et sont très
difficiles à manipuler et à saisir. En cela, elles ne permettent pas d’aboutir à une analyse aisée
et simple. Cependant, prises ensemble, liées les unes aux autres, elles permettent de décrire et
expliquer les réalités des faits abordés. C'est pourquoi chaque variable retenue dans le cadre
de cette étude traduit un lien étroit avec l’ensemble des variables.
53
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
La méthodologie qui guide cette étude consiste en une démarche qui se résume en des
étapes. Les informations qui ont permis la réalisation de ce travail émanent de trois sources :
la recherche documentaire, l’observation de terrain et les enquêtes.
54
- la carte de la voirie,
- la carte des équipements de base…
2-L’observation directe
Il est indispensable de nous rendre sur le terrain, afin de nous imprégner des réalités
existantes dans la ville de Bouaké concernant l’impact de la mobilité. En outre, le contact
avec le terrain se fait dans l’optique de vérifier les informations contenues dans la littérature.
L’observation permet de faire les constats et de jeter les bases des réflexions devant
argumenter notre problématique. Les principales entités observables sont essentiellement les
différentes échelles de la ville qui interviennent dans la collecte et de traitement des
informations.
2-1-L’échelle de la ville
Pour la présente étude, nous avons choisi comme échelle d’observation la ville de Bouaké.
En effet, pour mieux observer le phénomène que nous étudions, nous avons adopté comme
unité d’observation les principaux quartiers qui abritent les différents ménages.
2-2-L’échelle de quartier
A l’échelle de quartier, nous pourrons apprécier la typologie de l'habitat, le taux
d'occupation des lots, la qualité et la densification du bâti. La morphologie des quartiers
permet de classifier les différents types de ménages.
55
échelle, nous avons une meilleure perception des problèmes de mobilité qui sont le quotidien
des populations riveraines. Après cette étape, intervient la phase d’enquête.
3-1-L’entretien
L’entretien revêt des processus fondamentaux de communication et d’interaction humaine.
Il engage deux personnes ou plusieurs personnes en interlocution. L’entretien a présenté
plusieurs avantages selon les objectifs qu’on s’est fixés. Il a permis d’obtenir des informations
relatives à notre problématique. Ainsi, nous nous sommes rendus dans divers directions et
services, notamment, à la direction du ministère de la construction, au ministère de
l’Environnement, au CHU de Bouaké, au district de police, au centre des sapeurs-pompiers…
Ces personnes ressources nous ont permis d’avoir une perception claire de la problématique
étudiée et une orientation de nos investigations. Outre, ces personnes ressources, l’avis des
populations a aussi été requis par le biais des chefs de ménages. Le choix porté sur cette
catégorie d’individus s’explique par le fait que le ménage est basé sur un consensus social.
Toutefois, le ménage est composé pour l’essentiel d’individus liés par des relations de parenté
ou non, reconnaissant l’autorité du chef de ménage. Les grandes décisions au niveau familial
reviennent souvent au chef de ménage. Partant de ces connaissances, des chefs de ménages
ont été consultés dans le but de connaître les aspirations des populations et leurs opinions sur
la gestion de l’environnement urbain.
3-2-L’enquête de terrain
L'enquête est un outil d’observation qui permet de quantifier et comparer l’information.
Cette information est collectée auprès d’un échantillon représentatif de la population soumis à
la mobilité. Un questionnaire est un ensemble de questions construit dans le but d’obtenir
l'information correspondant aux questions de l’évaluation. Dans cette étude, tous les ménages
choisis y ont été soumis. Pour y parvenir, nous avons opté pour un échantillonnage.
56
4-Choix de l’échantillon
Dans l’impossibilité d’enquêter tous les quartiers de la zone d’étude, le choix d’un
échantillon s’est posé comme une exigence. La méthode du choix de l’échantillon retenue
pour cette étude est l’échantillon par quota. Cette méthode consiste à sélectionner les ménages
à enquêter par un choix raisonné. Cette méthode laisse l’initiative au chercheur de choisir ses
objets et individus selon des critères susceptibles de lui donner un échantillon représentatif
(YAO, 2014). Ce qui nous permet de déterminer facilement le nombre de ménages à
interroger. Cette méthode consiste à fixer les critères de choix de la personne à interroger au
sein des ménages. Nous avons tenu compte des critères suivant: le sexe, l’âge, la nationalité,
le niveau d’instruction, l’ethnie, la religion et le type d’habitat avant de définir notre
population mère correspondant de cette enquête sur l’ensemble des ménages des 11 quartiers
que nous avons choisis pour l’étude. Le choix des ménages à enquêter s’est fait à partir de
certains critères qui décrivent les ménages ou que nous jugeons assez pertinents. Les données
de ce choix sont dans le tableau suivant (tableau 5).
Superficie Nombre de
N° Quartier Population Densité
(ha) ménages
1 AHOUGNANSOU 23048 541 42,60 4518
2 AIR FRANCE 39555 1 241 31,87 8386
3 BROUKRO 31357 1630 19,24 6780
4 DAR ES SALAM 93968 734 128,02 15737
5 GONFREVILLE 7638 431 17,72 1687
6 IDESSA 20184 2 830 7,13 2901
7 KENNEDY 5000 3 326 1,50 891
8 KOKO 33492 171 195,86 7010
9 MUNICIPAL 5420 398 13,62 1032
10 TOLLAKOUADIOKRO 16490 226 72,96 2576
11 ZONE INDUSTRIELLE 48787 749 65,14 10039
SOURCE : RGPH, 2014
Pour déterminer le nombre de ménages par quartier à enquêter, nous avons opté pour la
méthode de calcul selon le modèle de SORO (2014) suivant :
57
Exemple du quartier Zone industrielle :
i (l’échantillon prévu) = 313 ménages
n (nombre de ménages par quartier) = 10.039 ménages
N (nombre total des ménages) = 104.920 ménages
𝜶 (nombre de ménages à enquêter) = (10039*200)/104920
𝜶 = 30 ménages
Toutefois, l’application de notre formule de calcul pour déterminer l’échantillon, fait des
restrictions en ce qui concerne les quartiers Municipal et Kennedy. Ces quartiers ont un
effectif de ménages à enquêter (3 ménages chacun). Ce qui nous amène à faire un choix de 6
ménages pour ceux-ci. Ainsi, sur une population mère de 536.189 habitants et d’un ensemble
de ménages de 104.920 de la ville de Bouaké, selon le RGPH 2014, nous avons choisi
délibérément d’enquêter 190 ménages inscrits dans le tableau 6.
Les 190 ménages représentent 0,18 % des ménages d’ensemble de la ville. Et nous avons
opté pour cette tranche du fait que la ville de Bouaké étant vaste, il nous serait difficile la de
parcourir. Donc nous avons choisi les quartiers les plus représentatifs pour mener à bien notre
enquête.
Nombre Nombre de
Superficie
N° Quartier Population Densité de ménages à
(ha)
ménages enquêter
1 AHOUGNANSOU 23048 541 42.60 4518 14
2 AIR FRANCE 39555 1 241 31.87 8386 25
3 BROUKRO 31357 1630 19.24 6780 20
4 DAR ES SALAM 93968 734 128.02 15737 46
5 GONFREVILLE 7638 431 17.72 1687 5
6 IDESSA 20184 2 830 7.13 2901 9
7 KENNEDY 5000 3 326 1.50 891 6
8 KOKO 33492 171 195.86 7010 21
9 MUNICIPAL 5420 398 13.62 1032 6
10 TOLLA KOUADIOKRO 16490 226 72.96 2576 8
11 ZONE INDUSTRIELLE 48787 749 65.14 10039 30
TOTAL 324939 12277 26.47 61557 190
SOURCE : RGPH 2014
58
5-Le traitement de l’information
Dans le cadre de cette étude, plusieurs types de traitements ont été faits, et ce, en fonction
de la nature des informations collectées. En effet, nous avons eu recours aux outils de
l’analyse statistique, cartographique thématique et nous avons aussi procédé à un traitement
qualitatif des informations issues de la littérature.
59
bibliographie. Le traitement de toutes ces données recueillies nous a permis d’appréhender les
facteurs qui permettent de rétablir un lien entre la mobilité de la population et la dégradation
du paysage urbain.
60
Schéma 1 : La démarche méthodologique générale de la recherche
Hypothèse Croissance
générale urbaine Population
Les échelles et
Hypothèses Hypothèses unités Les variables Mobilité de
secondaires de recherche d’observation d’analyses population
Identification des
problèmes et les actions à
mettre en œuvre pour le
développement urbain
MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE adéquat
Le traitement
La recherche statistique
documentaire
Choix de
Les techniques l’échantillon Le traitement
L’observation de collecte de de
Le traitement
directe l’information cartographique
l’information
62
Tableau 7: Tableau synoptique de l’approche théorique et méthodologique
Questions de recherche Objectifs Hypothèses Variables Méthodologie Plan de travail
63
Première partie :
DYNAMIQUE DE LA POPULATION ET CROISSANCE URBAINE
64
Introduction
La première partie de notre étude traitera de l’évolution de la population de la ville de
Bouaké ainsi que de sa croissance urbaine. Elle comporte deux chapitres. Le premier sera
consacré à l’évolution de la population (élément de la mobilité). Le second se penchera sur la
croissance de la ville, qui est selon nous le support de la mobilité.
65
Chapitre 1 : LA DYNAMIQUE DEMOGRAPHIQUE
Dans ce chapitre, nous étudierons les étapes de la mise en place de la population Bouaké,
ses caractéristiques qui seront utiles à l’identification des éléments moteurs de la mobilité et
de la création de l’espace urbain.
66
1-2-Présentation de la ville de Bouaké
Bouaké, appelée « Gbêkêkro » jusqu'en 1900, est une ville du Centre de la Côte d'Ivoire,
située à 350 km environ d'Abidjan. Chef-lieu du département homonyme et de la région du
Gbêkê, avec une population d'environ 680.694 habitants pour le département, et 1.010.849
d'habitants (RGPH, 2014) avec toutes les localités agglomérées qui y sont rattachées, c'est la
deuxième ville la plus peuplée du pays après Abidjan (RGPH, 2014).
Le département de Bouaké est couronné par une dizaine de départements voisins. Dans la
partie septentrionale, il est bordé par celui de Katiola, au Nord-Est par Dabakala. Botro,
Beoumi et Sakassou bordent le côté Ouest. Quant au Sud, ce sont les départements de
Tiébissou et de Didiévi qui l’occupent, et enfin M’Bahiakro occupe son Sud-Est comme
mentionné sur la carte 1 ci-dessous.
67
1-3-Les étapes de la croissance démographique de la ville de Bouaké
Bouaké, jadis simple poste militaire, est devenue depuis l’indépendance la seconde ville de
la Côte d’Ivoire, par la taille de sa population et aussi par l’étendue de son espace urbanisé.
L’évolution de la population urbaine de la ville de Bouaké a suivi diverses phases.
- De 1900 à 1975
La politique migratoire qui a encouragé durant une longue période, la venue des étrangers en
Côte d’Ivoire pour promouvoir le développement économique ivoirien, révèle l’attitude
populationniste du gouvernement. En vue de faciliter leur intégration, la double nationalité a
été accordée aux ressortissants d’Afrique Occidentale Française pour leur donner le sentiment
d’appartenir à la nation en 1966 (BABO, 2010). C’est un facteur au développement de la
plupart des villes du Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire. Bouaké, étant un carrefour, a bénéficié de
ces vagues migratoires, bien que n’étant pas une ville aux caractéristiques naturelles attirantes
comme les régions du Sud-Ouest. Toutefois le taux d’accroissement naturel dès
l’indépendance, étant très élevé (plus de 7 %), a eu un apport dans cette forte croissance.
Aussi la construction du chemin de fer, véritable infrastructure, autour duquel la ville a
amorcé son urbanisation, a contribué à l’évolution démographique à cette période.
- De 1975 à 1998
Cette période est toujours marquée par un taux élevé d’accroissement naturel de 7,4 % en
1975, même si ce taux va diminuer en 1988 en atteignant 5,15 %. C’est une période de
stabilité politique où les échanges économiques internes sont en évolution malgré la crise
économique des années 1980, avec la privatisation des sociétés d’Etat. La population urbaine
de Bouaké a, par conséquent, été multipliée par 5,5 allant de 173.246 habitants en 1975 à
461.618 habitants en 1998 (RGPH 1998).
- De 1998 à 2014
De 461.618 habitants en 1998, la population urbaine de Bouaké n’est que de 536.189
habitants en 2014 (RGPH 2014), soit une hausse de 74.571 habitants en espace de 16 ans.
Cette période est beaucoup marquée par la baisse continue de la fécondité, symbolisée par un
taux d’accroissement naturel de 4,3 % en 1998 qui s’est largement affaibli pour atteindre 1,37
en 2014 selon le RGPH 2014, du fait de la politique du planning familial. Durant cette
période, nous avons assisté à une série de crises politiques et institutionnelles. Du coup d’Etat
de décembre 1999 à la crise politico-militaire de septembre 2002, Bouaké s’est vidée de sa
population en direction des régions du Sud et du Centre-Sud. Et, malgré le retour de
68
l’administration en 2011 et de la reprise effective des activités scolaires et universitaires en
2012, l’écart de la croissance démographique en 16 ans demeure faible eu égard aux
progressions ultérieures.
POPULATION
600000
536189
500000
461618
400000
300000 322999
200000 POPULATION
173246
100000
84846
0
1965 1975 1988 1998 2014 ANNEE
69
Carte 2: Répartition de la population urbaine de Bouaké en 2014
1-5-Caractéristique de la population
Seconde ville du pays, Bouaké connaît un taux de croissance démographique élevé de
4,3 % (INS, 1998). Modeste village au début du siècle, Bouaké est devenue en moins d'un
demi-siècle, l'une des plus importantes villes de l'Afrique de l'Ouest. Sa population était de
3.500 habitants en 1900, pour atteindre en 1960, 55.000 habitants. Depuis, elle n'a cessé de
70
croître exponentiellement. En 965, elle est passée de 84.846 habitants ; en 1975 de 173.246
habitants en1988 de 322.999 habitants en 1998 de 461.618 habitants, puis enfin de 536.189
habitants en 2014.
1-5-1-Caractéristique sociodémographique
La population de la ville de Bouaké est composée de 92,1 % d’ivoiriens et 7,9 % de non
ivoiriens selon les informations récoltées pendant nos enquêtes de terrain (Graphique 2). Ces
non ivoiriens sont pour la plupart des Burkinabés et de Maliens qui ont immigré en Côte
d’Ivoire à la recherche de travail. Quant aux Ivoiriens, la ville enregistre en majorité les
baoulés, malinkés et les sénoufos. Ensuite viennent les tagbanas, agnis et maokas, et les
groupes minoritaires sont les djiminis, yacouba, lobis et autres (Graphique 3).
SENOUFO MALINKE
; 19.47 ; 22.63
0 50 100 150 200
POPULATION
1-5-2-Caractéristique socioéconomique
L'économie de la ville de Bouaké est à l’image de celle du département. Elle repose
largement sur l'agriculture. Les spéculations des années 1997 à 1998 sont le café (qui est
depuis 1975 en chute libre : 21 400 tonnes en 1975 ; 1 500 tonnes en 1984 et 360 tonnes en
71
1989), le coton. Aujourd’hui la culture de l’anacarde a emboité le pas à ces cultures, au titre
duquel l’usine Olam s’est implantée à Bouaké. A côté des cultures de rente en régression, on
note par contre une progression régulière des cultures vivrières. Le riz, le maïs, le manioc,
l'igname et l'arachide sont les principales cultures pratiquées. La baisse de la pluviométrie et
surtout sa perturbation a conforté le paysan baoulé dans son choix des tubercules comme
cultures de base. Cette agriculture est difficilement quantifiable, mais on n'ignore pas son
efficacité du fait même que le département n'est pas déficitaire au niveau des vivriers.
Bouaké dispose d’un marché de gros de la ville, qui est l’un des marchés les plus importants
du pays et de la sous-région. Multiples populations participent à l’animation économique de la
ville.
Le commerce est le principal facteur d'animation des centres urbains et des villages du
département. Les lieux privilégiés des échanges demeurent les marchés. Il existe un échange
mutuel entre les campagnes, les sous-préfectures voisines et la ville. Les commerçants de la
ville participent aux marchés hebdomadaires de ces localités voisines et vice versa.
La pêche est une autre activité du département. Le paysan baoulé n'est pas un pêcheur ;
mais certains paysans sont devenus des hommes d'affaires de la pêche en achetant et en louant
le matériel de pêche à des pêcheurs bozos venus du Mali. Outre le lac de Kossou, le
département bénéficie de projets locaux de pisciculture par exemple à Bouaké où l'IDESSA
(Institut des Savanes) a implanté dans la forêt de Kongodékro, un centre d'élevage de poisson.
Avec ses 95 étangs, ce centre fournit du poisson à la ville.
Bouaké est la deuxième ville industrielle du pays. Bien que peu variée et d’envergure
modeste, cette industrie couvre les domaines du textile, de l'agroalimentaire et de la chimie
dont les plus connus de ces établissements industriels sont : SITAB, CIDT, GONFREVILLE,
ORYX, IFEX, BOISERIE, OLAM, FIBAKO...
1-5-3-Caractéristique socioculturelle
La vie culturelle à Bouaké peine à retrouver son rayonnement d’antan. Les équipements
qui ont contribué à sa renommée nationale ont fortement souffert de la crise, notamment le
72
centre Jacques Aka, le Zoo et la piscine municipale. Certains équipements comme le centre
Jacques Aka et le foyer des jeunes de Koko ont été réhabilités pour permettre un cadre
propice à la production artistique aux populations de Bouaké. Toutefois, les événements
comme le Carnaval devraient progressivement retrouver leurs fastes d’autrefois. Pour le reste,
Bouaké demeure une ville fortement attachée à son caractère multiconfessionnel (plusieurs
religions).
1-5-4-Composition de la population
Les données utilisées ici sont celles relatives à la ville (536.189 habitants) et la Sous-
préfecture de Bouaké (71.949 habitants). Ces données montrent la part des hommes et celle
des femmes et nous renseignent sur la composition de la population de Bouaké. Elle est en
général composée de jeunes, d’adultes et de vieilles personnes dont le rapport de dépendance
reste largement tributaire à l’actif des adultes (entre 20 et 64 ans).
73
Tableau 8 : Groupe d’âges de 0 à 19 ans
SEXE
GROUPE D'AGES TOTAL
Masculin Féminin
00-04 ans 45058 42379 87437
05-09 ans 40488 38916 79404
10-14 ans 36169 35422 71591
15-19 ans 31744 30803 62547
TOTAL 153459 147520 300979
SOURCE : RGPH 2014
SEXE
GROUPE D'AGES Masculin Féminin TOTAL
20-24 ans 33238 32042 65280
25-29 ans 28458 29411 57869
30-34 ans 22453 22350 44803
35-39 ans 18476 16035 34511
40-44 ans 13999 11906 25905
45-49 ans 10413 10024 20437
50-54 ans 8702 8916 17618
55-59 ans 6439 6366 12805
60-64 ans 4969 5028 9997
TOTAL 147147 142078 289225
SOURCE : RGPH 2014
74
vie à la naissance en Côte d’Ivoire est de 57, 25 ans (RGPH, 2014). A Bouaké, cette marge de
la population est largement dominée par la gent féminine selon la matrice 10 (10.281 de
femmes contre 7.653 d’hommes). Cet état de fait peut trouver une justification par le fait que
la population de Bouaké est instable. C’est une population d’origine baoulé qui émigre à la
recherche de terre cultivable dans la zone forestière pour des spéculations à caractère
industriel comme le café, le cacao, l’hévéa, etc. Et dans cette conquête, les femmes sont, dans
la quasi-totalité, sédentaires pour assurer des responsabilités à l’absence des hommes. Aussi,
les immigrés qui arrivent sont généralement des hommes qui laissent leurs familles en allant à
l’aventure.
SEXE
GROUPE D'AGES TOTAL
Masculin Féminin
65-69 ans 3114 3772 6886
70-74 ans 2093 2846 4939
75-79 ans 1118 1735 2853
80-84 ans 739 1194 1933
85-89 ans 306 364 670
90-94 ans 115 176 291
95 ans et + 168 194 362
TOTAL 7653 10281 17934
SOURCE : RGPH 2014
En général, Bouaké a une population globalement jeune, dont la proportion des hommes
domine la première partie du tableau (jusqu’à 50 ans). La proportion des femmes emboite le
pas aux hommes à partir de 50 ans pour évoluer au sommet de la pyramide des âges (mode de
représentation graphique de la structure d’une population). Selon les résultats du RGPH,
2014, le département de Bouaké n’est ni classé parmi les départements à fort taux de rapport
de masculinité, ni à l’inverse, ce qui exprime le rapport sensiblement égalitaire entre la
population masculine et féminine. Sa croissance est semblable à l’ensemble de la population
ivoirienne. Lorsqu’on la traduit en une pyramide, le bas est large et comprend la population
jeune. Son milieu caractérise la population adulte et son sommet s’apparente à l’allure d’une
antenne de télécommunication, traduisant la finesse de la population vieille. Le graphique 4,
ci-dessous, construit dans le cadre de cette étude, montre l’évolution de cette population qui
traduit cette réalité.
75
Graphique 3: Pyramide des âges de la population de Bouaké en 2014
Groupe
d’âges
Total
95 ans et +
90-94 ans
85-89 ans
80-84 ans
75-79 ans
70-74 ans
65-69 ans
60-64 ans
55-59 ans
50-54 ans Nombre des hommes
45-49 ans Nombre des femmes
40-44 ans
35-39 ans
30-34 ans
25-29 ans
20-24 ans
15-19 ans
10-14 ans
05-09 ans
00-04 ans
POPULATION
50000 40000 30000 20000 10000 0 10000 20000 30000 40000 50000
76
Graphique 4: Composition de la population de la ville de Bouaké selon le niveau d’instruction
en 2014
SUPERIEUR
23%
ANALPHABETE
32%
SECONDAIRE
24%
PRIMAIRE
13%
ECOLE
CORANIQUE
8%
A l’échelle des quartiers, l’analyse du phénomène est très visible. On remarque que les
quartiers (Dar-es-salam, Zone industrielle et Koko) populaires concentrent plus de chefs de
ménages analphabètes (cf. graphique 6), parce que les habitants de ces quartiers (à dominance
commerçante) n’accordent pas assez de priorité à l’école. Toutefois, le faible niveau de
l’enseignement coranique est observé dans cinq quartiers (Ahougnansou, Air France, Dar-es-
salam et Zone, dont les deux derniers cités sont les plus concernés), du fait que cette
discipline n’intègre pas le système éducatif ivoirien. Sur ce graphique 6, Air France, Dar-es-
salam et la Zone industrielle ont les taux les plus hauts des chefs de ménages ayant le niveau
primaire. Par contre, les niveaux secondaires et supérieurs sont sensiblement représentés dans
tous les quartiers.
Les indices sur le niveau d’instruction ne sont à ignorer dans la croissance de la population
et évidemment sur la gestion et la qualité de l’espace urbain. C’est pourquoi notre constat
s’avère vérifier étant donné que dans les quartiers où le taux d’analphabétisme est élevé, les
ménages ne se soucient presque pas de la dégradation de l’environnement, ils déversent les
eaux salles dans le cadre de vie. C’est pourquoi les quartiers les plus insalubres sont les
77
quartiers où le taux d’analphabétisme reste relativement élevé. On peut dire alors que
l’analphabétisme constitue l’un des facteurs de la dégradation du paysage urbain. Ce
phénomène est perceptible sur le graphique 6 ci-dessous.
20
ANALPHABETE ECOLE CORANIQUE PRIMAIRE SECONDAIRE SUPERIEUR
18
16
14
Niveau d'instruction
12
10
8
6
4
2
0
1-5-6-Les ménages
C’est une unité statistique élémentaire de population, constituée par une ou plusieurs
personnes (célibataire, famille, communauté) qui, quels que soient les liens qui les unissent,
occupent un même logement à titre de résidence principale et envisagée dans sa fonction
économique de consommation (pour le célibataire, on utilise de plus en plus le terme de
monoménage.).
Le terme de ménage dans le cadre de notre étude concerne les chefs de famille ou toute
personne responsable de tenir un logement de tout type. Lors de notre enquête, nous avons
rencontré les chefs de ménages que nous avons interrogés dans les différents habitats sillonnés
tout au long de la ville de Bouaké (11 quartiers). Ils sortent de divers groupes ethniques et de
78
diverses nationalités dont 92 % sont des Ivoiriens. Ces chefs de ménages exercent également
diverses activités sur toute l’étendue de l’espace urbain de Bouaké.
Et le choix de notre échantillon a été fait en rapport avec la taille réelle de ces ménages
dans les différents quartiers. Ils sont, à cet effet inégalement répartis et sont d’un apport
considérable dans la mobilité de la ville comme décrite sur la carte 3.
Carte 3: Répartition des chefs de ménages enquêtés par quartiers choisis de Bouaké en 2014
79
Depuis sa création à nos jours, la population de Bouaké a toujours été constante dans son
évolution. De 3.500 habitants en 1900, elle est passée 55.000 habitants dès l’indépendance à
173.246 habitants en 1975. La population a ainsi pris une allure rectiligne avant de fléchir en
1998. La crise de septembre 2002, qui a affecté la Côte d’Ivoire entière a eu un impact sur
cette population qui n’a augmenté que 74.571 habitants pour aboutir à 536.189 habitants en
2014. Cette évolution n’est pas tributaire au seul facteur de natalité. Bouaké est attractive et a
bénéficié d’une forte immigration en provenance aussi bien de son hinterland rural immédiat
que des pays limitrophes.
80
Chapitre 2 : LA CROISSANCE URBAINE
La dynamique urbaine à Bouaké se traduit par l’accroissement du cadre spatial de la ville,
mais aussi par une forte croissance démographique. Cette urbanisation est très problématique
pour les pouvoirs publics qui n’arrivent pas à la maîtriser. De plus, toutes les fonctions ne sont
pas intégrées dans la construction de la ville qui échappe désormais aux gouvernants. Cela se
traduit par l’étalement urbain incontrôlé, la concentration des fonctions urbaines les plus
importantes dans le centre-ville et le sous-équipement des quartiers périphériques qui sont le
plus souvent les plus peuplés.
Comme pour beaucoup de villes de l’Afrique subsaharienne et comme la plupart des villes
ivoiriennes, Bouaké a bénéficié d’un réseau urbain entamé par les colons avant
l’indépendance, dans le processus de mise en valeur des colonies ivoiriennes.
Du petit village connu sous le nom de Gbêkêkro situé en plein cœur de la savane Baoulé,
en milieu du 18ème siècle, Bouaké, est aujourd’hui la deuxième ville de la Côte d'Ivoire.
L’histoire de sa création est liée à celle des villes de Côte d’Ivoire en général. La création de
cette ville s’est faite par des étapes successives. Toutefois, la ville de Bouaké a pris de
l’importance au fil du temps avec le développement des échanges par le chemin de fer.
Depuis lors, elle est devenue une grande gare, un grand carrefour routier et un centre
commercial très important où plusieurs ressortissants ivoiriens et ressortissants de la sous-
région ouest-africaine échangent de nombreux produits. De nombreuses industries y sont
installées telles que l’industrie de manufacture de Tabac, l’usine d’égrainage du Coton et
teinturerie de Gonfréville. La ville est devenue par la suite chef-lieu du département du Centre
81
regroupant de nombreux services administratifs avec une population nombreuse et diversifiée
dans l’espace. Peuplée d’autochtones, d’allogènes et surtout d’étrangers, Bouaké est un centre
de transit pour les immigrants de la sous-région ouest-africaine à la recherche d’un mieux-être
en Côte d’Ivoire.
Un plan de lotissement est élaboré en 1913. Ce plan créé en 1915 le quartier Koko et en
1924, il initie d’importants travaux d’urbanisme qui poussent la ville vers le Nord et vers l’Est
avec le développement des quartiers Liberté et Sokoura. Après la Seconde Guerre Mondiale,
le processus s’accentue avec la création du quartier Air France à l’Est et celui de N’Gattakro à
l’Ouest. Au Centre, l’extension du quartier Koko atteint rapidement le marigot Aboliba. A
l’indépendance la ville avait une superficie de 1.404 hectares pour une population de 55.000
habitants. L’évolution de la ville de Bouaké à cette époque est représentée sur le graphique 7.
82
Graphique 6: Evolution des surfaces urbaines de Bouaké jusqu’à l’indépendance
Surfaces (ha)
1600
1400
1404
1200 1296
1000
800
600 surfaces (ha)
400
200 85
0
1940 1958 1961 Années
La stratégie du choix du lieu d’habitation des colons est une forme de ségrégation dans
laquelle les africains, considérés comme les indigènes à l’époque coloniale, sont mis à l’écart.
A Bouaké, la construction de la voie ferrée a joué un rôle médian. Au Nord de celle-ci se sont
logés les africains. Outre la ville africaine est inscrite entre le chemin de fer et le vaste
domaine de l’IRCT (Institut de Recherche Coton et Textiles). Le marigot Abolida et le camp
militaire font obstacle à l’évolution des quartiers Liberté et Kamonoukro vers le nord, où les
premiers noyaux de la ville font figure de quartiers périphériques.
83
Carte 4 : Représentation de la ville de Bouaké avant 1960
84
Contrairement aux espaces engloutis avant l’indépendance, pendant la période
postindépendance, la croissance de la ville a envahi plus d’espace, du fait des coûts moyens
des terrains et l’appropriation foncière s’est faite d’une manière anarchique dans toutes les
directions.
En 1973, les quartiers centraux ont davantage pris du volume et se sont densifiés. Outre le
rayon d’extension s’allongeait et les nouveaux quartiers qui servaient de support d’importance
démographique longeaient les principaux axes. Mais les grandes concessions privées et
publiques (IRCT et le Camp militaire) ont fait obstacle à l’évolution de la ville dans le Nord-
Est. Ainsi, sa progression a suivi la vallée laissée par celles-ci, ayant un impact sur la
morphologie du quartier Belleville. Aussi, le bas-fond de la Loka a été atteint, en même temps
que le Centre de Recherche Zootechnique. A l'Ouest de la ville naît le vaste quartier de
Diézoukouamékro, entre Gonfréville et la Zone industrielle. Autrement, le quartier Broukro
fut créé en 1974 pour résoudre l’inégalité spatiale dans le Sud-Ouest de la ville. Sa création
coïncide avec la mise en place d’une série d’équipements à grande surface qui s’est succédé
dans la même période sur la route de Béoumi. Il s’agissait en général du complexe télévisuel,
85
des écoles secondaires le camp pénal et le camp civique, en plus de l’extension de la Zone
Industrielle (ATTA, 1978).
Enfin, la période 1960-1980 reste marquée par un aspect d’élasticité de l’espace urbain.
Dans le processus de morcellement de la ville, plusieurs quartiers ont vu le jour dès suite aux
différentes phases de lotissement qui ont eu lieu, qui malgré tout restent imputables à un
manque de rigueur. Toutefois, le développement rapide et linéaire de la ville a franchi les
limites de certains villages qui la jouxtent. Ces villages (Assekro, Kouadio Mlankro, Amanibo
et N’goran Koffi) ont été intégrés à la ville et font partie aujourd’hui des quartiers et sous-
quartiers de celle-ci (Carte 5).
86
2-1-3-De 1980 à 2000
Dans les années 80, la configuration actuelle de la ville est presque atteinte, puisque
l’essentiel de sa croissance était déjà fait après l’indépendance. Le rayon d’extension de la
ville se trouve désormais à 7,6 kilomètres et les villages inclus dans ce rayon sont intégrés à
l’espace urbain. La ville s’est accrue de plus de 1.200 ha. On remarque qu’en espace de 20
ans, l’espace urbain a muté de 5.157 ha en 1978 à 7.200 ha en 1998, soit une différence de
2.043 ha. Tandis que la population, quant à elle, a évolué modestement de 142.850 habitants.
Par conséquent l’accroissement rapide de la population urbaine de Bouaké a toujours eu pour
conséquence spatiale sur l’extension de la ville. La ville s’inscrit ainsi dans un rayon
d’environ 12 kilomètres au Nord et 9 kilomètres à l’Est.
87
Carte 6 : Représentation de la ville de Bouaké à partir de 2000
88
Carte 7: Synthèse de la croissance urbaine de Bouaké
Etudier la corrélation entre deux ou plusieurs variables, c’est étudier l'intensité de la liaison
qui peut exister entre ces variables. La matrice de corrélation est tout simplement la matrice
des coefficients de corrélation calculés sur plusieurs variables prises deux à deux.
Dans cette étude, nous avons effectué une corrélation entre la croissance démographique et la
croissance spatiale de la ville de Bouaké. Cette corrélation permet de détecter rapidement la
liaison qui existe entre ces deux variables en vue d’avoir une compréhension claire. La
matrice de corrélation nous permet d’avoir une compréhension de l’ensemble des relations
89
entre les différentes variables. Selon le graphique 8, lorsqu’on les met en relation, on constate
que la droite de régression donne un coefficient de corrélation d’une valeur de r = 0,8. Cette
valeur traduit un fort lien entre la croissance de la population et la croissance urbaine. Par
conséquent, la croissance de la population a un impact considérable dans la croissance
spatiale de la ville de Bouaké.
700000
y = 18.143x + 84528
600000 R² = 0.7111
NOMBRE D'HABITANTS
500000
400000
population urbaine
300000
Linéaire (population
urbaine)
200000
100000
0
0 10000 20000 30000 40000 SUPERFICIE EN (ha)
90
ville bénéficiaire d’un lotissement. Air-France et Commerce, quartiers européens plus au Sud,
sont lotis dès leur création. L’espace urbanisé de la ville de Bouaké a, par la suite, connu une
progression remarquable avec un rythme annuel moyen de 275 ha/an, soit une superficie
totale lotie et urbanisée de 8.000 ha en 1998, contre seulement 1.296 ha en 1958. Dans le
même intervalle de temps, la population passe de 47.000 habitants à 461.618 habitants. Ainsi
en l’espace de 30 ans, la population a été multipliée par 9,8 et l’espace urbanisé pour
l’accueillir par 6,2.
91
Tableau 11: Production foncière urbaine de Bouaké depuis sa création
Période de
lotissement Les quartiers lotis aux différentes périodes
Avant 1964 Commerce, Air France, Koko
1964 Liberté, Kamounoukro, N’Gattakro, Nimbo
1965 Ahougnansou, Attienkro, Kahankro
1966 Gonfreville
1967 Liberté, Dar-es-salam
1968 Dougougba, Sokoura
1969 Dar-es-salam 2, Konankankro, N’Goran Koffi
1970 Belleville 1, Kennedy, Kodiakoffikro
1972 Djézoukouamékro 1
1973 Broukro 1
1974 Broukro 2, Route Gonfreville 1
1975 Belleville 2, Djézoukouamékro 2
1976 Air France 2
1977 Route Gonfreville 2, Lycée Municipal
1981 Belleville 3, N’Dakro
1985 Kennedy Sud, Kennedy extension, Konankankro Sud, Dar-es-salam 1 extension
1992 Tollakouadiokro
1993 Angamblé Konankro, Broukro extension 3, Cité Landji Kouassi, Diahonou
1994 Amanibo, Route de Botro, Hippodrome, Gnamien Akakro, Tiérékro, TSF Sud
1998 Katibouakro
1999 Assoumankro, Monikro
2000 Kottiakoffikro extention Tranche 1, Tiérékro extension
2001 Ablaha, Dibygbekekro
2002 Kottiakoffikro extension Tranche 2, Angankro
2007 Kamonoukro extension
2009 Gnamien Akakro extension, Kottiakoffikro extension Tranche 3, Sarakakro
extension 1 et 2
2010 Assépkli
2011 Zone Industrielle Sud-Ouest extension, Konankankro extension 1, kanankro
extension, Gnamien Akakro Tranche 2
2012 N’Dé N’Zuessi
2013 Bobo
En cours Ottouklessou, Adjodoussou extension
SOURCE : SDU, 2014
Tous ces lotissements vont mettre des années pour être mis en valeur. Le rythme de
construction est nettement en deçà de celui de la délivrance des lettres d’attribution. En effet,
de 2011 à septembre 2013, ce sont au total 3.857 lettres d’attribution qui ont été signées par la
préfecture de Bouaké (SDU, 2014).
92
pays en voie de développement. Celle-ci est très souvent anarchique et crée de sérieux
problèmes environnementaux voire de développement.
93
Conclusion
En somme, l’urbanisation de Bouaké ne s’est déroulée en marge de la croissance
démographique, pendant plusieurs décennies, dans l’indifférence, voire l’ignorance des règles
de la planification urbaine. Dans ce pays plus qu’ailleurs, l’agglomération urbaine de Bouaké
a profondément changé, mais les capacités des institutions locales, en matière de planification,
d’encadrement de l’aménagement urbain et, plus largement, de la gouvernance urbaine n’ont
pas évolué de pair.
Bouaké, second centre urbain de la Côte d’Ivoire a connu une forte croissance
démographique. Celle-ci s’est accompagnée d’une importante consommation d’espace qui est
amplifiée par la faible verticalité du bâti. Cette évolution spatiale horizontale explique les
faibles densités observées à Bouaké de manière générale. En effet, la ville croît rapidement et
intègre les villages environnants. Cette forte croissance spatiale ne répond donc pas le plus
souvent, à une demande réelle. Bouaké relève une faible densité de l’ordre 18 h/km² (RGPH,
2014). Cette faible densité montre bien que le peuplement urbain s’est fait dans l’ensemble
par une extension spatiale, plutôt que par une densification. Seuls les quartiers centraux
regorgent une masse importante de concentration de population.
Elle a aussi favorisé la création des nombreux quartiers sous-intégrés au niveau de ses
parties périphériques principalement. Cette urbanisation a même franchi les zones amorphes
de la ville tandis que la viabilisation des zones loties peine à prendre forme. En plus, une
corrélation faite entre la dynamique de la population et celle de la croissance urbaine montre
une forte liaison entre les deux phénomènes étudiés. Partant de ces résultats, nous pouvons
confirmer notre première hypothèse selon laquelle la dynamique démographique urbaine de
Bouaké explique la croissance rapide de la ville de Bouaké.
94
Deuxième partie :
ETUDE MONOGRAPHIQUE DE LA MOBILITE DE LA POPULATION
95
Introduction
La problématique des centres urbains est rendue complexe du fait de la combinaison de
facteurs essentiels suivants : une démographie galopante, une insuffisance de ressources pour
faire face aux besoins croissants et la recherche d’un mieux-être. A cet effet, l’influence
structurante de la ville se ressent d’abord et fondamentalement sur le paysage urbain. Ainsi, la
croissance urbaine implique l'incorporation de nouveaux territoires dans le
système social de la ville. Plus la population augmente, plus les villes se développent, plus les
mobilités s’intensifient avec le développement de diverses formes de déplacements, plus les
villes exercent une influence sur les zones périurbaines en s’appropriant des réserves
foncières.
C'est à une forte majorité que les espaces sont peuplés par des gens qui y transplantent leur
mode de vie et leurs habitudes en matière d'achats, de loisirs, etc. Ainsi, le déplacement
domicile-travail ne constitue cependant pas l'unique trajet réalisé par les habitants. Il en existe
d'autres : les accompagnements, notamment des enfants à l'école ou pour leurs activités de
loisirs, les activités d'achats et les activités libres des adultes (visites, activités sportives,
activités culturelles, vie associative, restaurant,...). La mobilité s'avère alors nécessaire et
essentielle dans ces espaces et explique la très forte motorisation des ménages de ces milieux.
96
Chapitre 3 : CHOIX DU LIEU D’HABITATION
L’habitabilité urbaine est conditionnée par des expressions plurielles de nature et est
fondamentalement transversale et interdisciplinaire. Son enjeu consiste à renouer avec une
prise en compte simultanée des données techniques, sociales et esthétiques et d’échapper, par
exemple, aux dichotomies de la forme et de la fonction de la ville, de penser et de l’agir.
Dans un souci économique, 3 % de cette population ont déclaré que les moyens ont fait
défaut dans le choix de leur lieu d’habitation et 8 % ont également résidé dans certains
quartiers en raison de la souplesse des coûts des logements. Il s’agit des quartiers situés à
l’extrémité de la ville comme la Zone industrielle ou les quartiers populaires comme Dar-Es-
Salam, généralement difficiles d’accès. Cependant, certains habitants choisissent de vivre
dans certains morcellements de la ville (l’exemple de Tollakouadiokro) en raison de
l’admiration qu’ils y témoignent ou de leurs aspects purement résidentiels tels que Kennedy et
Municipal. Aussi, l’accès facile (5 %) à certains quartiers motive certains ménages à choisir
leurs logements dans certains quartiers de proximité du centre-ville ou des quartiers offrant
une certaine sécurité (Air France, Ahougnansou, Nimbo, Commerce…).
97
Graphique 8: Représentation des ménages par choix du lieu d’habitation des ménages
25
Nombe de ménages (%)
20
15
10
Pour l’essentiel des données issues de nos enquêtes, en dehors des chefs de ménages qui
sont dans des résidences familiales, on peut dire que le fait de réduire les efforts dans la
mobilité pendulaire (déplacement domicile-travail) est le mode de déplacement qui rentre
dans les habitudes des populations riveraines. Pour le reste, les motivations sont multiples et
chacune d’entre elles participe à l’animation de la ville.
Mais en amont, il convient de s’interroger sur le lieu de provenance des habitants qui sont au
cœur de la migration interne et résidentielle à la ville de Bouaké.
98
d’origine ou de naissance, dans la mesure où ils sont fortement rattachés aux valeurs
familiales et communautaires.
Les mutations ou affectations concernent les ménages qui arrivent dans la ville, sous
décisions administratives pour servir dans les services étatiques ou les établissements privés,
dans le cadre de leur fonction. Nous avons rencontré des enseignants, des secrétaires, des
policiers, etc. qui sont arrivés des différentes régions ivoiriennes, tout comme ceux qui y
viennent pour des raisons d’étude (4 %). Ceux-ci représentent 14 % des déplacements. Par
ailleurs, 16 % de déplacés soulignent l’impact des conflits de voisinage et sont contraints à
trouver refuge dans d’autres quartiers pour vivre leur quiétude. Néanmoins, les relogés (2 %)
ici sont des reclassés administratifs suite à un déguerpissement des habitants d’un quartier qui
suscite un lotissement.
NOMBRE DE
MOTIFS DE DEPLACEMENT MENAGES TAUX (%)
CHEZ TUTEUR 32 19.16
CONFLITS ENTRE LOCATAIRES 27 16.17
ETRE INDEPENDANT 41 24.55
ETUDE 7 4.19
INSECURITE 1 0.60
EN LOCATION DE LOGEMENT 8 4.79
MANQUE DE MOYENS 4 2.40
MUTATION DES TRAVAILLEURS 24 14.37
RELOGEMENT SUITE AUX DEGUERPISSEMENTS 3 1.80
AUTRES 20 11.98
SOURCE : Nos enquêtes, 2015
99
3-3-1-La prolifération des quartiers spontanés
Le concept d’espace pousse à réfléchir, de façon théorique, aux caractères et aux attributs
(échelle, métrique, substance) de l’espace des sociétés, aux grands types qui peuvent être
discriminés (le lieu, le territoire, le réseau). Celui de la spatialité permet de prendre en compte
les actions spatiales et leurs effets sur l’espace. Dans un sens général, elle est caractéristique
de la dimension spatiale d’une réalité sociale. Nombreux acteurs recherchent un ancrage, une
identification locale par la référence au quartier périphérique et souvent au quartier
résidentiel, sans pour autant que cela soit exclusif, fréquemment référé au village, type idéal
de l’espace de vie de proximité. Le quartier, en général, est l’un des outils d’intégration
signifiante de l’espace urbain. Cela permet de s’assurer un statut sécurisant sans renoncer à la
mobilité personnelle conçue comme l’une des composantes essentielles de l’existence et de
liberté. Toutefois, il s’avère être l’une des manifestations les plus ressenties de l’exclusion :
c’est à la fois un facteur et stigmate de la souffrance sociale. Il existe donc une aliénation
superlative par le quartier, relativement indépendante du contenu urbain, lorsqu’on y est ou
s’y ressent reclus, quelles qu’en soient les raisons (LEVY, LUSSAULT ,2003). Cette
aliénation résulte généralement du sentiment de pauvreté et de précarité des hommes et des
espaces géographiques. Ainsi, elles sont des facteurs qui peuvent conduire à l’exclusion
sociale. Il s’agit d’un processus de marginalisation de certaines catégories situées en dehors
des sphères sociales et spatiales reconnues ou qui en sortent sans parvenir à y entrer de
nouveau. L’exclusion s’oppose, cependant, à l’insertion sociale dont bénéficient les
populations qui ne souffrent d’aucun handicap économique ou social majeur (BAVOUX,
2002).
100
appelées : “entrer-coucher”, disposée de manière anarchique et généralement sans aucune
prescription foncière (Photo 2). Ces quartiers couvrent de vastes espaces et s’étalent
rapidement, avec des densités de population relativement élevées et offrant que de médiocres
conditions de vie. Dans ces zones précaires, les branchements sauvages à partir du réseau
électrique le plus proche exposent également ces quartiers aux risques d’incendie. Ce sont
également des zones où l’on relève un nombre important de locataires à très bas revenus
(SDU, 2014). Le contexte ici est différent des réalités vécues dans la métropole abidjanaise. A
Bouaké, certes, ces populations vivent dans des zones instables, mais en revanche, sont dans
des logements en dur comme on le constate sur la photo 2 à l’entrée de Tollakouadiokro par
l’abattoir au nord de la ville.
101
3-3-2-L’aspect sanitaire urbain de Bouaké
Selon l'OMS (1995), le cadre sanitaire est défini par l'ensemble des travaux que doivent
effectuer, en se conformant aux règles d'hygiène, les particuliers, les collectivités et les
pouvoirs publics pour faire disparaître dans les agglomérations toutes causes d'insalubrité.
L’assainissement est, en effet, un processus par lequel des personnes peuvent vivre dans un
environnement plus sain. Pour cela, des moyens physiques, institutionnels et sociaux doivent
être mis en œuvre dans différents domaines tels que l'évacuation des eaux usées et de
ruissellement, l'évacuation des déchets solides, l'évacuation des excrétas et le traitement de
tous ces éléments. De manière générale, l'assainissement comprend l'évacuation et le
traitement des eaux et des solides usagers. Ces matières incluent les eaux de pluies, de
drainage, de lavage, les eaux usées et /ou provenant de toilettes, les excréments, et les déchets
solides. Ces derniers ont différentes origines (domestique, agricole, industrielle, médicale ...)
A l’échelle de la ville de Bouaké, le cadre sanitaire des ménages reste marqué par un taux
très élevé d’insalubrité (29 %). Mais au niveau des quartiers, cette proportion diffère.
MALSAIN
29%
SAIN
71%
L'urbanisation des villes des pays en développement est généralement mal maîtrisée. Ainsi,
la prolifération des quartiers précaires sur les zones non loties ou réserves (exemple des
quartiers précaires au Nord de la Zone industrielle et à l’entrée du quartier Tollakouadiokro)
constitue la conséquence d'une dynamique urbaine accélérée sous-tendue par les migrations
incontrôlées, du coût élevé des terrains viabilisés et de logements, de l'insuffisance de l'offre
de logements et de l'absence ou non de l'implication des schémas d’urbanisme (REPCI, 2006).
102
Ces zones urbaines présentent des difficultés vis-à-vis de la planification des réseaux
d'assainissement des eaux usées et pluviales. Les constats faits à ce sujet montrent que les
débits futurs sont mal appréhendés.
Cependant, à l’échelle des quartiers de la ville de Bouaké, les chefs de ménages soumis à
nos questionnaires ont donné des avis différents sur la question. Tollakouadiokro, Gonfréville,
Idessa, Municipal et Kennedy présentent un aspect sain selon les propos issus des enquêtés.
Par contre, Koko présente un cadre de vie d’abord insécurisé, mais aussi très malsain. En lieu
et place des fosses septiques et des barques à ordures, c’est le réseau viaire qui accueille les
eaux usées et les déchets ménagers. Dar-Es-Salam et Zone industrielle, également, présentent
sensiblement les mêmes aspects d’insalubrité, tandis que les autres quartiers Ahougnansou,
Air France et Broukro semblent avoir des conditions de salubrité un peu acceptables.
Cependant, il faut souligner que c’est seulement 29 % de cette population enquêtée qui
réfute leurs conditions de vie, mais, contraints, ils acceptent d’affronter cette situation
d’insalubrité. Souvent certaines zones présentent des aspects de dégradation avancée, mais les
populations riveraines n’ont pas la même réaction que l’opinion publique, en raison de leur
attachement à leur cadre de vie.
Photo 3: Les eaux usées qui coulent dans les rues à Dar-Es-Salam
103
cela, le site de la ville constitue un obstacle à la réalisation des infrastructures
d’assainissement. D’où, une gestion défectueuse de l’environnement urbain de Bouaké au
profit des comportements instinctifs des populations à l’égard de celui-ci.
Pour une meilleure compréhension du phénomène étudié, nous avons traduit les informations
recueillies sur la carte 8 ci-dessous en vue de montrer l’ampleur et spatialiser ce phénomène
dans la ville de Bouaké.
Excepté le quartier commerce, qui est bien desservit, Bouaké ne dispose pas de système
d’assainissement. Il se limite à un réseau de drainage des eaux pluviales qui longe les
principaux axes bitumés. A l’intérieur des quartiers, l’évacuation des eaux pluviales se fait au
104
gré des pentes et du relief en direction des bas-fonds. Les eaux-vannes sont gérées selon un
système d’assainissement individuel ou autonome de types fosse-septiques ou puits perdus.
Les eaux usées domestiques sont, quant à elles, déversées dans les canaux de drainage des
eaux pluviales (caniveaux) ou simplement dans l’espace public. En d’autres termes, ces
comportements peuvent contribuer à la pollution, et davantage à la dégradation du paysage
urbain de Bouaké.
Les problèmes des décharges engendrent une pollution en augmentation croissante dans les
villes. Que faire en effet des déchets domestiques et industriels ? Dans les pays développés,
une législation interdit les décharges sauvages. Mais est-elle appliquée partout ? Et que dire
des pays pauvres, à l’image de la Côte d’Ivoire et particulièrement de Bouaké, où les tas
d’immondices jonchent très souvent les sols des rues du fait de l’absence de services de
collecte des ordures. Dans l’agglomération urbaine de Bouaké, la mauvaise gestion des
déchets provenant des industries, des formations sanitaires et des ménages entrainent la
pollution des sols et cours d’eau dont l’agriculture urbaine et périurbaine se sert pour arroser
les produits maraîchers et autres cultures. Ces lieux deviennent des espaces de développement
des agents pathogènes comme les rats, les mouches, les moustiques (Photo 4).
105
Photo 4: Dépôt d’ordures ménagères en plein marché de la Zone
Même le barrage Kan qui sert de source d’eau d’alimentation des populations est envahi
par les plantes aquatiques à cause de la forte pollution organique en provenance de la ville.
La pollution de l’air est également un risque ordinaire, mais de plus en plus inquiétant,
notamment dans les grandes villes, qui souffrent plus que d’autres des méfaits de la
circulation automobile, des rejets industriels et du chauffage. A Bouaké, l’installation
anarchique de certains riverains a dépassé les limites des zones amorphes du fait du non-
respect des distances de sécurité aux alentours des usines. Pour preuve, la fumée de l’usine
Gonfréville envahit ces populations en longueur de journée et les expose à des menaces dont
elles ignorent, dont la photo 5 fait étalage.
106
Aussi l’utilisation du gaz comme carburant dans les taxis dans la ville de Bouaké a des
impacts sur l’activité économique, sur les conditions de vie et la santé des populations de cette
cité. Par ailleurs, l’inhalation du gaz butane expose les usagers à des pathologies. Le butane
est un répresseur du système nerveux central lorsque sa concentration atteint 1,7 %. A haute
concentration, il agit comme un asphyxiant simple et peut déplacer l'oxygène nécessaire à la
respiration. Lorsque la concentration du butane atteint 7,2 %, le taux d'oxygène dans l'air
diminue à 19,5 %. Le butane constitue ainsi un danger en espace clos, c’est pourquoi sa
concentration doit y être inférieure ou égale à 10 % ou 1.800 ppm. Cette valeur est aussi celle
du danger immédiat pour la vie et la santé (KOUASSI, 2014). L’inhalation de ce produit
expose, à cet effet, les populations, à long terme, à des pathologies. La photo 6 ci-dessous
montre bien l’utilisation du gaz butane dans le transport urbain et périurbain à Bouaké.
107
communautaires qui expliquent leur stratégie d’habitabilité. De ce fait, la gentrification
(processus par lequel le profil sociologique et social d’un quartier se transforme au profit
d’une couche sociale supérieure) redynamise certains espaces centraux ou à la périphérique.
Toutefois, ces populations, dans leur mouvement résidentiel au sein de la ville, participent à la
dégradation de la qualité de la vie par leurs actions de tous les temps.
108
Chapitre 4 : LES DEPLACEMENTS INTRA-URBAINS
L’univers social s’exprime à travers des systèmes de relations que l’on peut distinguer en
système familial, économique, politique, éducatif, religieux, associatif, informel… Chacun de
ces systèmes sécrète un espace particulier où la circulation est plus ou moins codifiée.
Certains déplacements peuvent être obligatoires, recommandés dans certaines situations ou
neutres. Alors la représentation de ces déplacements peut être de façon détaillée et de divers
types.
De même, c’est également dans cette partie de la ville que les concentrations humaines
sont plus observées. C’est ainsi que, la pratique de la mobilité dans l’espace urbain par les
populations de Bouaké trouve son dynamisme. Elle est également pratiquée en fonction des
différents moments de desserte et des besoins de déplacements, avec tous les moyens de
déplacements (marche, vélo, taxis, motos et motos-taxis, véhicule personnel, bus, gbaka…) et
motifs (travail, école, marchés, affaires . . .) Confondus. Cependant, nous avons pu faire la
classification des axes de flux en trois catégories (carte 9).
La classification des flux tient compte de l’état de la densification des différentes artères de
la ville. Ainsi, nous avons pu identifier des voies à grande circulation (grands flux), des voies
à circulation modérée (flux moyens) et des voies à circulation peu modérée (petits flux).
En effet, les grands flux sont organisés sur les grandes routes de la ville, qui sont en
général, bitumées. Elles franchissent les limites de la ville et se recoupent dans le noyau
urbain. Il s’agit de l’axe marché (gare)-quartier Gonfreville, gare-sortie de la ville par
Belleville en direction de Satama Sokoura. Ces grands flux sont observés tout le long de la
Nationale A3 (Abidjan-Katiola). Le second axe Ahougnansou-Olam, en passant par
N’Gattakro-Mairie-Nimbo-place de la paix, en direction de Fêtekro est densément vécu, tout
de même comme la voie partant de la cathédrale à l’intersection des jonctions Béoumi-Botro.
109
En revanche les flux modérés sont observés sur l’axe Ahougnansou-N’Dakro, à partir du
premier feu, l’axe Dougouba-N’Gouatanoukro-Bobo, Dar-es-salam-Tollakouadiokro, en
partant de l’abattoir. Les nouvelles voies ouvertes pour desservir Broukro par le feu de
l’ANADER, Zone Industrielle sont modérément vécues.
Par contre les voies à circulation peu modérée sont des voies d’interconnexion des
différents quartiers, peu praticables dans l’ensemble. Elles sont souvent associées aux voies
intermédiaires pour desservir les zones souvent difficiles d’accès, généralement, utilisables
par les motos et taxis-motos. La carte 9 traduit ces différents flux de la ville de Bouaké.
110
En somme, les déplacements urbains de Bouaké sont centrifuges du fait de l’attractivité du
noyau urbain, mais sont aussi diffus vers les équipements urbains. Nonobstant cela, la
position de certains équipements et les implantations industrielles inversent la tendance des
mouvements. L’usine Olam, située à la sortie au Nord-Est de la ville, non loin du lycée
américain et de la faculté de médecine de l’Université Alassane Ouattara, favorise les
déplacements dans ce sens. Dans le même cas, l’aéroport, l’usine textile Gonfréville et les
campus 1 et 2 intervertissent la centrifugation des mouvements du centre-ville. Autrement, les
commerçants et les transporteurs, exerçant sur les deux corridors situés de part et d’autre de
l’axe principal Abidjan-Katiola, orientent les mouvements dans ces sens. Et c’est cet état de
fait qui détermine les fonctions de la ville.
CENTRE-
VILLE Cœur de la ville, label
des activités tertiaires
et économiques.
Centre commercial et
forte circulation des
biens et des hommes.
Les fonctions urbaines sont l'ensemble des activités (économique, politique et culturelle)
d'une ville. Plus les fonctions urbaines sont nombreuses et importantes, plus l'aire d'influence
111
de la ville est vaste. L'aire d'influence d'une ville correspond, par conséquent, au territoire sur
lequel vivent les personnes qui ont recours aux services basés dans cette ville.
La ville se définit par des fonctions urbaines souvent spécifiques. Les zones urbaines
constituent l’espace privilégié des services. Les échanges, la santé, les établissements
financiers et éducatifs, les centres de recherches, les services aux entreprises ou aux
particuliers et les industries sont le plus souvent situés dans les villes. Elles sont également les
lieux où se concentrent les fonctions de direction, d’innovation, où foisonnent les activités et
où les consommateurs ont un choix important de produits à consommer. Certaines fonctions
spécifiques liées au domaine militaire y font également souvent partie.
Partant de cette définition, nous rattachons les fonctions de Bouaké à celles citées. Ainsi, le
second pôle urbain de la Côte d’Ivoire est régi et mis en évidence par le poids de ses
équipements. Donc, il s’agit ici d’identifier les facteurs essentiels qui assurent la connexion
des lieux de l’espace géographique et qui confèrent une fonction sociale créatrice d’espace en
perpétuel mouvement. Les équipements sont densifiés dans le centre-ville et tendent
progressivement à réduire aux confins de la ville de Bouaké. Ainsi, sous recommandation du
SDU (2014), nous avons défini les fonctions urbaines suivantes spécifiques à Bouaké
112
primaire. Cependant, la crise a beaucoup affecté les investissements et causé la saturation des
classes. La construction et/ou la réhabilitation d’écoles et leur équipement s’imposent si l’on
veut pallier aux dysfonctionnements relevés (KOFFI, 2014).
113
desservir les quartiers et les localités environnantes. Deux parkings de gros porteurs sont
aménagés au niveau des corridors Nord et Sud. A l’image d’UTB, les gares privées des
grandes compagnies de transports offrent un meilleur confort aux voyageurs (horaires
définies, salles d’attente, restaurants, toilettes et services de sécurité). Ces compagnies ont en
leur sein des services courriers. Bouaké est également reliée aux principales agglomérations
de la région par cinq routes nationales. A l’intérieur du périmètre urbain, ces cinq routes
affichent des emprises fortes et un revêtement asphalté de qualité. Tous les axes convergent
vers le cœur de la ville. Cependant, en l’absence de liaison inter-quartier, il est incontournable
de transiter par le centre-ville pour passer d’un quartier à l’autre, ce qui explique qu’il n’existe
pas de ceinture autour de la ville (SDU, 2014).
La ville de Bouaké dispose également d’un important potentiel de ressources en eau avec
des cours d’eau qui irriguent sa région. La SODECI assure la distribution en eau potable de la
ville, à partir de deux sources de captage des eaux de surface (lac Kan et Loka) et un bassin de
forage. Ce dispositif permet théoriquement de couvrir tous les besoins de la ville. Cependant,
les 600 km3 linéaires de conduites d’approvisionnement n’assurent pas une alimentation de
tous les quartiers. La ville de Bouaké a bénéficié de deux (2) stations hydrauliques (Loka :
25.000 m3/jour et Kan : 7.000 m3/jour) et de deux (2) châteaux d’eau, qui sont aux quartiers
Commerce et Ahougnansou.
L’électricité et l’éclairage public quant à eux sont alimentés par un réseau de base et
moyenne tension, à partir des centres de distribution connectés au réseau national. Il alimente
114
tous les quartiers aux fins de la deuxième couronne, mais n’est pas stable à l’échelle de tous
les quartiers. Par contre, les quartiers irréguliers et périphériques ne sont pas connectés.
Le siège du secteur Est de la CIE est situé à Dougouba et la base de distribution à Air France.
La ligne de haute tension du réseau national contourne la ville par l’Est. Toutes ces
informations relatives aux équipements de la ville qui font d’elle une ville satellite en raison
de son rôle politique et économique qu’elle joue dans la région sont représentées sur la
carte 10 ci-après.
115
4-3-Les motifs de déplacements
L’étude des dynamiques spatiales de la ville de Bouaké s’attache en partie aux
déplacements de la population. L’essor démographique peut cependant être pris en compte
quand il éclaire ces dynamiques spatiales. Cette partie de l’étude permet de cerner les facteurs
expliquant l’essor de la mobilité contemporaine et d’identifier les différentes raisons de la
mobilité qui se déclinent selon la distance, la temporalité, la pratique sociale dans la ville.
Ces thématiques permettent de mettre en relation les structures spatiales objectives et les
significations sociales, culturelles et sensibles des lieux. Les animations de la ville se fondent
sur une spatialité du proche, du contact, de l’interaction avec l’environnement immédiat, une
géographie du vécu qui fait écho à la territorialité des individus. Or, cette territorialité
s’exprime à plusieurs échelles et si les ambiances sont multi-sensorielles, elles sont aussi
multi-scalaires. Il paraît donc nécessaire de comprendre comment un espace, au travers de ses
ambiances, se connecte à son environnement proche, car si les caractéristiques des lieux font
sens pour les individus, les appréciations portées sur les espaces ne peuvent être appréhendées
hors contexte.
Dans cette optique, certaines méthodes de l’analyse spatiale peuvent être mobilisées pour
mettre en évidence les organisations, les structures territoriales auxquelles les
citadins sont confrontés et qu’ils vont nécessairement mettre en mouvement au cours de
leurs déplacements. Cette notion de mobilité est centrale, car elle va également nous permettre
de préciser la manière dont les ambiances sont perçues. En effet, l’utilisation de l’espace
urbain au quotidien et le choix des espaces fréquentés sont intimement liés à la perception
des ambiances urbaines par les individus. D’ailleurs, on pourra presque parler de
rationalité affectuelle pour expliquer l’action humaine au regard des qualités sensibles des
espaces et des émotions et affects qu’ils génèrent (PIOMBINI, 2013).
116
A l’échelle de la ville de Bouaké, les raisons expliquant les déplacements sont multiples.
Les résultats de nos enquêtes nous ont permis de cerner les réelles motivations qui incitent les
habitants dans leur mobilité quotidienne. Ces résultats concernent les visites, aller au travail,
les courses ou démarches, accompagner les enfants à l’école, aller dans les lieux de cultes, etc.
Par contre, les déplacements liés au travail et à l’éducation sont des facteurs de suivi des
individus. Ils peuvent être quantifiés en termes de temps matériel et concernent une catégorie
de la population bien définie. Les chefs de ménages qui pratiquent les déplacements
pendulaires ou alternatifs (domicile-travail ; accompagner les enfants à l’école ou domiciles-
école-travail) représentent 15% des mouvements de la ville et utilisent en moyenne entre
30 min et 1 h de temps pour les faire.
Les religieux (toutes les religions confondues), majoritairement, préfèrent prier dans des
lieux de cultes quasiment situés à des distances réduites d’eux, malgré quelques exceptions
observées. Le fait de prier à tout instant pousse les fidèles à choisir leurs lieux de cultes à
proximité de leur lieu d’habitation ou de travail. Pour les musulmans, ce phénomène est très
souvent observé, mais pour les autres religieux, cela peut être un peu nuancé. Cependant, il est
à noter que la religion occupe beaucoup la vie des populations et peut prendre entre 5 à
30 min de leur temps de déplacement quotidien ou hebdomadaire.
Autrement, faire des courses, aller au marché et faire du sport dépendent des aspirations de
chacun. Ces motifs de déplacements sont quotidiennement menés dans les ménages en raison
de leur importance. Mais ces motifs sont complétés par d’autres comme l’accès aux soins et
autres que nous n’avons pas pu nous enquérir lors de nos enquêtes. Les différents résultats
sont représentés sur le graphique 11 suivant.
117
Graphique 10: Représentation des motifs de déplacement quotidien dans l’aire urbaine de
Bouaké
200
180
Nombre de déplacement
160
140
120
100
80
60
40
20
0
Motif de déplacement
Le déplacement est l’épine dorsale de l’activité humaine. En effet, qu’il s’agisse du travail,
des études, des loisirs ou toute autre activité de la vie quotidienne, les habitants doivent se
déplacer pour profiter de l’ensemble des opportunités issues du bassin de la vie urbaine. Le
déplacement prend naissance dans la volonté ou le besoin de l’individu à se mettre en relation
avec les ressources disposées à une certaine distance du domicile, ou tout simplement de
réaliser n’importe quelle autre interaction sociale.
118
4-4-Les modes de déplacements urbains de Bouaké
Chaque citadin, pour ne pas se résoudre à une pratique spatiale de proximité, doit
impérativement recourir au mode de transport qui lui semble le plus adapté pour effectuer ses
déplacements de tous les jours. Habituellement, ceux qui n’ont pas de difficultés matérielles
(27 %) définissent leurs pratiques de mobilité en fonction de leurs aspirations à se déplacer le
plus loin, le plus vite et le plus confortablement possible, alors que pour les mêmes raisons,
les citadins qui vivent des situations sociales difficiles (73 %) n’ont quasiment que très peu de
marge pour le choix de leur mode de déplacement. De ce fait, ils sont contraints à n’utiliser
que le seul moyen de transport qui arrive jusqu’à eux et qui soit surtout à leur portée,
autrement, ils se trouvent dans l’obligation de se déplacer à pied.
Un mode de transport est un moyen auquel on fait appel à chaque fois qu’on souhaite
effectuer un déplacement. De la marche à pied, qui est considérée comme un moyen de
transport à part entière, aux transports mécanisés, on peut répertorier, selon le niveau de
développement économique de la ville de Bouaké, une multitude de modes de transports. Ils
sont classifiés en trois catégories : le mode de déplacements doux qui est non motorisé, le
mode de déplacements alternatif qu’ils soient en commun ou individuels et le mode de
déplacements collectifs.
Dans le cas express de la ville de Bouaké, les résultats de nos enquêtes nous ont permis de
comprendre que 97 % de la population utilisent la marche à pied pour divers déplacements.
Ainsi, la perception faite sur ce mode de déplacement est telle que la marche à pied est un
mode de déplacement exclusif et accessible à toute personne en possession de toutes ses
capacités physiques. Elle fait partie des mouvements naturels du corps humain qu’on sollicite,
spontanément, pour aller d’un point à un autre. Selon les caractéristiques propres à chacun, les
citadins sont amenés, à un moment ou à un autre, à pratiquer la marche comme mode de
déplacement exclusif ou alors comme complément aux autres modes de transports mécanisés.
Dans les villes développées, de moins en moins des citadins ont recours à la marche comme
119
mode de déplacement exclusif. Dans ce cas de figure, elle est pratiquée pour effectuer les
extrémités des trajets réalisés à l’aide d’un moyen de transport mécanisé (DIAGANA, 2010).
120
du comportement de mobilité. En ce sens, le degré d’intégration urbaine et d’accès aux
ressources urbaines est conditionné par la pratique de la mobilité. De ce fait, pour une
meilleure insertion dans la vie urbaine, les citadins optent pour des moyens de transport les
plus ouverts à la ville.
Chaque déplacement est précédé par une évaluation intuitive ou scientifique de l’effort à
fournir pour atteindre une destination particulière. Il apparaît indéniable aujourd’hui, dans les
villes contemporaines, qu’il existe une très forte discordance entre les répartitions
géographiques des ménages et des emplois. D’autre part, les inégalités territoriales sont telles
que les citadins sont amenés quotidiennement, à se rendre à différentes destinations, à
entreprendre des longs trajets de déplacements. Pour ce faire, ils ont le plus souvent à leur
disposition plusieurs moyens de transport. Seulement, ces moyens de transport qui sont censés
atténuer les inégalités entre les territoires et assurer une meilleure intégration urbaine pour
tous peinent souvent à desservir équitablement l’espace urbain. Cette situation est beaucoup
plus critique dans la ville de Bouaké, à l’image des autres villes ivoiriennes.
121
Bouaké semble dynamique en dehors de quelques problèmes d’organisation relevés.
Cependant, nous avons fait une perception sur les moyens dont chaque chef de ménage utilise
pour mener ses déplacements dans la ville. Certains usagers disposent des moyens personnels
qu’ils soient à deux roues (19 %) ou des véhicules personnels (8 %), par contre d’autres
utilisent les taxis communaux (25 %) et les minicars (gbakas 3 %), souvent relayés par les
motos taxis dans des zones difficilement accessibles. Ainsi, le graphique 12 fait étalage de la
distribution des chefs de ménages par choix ou contraintes dans l’utilisation des moyens de
transport urbain à Bouaké.
Graphique 11: Répartition des chefs de ménage par moyens de transport utilisés
GBAKA
VEHICULES 3%
PERSONNELS MARCHE
8% 26%
TAXIS-MOTOS
19%
MOTO
19%
TAXIS
25%
122
4-6-1-Transports et circulation dans l’agglomération de Bouaké
La carte routière de Bouaké renvoie généralement à un espace géographique en évolution
regroupant en tout et impulsé progressivement par la force de l’urbanisation.
123
desserte et permettent de combler le déficit, mais à des heures avancées dans la nuit, les coûts
de transport des taxis-motos augmentent, en raison de la nécessité des déplacements et de
l’absence des autres concurrents.
Ces axes routiers sont l’objet de pression exercée par les riverains qui érigent des
constructions sur les accotements ou en bordure des fossés longitudinaux, aggravant
considérablement les conditions de circulation. Ce phénomène d’occupation illégale de
l’emprise de la voie publique perturbe la circulation générale sur les tronçons urbains de ces
voies. Les véhicules de transport de marchandises ainsi que les transports collectifs effectuent
des arrêts intempestifs sur la route, entravant la fluidité de la circulation, surtout entre la gare
routière et le corridor Nord. Le réseau routier urbain de Bouaké fait face à des problèmes
divers liés à la gestion de la circulation, à la dégradation des infrastructures (Photo 7) et, dans
certains cas, à des problèmes de capacité, dont le programme présidentiel d’urgence (PPU),
initié depuis 2013 a tenté de résoudre.
124
Ce réseau, mal hiérarchisé et incomplet par endroits, assure une desserte médiocre des
différents quartiers composant la ville notamment dans les zones récemment urbanisées. La
hiérarchisation du réseau n’apparait pas suffisamment claire en raison de l’absence
d’itinéraires primaires de liaison inter-quartiers ayant les mêmes caractéristiques sur
l’intégralité de leur parcours. Les différents documents de planification spatiale ont souligné
la nécessité de la réalisation de ces voies. Le réseau secondaire et tertiaire est dense dans les
quartiers centraux, mais peu dense dans les zones périphériques. Mais, certaines zones loties
ne disposent pas de voies ouvertes.
Le réseau de voirie de Bouaké s'organise autour d'un réseau primaire de pénétration (axe
Nord-Sud, Route de M'Bahiakro, Fêtêkro et Bondoukou à l'Est, Route de Béoumi, Sakassou
et Mankono à l'Ouest), d'un réseau secondaire constitué d'axes principaux de quartiers, dont
certains sont revêtus et d'amorces des liaisons inter-quartiers que le franchissement d'obstacles
comme la voie ferrée ou des bas-fonds rend difficile, d'un réseau tertiaire dense et tourmenté,
non revêtu, non assaini et dégradé par endroits. Les principales artères de la ville sont
représentées sur la carte 11 ci-dessous.
125
Carte 11: Représentation de la voirie de la ville de Bouaké
126
collectifs et gbakas) connaissent une hausse significative de leur parc de 2010 à 2014 à
Bouaké. Cette hausse n’est pas uniforme d’un mode de locomotion à un autre. La croissance
du parc véhicule du transport collectif informel depuis la fin de la crise se trouve en
contradiction avec celui du secteur conventionnel.
La faible contenance du parc des autobus connait une dégringolade ou au mieux une
inertie. En effet, la STUB n’existe que de nom, car son parc de 15 autobus en 2010 ne compte
plus que 3 bus en 2014. 80 % du matériel roulant est en état de hors service ce qui préfigure
des jours sombres pour cette société qui a suscité tant d’enthousiasme (KALOU, 2014).
La SOTUB présente également une offre de 5 autobus. Avec un tel parc, cette nouvelle
structure ne peut prétendre à la concurrence imposée par un secteur informel dynamique. Le
secteur formel se résume donc à 08 autobus à Bouaké et ne représente que 0.13 % du parc
total en 2014.
Le secteur des taxis motos facilite l’insertion de la main d’œuvre sans emploi. Les
qualifications s’acquièrent en dehors du circuit classique scolaire, cependant, les revenus sont
très faibles et irréguliers. Malgré, la précarité de l’emploi offert par ce secteur, il est devenu
une force économique et sociale très puissante. Comme l’illustre le caractère « intouchable »
dont les autorités font preuve à son égard. Il reste l’une des rares solutions d’insertion socio-
économique dans une ville comme Bouaké en pleine crise d’emploi.
127
contribution financière de cette activité est peu regardante sur la création anarchique des lieux
de transport par ce mode de locomotion (ZAMBLE, 2014). Les taxis motos depuis leur
apparition à Bouaké en 2002 ont eu le mérite de mettre tout le monde d’accord sur leur
efficacité à répondre aux problèmes de transport urbain. Ils rendent un service qui était
inexistant ou imparfaitement assuré avant leur arrivée. En effet, la souplesse et la flexibilité
dont fait preuve le service des taxis motos n’est pas anodin eu égard leur succès.
128
Conclusion
La ville et la mobilité appartiennent à un système dans lequel les interactions peuvent être
multiples, mais aussi permanentes. En effet, la configuration de la ville, l’organisation de ses
composantes et les caractéristiques de ses populations ne sont pas sans conséquence sur le
fonctionnement du système sanitaire, des modes de déplacements et de transports.
Aussi, les moyens de déplacement qui sont censés atténuer les inégalités entre les
territoires et assurer une meilleure intégration urbaine pour tous, peinent souvent à desservir
équitablement l’espace de Bouaké. Outre, en absence de véritables moyens collectifs de
transports et de desserte efficace, les taxis-motos ont été créés pour corriger ces tares. Mais
ceux-ci sont victimes d’insécurité routière souvent mortelle (sur 600 cas d’accidents de la
route recensés en 2014, 42 cas de mort et le reste sont des dégâts corporels et matériels selon
nos enquêtes, 2015)
Ainsi, les modes de transport qui devraient permettre d’effectuer des déplacements
efficaces sont, malheureusement, axés sur des réseaux qui ne couvrent pas tous les quartiers,
ils se confondent plutôt aux principaux axes routiers qui les bordent. Cette disposition du
réseau exige des habitants, qui se situent loin de celui-ci, qu’ils consacrent souvent de longs
moments juste pour accéder à un transport, ce qui contribue à grossir leur budget en temps de
déplacements.
Le réseau routier urbain, quant à lui, fait face à des problèmes divers liés à la mauvaise
gestion de la circulation, qui conduit à la dégradation des infrastructures et, dans certains cas,
à des problèmes de capacité. Tous ces faits avérés viennent cependant, soutenir notre
deuxième hypothèse selon laquelle les différentes formes de la mobilité de population
génèrent l’émergence de certains problèmes qui contribuent à la dégradation du paysage
urbain de Bouaké.
129
Troisième partie :
IDENTIFICATION DES REELS PROBLEMES DE LA VILLE ET LES
DOMAINES D’INTERVENTION
130
Le patrimoine urbain, dans ses éléments matériels et immatériels, constitue une ressource
essentielle pour renforcer l’habitabilité des zones urbaines, et favorise le développement
économique ainsi que la cohésion sociale dans un environnement en pleine mutation.
Ainsi, l’absence d’une stratégie globale intégrant les enjeux et les mécanismes, à l’œuvre
pour assurer un développement urbain rationnel ont pris le pas sur une gestion dynamique et
durable du milieu urbain. Une politique urbaine claire, en cohérence avec les défis qui sont
posés aux villes aurait pourtant permis de mieux agir pour accompagner l’évolution des
territoires urbains et au-delà promouvoir une meilleure programmation du développement
urbain.
L’absence d’une telle politique se traduit dans les faits par un développement anarchique
de la structure urbaine de la ville. En effet, la situation de cette ville, caractérisée par un
étalement sans précédent a conduit à une dispersion des demandes d’équipements et
d’infrastructures, en tout genre, et se traduit, en termes de mobilité quotidienne, par une
certaine forme de relégation et de sous-intégration pour les populations des quartiers mal
desservis.
131
Chapitre 5 : PERCEPTION SUR LES REELS PROBLEMES LIES A
LA MOBILITE DE LA POPULATION QUI IMPACTE
LE PAYSAGE URBAIN
Une forte mobilité de population mal conçue à l’antan, peut entraîner une urbanisation
rapide, mal maîtrisée, souvent peut avoir un effet dans la fragmentation sociale et spatiale.
Ainsi, ce type d’urbanisation peut avoir un inconvénient sur la qualité de l’environnement
urbain et des zones rurales ou périphériques. Ce phénomène peut être notamment imputable à
une densité de construction excessive, à l’uniformisation et la monotonie du bâti, à
l’inadaptation des infrastructures à l’évolution de la ville, à l’isolement et à l’insécurité de
certains quartiers de la ville. C’est pourquoi ces problèmes méritent en urgence une bonne
intervention dans les différents domaines de la part des riverains et des autorités locales de la
ville.
132
croissance urbaine et à la non-maîtrise de la gestion de l’environnement urbain, d’où de
graves menaces sur la qualité des eaux dont l’impact est indéniable, aussi bien sur la santé des
populations riveraines.
En ce qui concerne les nuisances, ce sont les mauvaises odeurs émanant des dépôts
d’ordures que l’on met de plus en plus de temps à enlever, des eaux usées dans les caniveaux
ou qui stagnent dans les rues. Ce sont également les incommodités liées aux latrines
traditionnelles (mauvaises odeurs, prolifération des mouches, des moustiques, des cafards),
ainsi que les bruits incessants de véhicules et de motos (surtout les taxis-motos), de musique
(le cas du quartier Commerce) et des activités artisanales dans les zones d’habitations.
133
urbain (REPCI, 2006). D’une manière générale, des opérations de lotissements anarchiques
présentent très peu d’attributs de l’urbanité dans l’espace urbain de Bouaké.
La prise de conscience des contrastes flagrants du domaine foncier doit conduire les
autorités à initier un ensemble de programmes de développement pour lutter contre les
disparités sectorielles. Il en sera ainsi pour les investissements publics multisectoriels mettant
en valeur les matières premières de base autour de grands équipements structurants.
Ce réseau, mal hiérarchisé et incomplet par endroits, assure une desserte difficile entre les
différents quartiers composant la ville notamment dans les zones récemment urbanisées (les
extensions des principaux quartiers de la ville). La hiérarchisation du réseau n'apparaît pas
suffisamment clairement en raison de l'absence d'itinéraires primaires de liaison inter quartiers
ayant les mêmes caractéristiques sur l'intégralité de leur parcours. Les différents documents
de planification spatiale (les documents d’urbanisme directeur, les documents d’urbanisme
opérationnel, les documents dits de règlement d’urbanisme) ont souligné la nécessité de la
réalisation de ces voies. Le réseau secondaire et tertiaire est dense dans les quartiers centraux,
mais faibles dans les zones périphériques, certaines zones loties ne disposant pas de voies
ouvertes.
Quant au réseau bitumé, assez dense dans la partie centrale de la ville, reste insuffisant
dans les zones périphériques. L'équipement en voirie bitumée n'a pas suivi le rythme de
croissance de la ville et le niveau de service offert par ce réseau a baissé. Le linéaire de la
voirie bitumée est de 107 km, soit une moyenne de 0,29 mètre linéaire par habitant. L'image
actuelle de la voirie se présente comme suit :
- tous les quartiers ont un point commun. Ils sont tous caractérisés par un ou deux
grands axes qui les traversent en longueur. Ce sont généralement des axes à chaussée
simple, de largeur variable agrémentée de multiples ronds-points. Ce sont évidemment
les rues les plus animées.
134
- la situation en tant que carrefour a donné à la voirie primaire une configuration en
étoile de la ville. Les principales voies de pénétration convergent toutes au centre-ville
et la croissance spatiale de la ville qui s'effectue essentiellement le long de ces axes
accentue cette forme,
- la route Abidjan-Katiola est le cordon ombilical de Bouaké. Après avoir traversé le
centre des affaires, elle continue de façon rectiligne jusqu'à la sortie Nord de la ville.
Elle est rejointe au niveau des rails par l'autre axe important de pénétration qu'est la
route M'Bahiakro-Béoumi. Deux bretelles s'y greffent au niveau de la gare routière.
L'une est dirigée vers Gonfréville et l'aéroport et l'autre vers le camp militaire. Tout
part du centre-ville et tout y aboutit. Les liaisons entre les différents quartiers ne
s'effectuent que par le noyau primaire de la ville.
Malgré l’apport du Programme Présidentiel d’Urgence initié en 2013, le plan de la voirie reste
l’ombre de son passé. Les quartiers situés dans un rayon d’un kilomètre, appartenant au noyau
ancien de la ville de Bouaké, sont desservis.
Ainsi, l’analyse de la carte 12 laisse apparaître qu’il serait souhaitable qu’une première
ceinture soit établie au-delà d’un rayon de trois kilomètres depuis le rond-point. Et une autre
au-delà de cinq kilomètres pour faciliter le transport et le déplacement des populations
riveraines dans les différentes circonscriptions de la ville.
Aujourd’hui, cela est facilement faisable, sinon lorsque la taille de la population sera
importante, cela deviendra difficilement applicable à l’image de la métropole abidjanaise dont
la congestion est un vécu du quotidien. La ville de Bouaké est appelée donc à prévoir des
ouvertures pour soutenir le transport public accessible à toutes les populations quel que soit
leur positionnement dans l’espace urbain. La carte 12 ci-dessous montre la perceptive de cette
recommandation en matière de ceinture de circulation urbaine.
135
Carte 12: Ceinture de circulation souhaitée
136
les distances de déplacements et par la même occasion de limiter les besoins en termes des
transports.
5-2-1-Le mitage
Phénomène historique de la modernisation des sociétés, l’urbanisation reste aujourd’hui un
véritable défi dans les pays en développement. La Côte d’Ivoire, pays par excellence de
destination de flux migratoires, n’échappe pas à la dynamique de l’urbanisation. Dans ce
contexte, les difficultés liées à l’urbanisation et à la gestion urbaine sont accentuées par la
migration et la crise sociopolitique que traverse le pays depuis les années 1990.
L’habitat de bas standing traduit les conditions de la croissance urbaine dans une société
inégalitaire. L'exode rural amène dans les villes une population pauvre, dont les pouvoirs
publics sont dans l'impossibilité d'assurer l'accueil et le logement. Ces néocitadins occupent
illégalement des terrains souvent inconstructibles (en raison de la pente ou de problèmes
d'eau, ou parce qu'ils sont grevés de servitudes) selon les normes habituelles. La construction
se fait selon l'opportunité d'une place libre pour minimiser les coûts, et souvent en un temps
très court pour éviter une éventuelle procédure d'expulsion.
A l’échelle de la ville de Bouaké, cet état de fait, lié à un manque de rigueur dans la prise
des décisions, participe à l’émergence des quartiers spontanés. C’est à travers la mise en place
137
de ces quartiers, généralement situés à la périphérie, que l’on observe le mitage avancé dans
des zones inappropriées, souvent aux abords des installations industrielles, des villages
traditionnels lotis ou à la périphérie. Ces installations couvrent d’immenses espaces et
s’étalent rapidement en raison de l’acquisition facile des terrains d’installation qualifiée
d’anarchie.
Le niveau d’équipement est un critère utilisé pour établir des typologies de quartiers. Pour
un quartier donné, cet indicateur détermine le niveau socioéconomique et des conditions de
vie de ses habitants. Il renseigne sur le pouvoir d’attraction du quartier et de son potentiel de
densification. C’est un indicateur qui permet de distinguer les zones d’habitation à Bouaké.
Ainsi, à l’image du quartier Municipal, les modèles de construction imposés dans les quartiers
comme Kennedy, Air France II et III, Maroc (récemment construit juste après la crise de 2002
au nord de la ville) donnent un aspect résidentiel à ces quartiers les séparant des autres
138
quartiers. C’est ce qui traduit les formes de ségrégation spatiales à l’échelle des quartiers et
des ménages comme on le constate sur la photo 9 ci-après.
Cette politique doit s’exercer dans un cadre contractuel, liant par des engagements
réciproques pluriannuels de l’Etat, les communes, mais également les opérateurs du logement
social. La mise en œuvre des contrats privés de construction de logements modernes favorise
également la concertation avec la population concernée par ces différents projets et
l’intervention de nouveaux acteurs locaux, dont les associations socio-éducatives.
139
Parallèlement, elle reflète les priorités accordées, successivement, à l’action vers les quartiers
en difficulté, à la prise en compte de la ville tout entière puis à une vision de la structuration
de l’espace étendue de l’agglomération sur les limites de la commune.
5-2-3-L’insécurité urbaine
Habiter un quartier pauvre contribue à augmenter les risques d’insatisfaction de ses
habitants. Ce sont souvent les lieux les moins attractifs qui subissent des nuisances, des
dégradations, des vols et souffrent d’insécurité. La perception de la dangerosité d’un quartier
constitue même l’incitation la plus forte à déménager et contribue ainsi à la ségrégation (PAN
KE SHON, 2009).
140
fait à l’absence de voie d’interconnexion des quartiers (l’exemple de la Zone Industrielle,
Tollakouadiokro, etc. qui n’ont qu’une entrée et sortie principale). Cela a pour corollaire le
rallongement des circuits de déplacements des populations. Ainsi, ces derniers pâtissent de
l’insécurité grandissante (surtout après la crise de 2002 où le désarmement n’a pas été effectif
sur l’ensemble du territoire ivoirien) à des heures reculées dans la nuit (entre 20 h du soir et
5 h 30 du matin).
Le résultat c’est que ces quartiers qui sont dans une position d’isolement de la première
couronne de la ville, inaccessible, tout d’abord par l’insuffisance des infrastructures qui
provoque par la suite le sentiment d’insécurité. De plus, il n’existe pas d’éclairage public sur
les pistes de circulation qui permettent d’accéder en tout lieu à ces quartiers (Photo 10).
141
Graphique 12: Etat de la sécurité de la ville de Bouaké
SECURISE
4%
FAIBLE
24%
MOYEN
72%
A l’échelle des onze quartiers enquêtés, les informations recueillies auprès des ménages
permettent de dire que seuls les quartiers Gonfréville, Kennedy et Idessa dont les ménages ont
soutenu être dans un état de sécurité. En effet, ces quartiers dits sécurisés sont des cités
restreintes (Gonfréville et Idessa). Gonfréville a été construit pour loger les ouvriers de
l’usine textile Gonfréville. Ainsi, à Gonfréville, c’est une certitude, par contre à Idessa, la
proximité de Sokoura suscite des inquiétudes.
142
Tableau 14: Etat de la sécurité à l’échelle des quartiers de Bouaké en 2015
Sentiments Sentiments de Etat de sécurité des quartiers enquêtés
d’insécurité sécurité des Vols Agressions
des ménages ménages Faible Moyen Sécurisé
AHOUGNANSOU 12 2 2 - - 14 -
AIR FRANCE 8 17 - 3 7 18 -
BROUKRO 6 14 - - 3 17 -
DAR-ES-SALAM 9 39 - - 9 37 -
GONFREVILLE - 5 - - 0 0 5
IDESSA - 9 - - 0 9 -
KENNEDY - 6 2 - 0 4 2
KOKO 10 11 - - 15 6 -
MUNICIPAL 1 5 - - 1 5 -
TOLLA
KOUADIOKRO 1 7 1 - 1 7 -
ZONE
INDUSTRIELLE 11 19 10 5 11 19 -
SOURCE : Nos enquêtes, 2015
Ces informations sont quelque peu nuancées par celles recueillies auprès de la préfecture
de police et des sapeurs-pompiers de Bouaké. Les données reçues nous ont permis de faire
une synthèse de l’état de sécurité de la ville. En fait, ces dernières années (surtout depuis
2011) la situation criminogène générale s’est améliorée, mais on note quelques poches où l’on
relève des cas d’agression. Le paradoxe est que ce sont les quartiers situés à la lisière de la
première couronne qui pâtissent de l’insécurité. Ces quartiers concernent Koko (où les agents
de police reçoivent beaucoup de plaintes), N’Gattakro et Houphouët-ville. A ces quartiers il
faut ajouter ceux de Belleville, Broukro et Ahougnansou où l’on note quelques cas. En
complément, les quartiers extrêmes et difficiles d’accès comme Tollakouadiokro et une
extension du quartier Gonfréville en occurrence Niamien Akakro sont aussi exposés au
phénomène.
Les raisons évoquées font état des difficultés liées à l’absence de voies d’accès, ce qui fait
que les patrouilles ne durent pas et les interventions en cas d’agression ne peuvent se faire
dans le temps voulu. Ces difficultés sont aussi tributaires à l’absence d’électrification
publique sur les différents axes routiers qui mènent à ces quartiers. Cependant, on distingue
deux catégories de plaintes enregistrées en matière de droit pénal : les atteintes à l’intégrité
physique (peuvent avoir des effets meurtriers sur l’homme) et les atteintes aux biens
143
(concernent les vols de biens matériels). Les informations recueillies sont consignées dans le
tableau 15 ci-après.
Dans le même cas, 5 % des interventions des sapeurs-pompiers, dans les cas d’urgence en
2014 ont concernés les agressions, généralement faites suite aux vols de motos. Et la plupart
des vols de motos sont en stationnement. Mais à cela il faut ajouter les victimes d’insécurité
routière. Là, les usagers de motos pâtissent énormément. Sur 600 cas recensés en 2014, il y a
eu 42 victimes qui ont perdu la vie. Les sapeurs-pompiers ont souligné que 75 % des urgences
en 2014 concernent les accidents de la route sans situation géographique particulière
(Préfecture de police et Sapeurs-pompiers, 2015).
Pallier à l’insécurité et favoriser une sainte accessibilité des quartiers riverains de la ville
seraient une situation de satisfaction pour les populations. Certes, avec le retour de
l’administration des efforts ont été faits pour réguler la situation sécuritaire de la ville, mais il
existe toujours des zones d’ombre qui méritent plus d’apports.
144
La dégradation de la voirie liée au ruissellement des eaux usées est aussi un facteur qui met
en mal le cadre sanitaire. Les pentes sont relativement élevées ainsi, la voie à ce niveau est
exposée aux eaux de ruissellement qui descendent vers le cours d’eau qui servent de limite
aux quartiers. Le climat étant favorable aux précipitations, on enregistre très souvent de très
fortes pluies entre mars et octobre et surtout septembre. Ces pluies sont source d’érosion et
constituent également l’une des principales causes de la stagnation des eaux qu’on observe sur
les voies de circulation.
Les quartiers sans système d’assainissement collectif concernent l’ensemble des quartiers
se trouvant à la périphérie de la ville. C’est l’exemple des quartiers Dar-es-salam, Tchèlèkro,
Broukro parmi tant d’autres (SORO, 2014). Les populations de ces quartiers majoritairement
situés à la périphérie de la ville, n’ont que les rues comme seuls moyens d’assainissement
collectif. La gestion inadéquate des eaux usées liée à l’insuffisance et à l’inadaptation des
infrastructures d’assainissement est susceptible d’influencer de façon négative aussi bien
l’environnement que la santé de l’être humain.
Ainsi, pour pallier à ces insuffisances dans la gestion du cadre sanitaire, le service
d’hygiène a pour rôle la sensibilisation et l’éducation de la population pour qu’elle ne jette pas
les eaux usées dans les caniveaux. En réalité, les eaux usées ne doivent pas être jetées dans le
cadre de vie ou même dans les caniveaux. Les caniveaux sont destinés à l’évacuation des eaux
pluviales. Le service d’hygiène a pour rôle de veiller à ce que les eaux usées ne débordent pas
de leur cadre de gestion. Il a également pour tâche d’amener les populations à effectuer
régulièrement les vidanges et à leur permettre de réaliser de bonnes infrastructures.
145
Chapitre 6 : STRATEGIE DE RESTAURATION DE LA VILLE
Le modèle de développement urbain, qu’a suivi Bouaké depuis sa création (forte
croissance démographique et expansion spatiale rapide) exerce de fortes contraintes sur les
conditions de mobilité des populations dans la ville, et constitue un défi pour les politiques
publiques.
L'inégale distribution des hommes, des services, des équipements et activité sur l’espace
urbain renforce les disparités, surtout concentrés dans le centre, le long des grandes artères et
autour de quelques pôles secondaires. L'emploi, même informel est une ressource inégalement
répartie dans la ville, facilement accessible pour certains, éloignée pour beaucoup.
La croissance rapide de la ville de Bouaké, ainsi que les modalités de cette croissance
constituent donc un défi pour les politiques publiques, et plus largement pour l'action de tous
les acteurs institutionnels, publics ou privés, qui interviennent dans la planification urbaine,
directement et indirectement, sur les conditions de mobilité des personnes, qu'il s'agisse de
migrations, de mobilités résidentielles ou de mobilités quotidiennes.
Après une présentation rapide des principales politiques et des principaux acteurs de
l'aménagement et du développement urbain de Bouaké, nous aborderons, dans ce chapitre,
successivement la politique de la rénovation urbaine, la politique du réaménagement de
l’espace urbain, et la politique du transport urbain, dans leurs interactions avec les pratiques
des habitants, puisqu’ils sont les premiers acteurs qui construisent la ville.
Comme vue tout au long de la première partie de l’étude, la ville de Bouaké suivait une
dynamique dans un processus d’urbanisation. Cette urbanisation a connu une césure due à la
longue crise la Côte d’Ivoire durant plus d’une décennie. Ainsi, après cette crise, le paysage
urbain montre des défaillances sectorielles et cela appelle à une contribution de tous les
146
acteurs afin de rendre à la ville son lustre d’antan. Et cette restauration de la ville doit par
exemple passer par un réaménagement, une densification des zones déjà urbanisées et d’une
démolition suivie de construction pour l’utiliser équitablement au profit d’une mobilité de
population bien pensée.
Certes, d’importants travaux dans la reconstruction de la ville ont été faits depuis le retour
de l’administration après la crise. Qu’il s’agisse de la réhabilitation des infrastructures
routières, commerciales, scolaires, administratives, etc., et/ou la construction de nouvelles, le
problème axial dans l’évolution de la ville demeure : l’urbanisation s’appesantit davantage sur
l’espace rural.
147
l’offre par rapport à la demande de logements dans la ville et par une propension des
constructions à la périphérie au détriment de l’intensification et du renouvellement du noyau
urbain, essentiellement pour des raisons de faisabilité financière et de faiblesse d’une offre
foncière adaptée. Cette périurbanisation aboutit à un allongement des déplacements, à une
hausse des coûts de transport, à une diminution et un mitage des espaces naturels et agricoles
et à l’irréversibilité quasi systématique de l’imperméabilisation des sols.
La lutte contre le mitage urbain est un des axes majeurs de la ville de Bouaké. Elle doit
contribuer à la prise de mesures pour renforcer tout d’abord les obligations des schémas de
cohérence de l’espace urbain et des plans locaux d’urbanisme (PLU) en matière d’analyse de
la consommation d'espaces naturels ou agricoles et prévoit également que les PLU devront
intégrer une analyse des capacités de densification dans les schémas d’urbanisme. La
réflexion sur la démolition urbaine à un renouvellement urbain est un supplément de la
politique de densification urbaine. Ainsi, la démolition doit être explorée comme une
condition à la réalisation de grands projets modernes, une conséquence de l’insécurité
foncière, un préalable à l’implantation de grands équipements urbains, un outil de
redéveloppement et comme une opportunité de reconstruction suite à la crise. La
reconstruction en hauteur des zones urbanisées est certes couteuse en termes de finance, mais
une mesure adaptative à l’urbanisation latérale et horizontale.
148
6-5-Synthèse des recommandations
Pour faire face à ce problème de l’environnement, des objectifs doivent être fixés, à savoir
déplacer les quartiers d’habitat précaire des sites inappropriés en respectant les droits et les
biens des personnes, développer la formation en assainissement, assainir le cadre de vie des
populations pour garantir la lutte contre la pollution et la dégradation de l’environnement et
promouvoir au niveau des individus une meilleure connaissance des interrelations population
- environnement - développement.
149
Conclusion
Les différentes perceptions sur les zones d’ombres de la mobilité de la population et les
projections faites répondent à la nécessité de mieux intégrer et inscrire les stratégies
d’habitabilité et de conservation du domaine urbain dans le cadre des objectifs plus larges du
développement durable global, de façon à appuyer les initiatives publiques et privées visant à
préserver et à renforcer la qualité de l’environnement urbain.
C’est une approche fondée sur le paysage urbain pour identifier, conserver et gérer les
espaces dans le cadre urbain plus large, prenant en considération l’organisation et les liaisons
spatiales et leurs caractéristiques, ainsi que les valeurs politiques, sociales, culturelles et
économiques qu’ils incarnent.
Une telle approche tient compte des impératifs qui guident les politiques et la gestion des
différentes parties prenantes : les acteurs publics et privés intervenant à l’échelon local,
régional et national dans le processus de développement de la ville de Bouaké.
150
CONCLUSION GENERALE
Bouaké est une ville qui connaît, depuis sa création, un développement spatial en perpétuel
dynamique liée à une importante croissance démographique. La rapidité avec laquelle ces
mutations se sont produites a pris de court la puissance publique et mis à mal les efforts des
collectivités en termes de planification urbaine en général, de création d’infrastructures et
d’équipements publics, mais aussi d’acheminement des services de base.
La croissance rapide et non régulée des dernières décennies a transformé Bouaké en une
vaste agglomération vulnérable, inégalitaire, dont les services de base ne couvrent pas toutes
les populations qui sont contraintes de s’auto-organiser. Des poches d’habitats spontanés
entourant les quartiers huppés (Municipal, Kennedy, Maroc, Air France II et III), éloignés du
centre-ville semblent se constituer, à cause de la contiguïté, les extensions des zones
résidentielles de hauts et moyens revenus.
En somme, face à la relégation spatiale et aux difficultés observées, il apparaît que des
suggestions soient faites pour réduire les effets de la mobilité des populations sur l’espace
urbain et opter pour une intégration urbaine bien définie.
151
BIBLIOGRAPHIE
ALOKO N. J., 2001, « Les relations entre transport collectif/espace urbain à Bouaké », In :
La revue de géographie tropicale et d’environnement, Abidjan, n°1, Presse
Universitaire de Côte D’Ivoire, pp. 93-111.
ANDRIEU J., (2010), Commentaire de la carte des changements de l’occupation du sol dans
les rivières-du-sud, n°203, Paris, pp. 1-20.
ANTONIO D. C et al, (2008), les cahiers du développement urbain durable, Urbia, 132 p.
BABO A., (2010), Conflits fonciers, ethnicité politique et guerre en Côte d’Ivoire,
Alternatives sud, vol. 17, pp. 95-118.
BAKARY C., (2007), Migration et tensions sociales dans le sud-mali, Bamako, POINT
SUD, 71 p.
BAKARY F., (2012), La migration malienne entre crises et rapatriement en Côte d’Ivoire,
Espaces Temps.net, Peer review, (http://www.espacestemps.net/articles/la-
migration-malienne/, Consulté le 25/03/2015).
152
BAVOUX J.-J., (2002), La géographie, Objet-Méthodes-Débats, Paris, Armand
Colin/VUEF, 509 p.
BUGA N., (2011), la diaspora comme ressources d’intégration dans l’économie mondiale,
Thèse de doctorat, Moldova, CREPPEM, 515 p.
153
COTTEN A.-M., (1974), « Un aspect de l’urbanisation en Côte d’Ivoire », in : Les cahiers
d’Outre-Mer, Revue de géographie, Bordeaux, O.R.S.T.O.M, n° 106,
pp 183-193.
DUREAU F., FLOREZ C. E., (1994), « Observer la mobilité spatiale dans sa diversité :
éléments d’une approche appliquée à Bogota », in : Atelier mesure de la
migration internationale, Mexico, COLEF-ORSTM, pp. 1-40.
154
FARGUES P., (1986), « Mobilité du travail et croissance d'une économie agricole : la Côte
d'Ivoire », in: Tiers-Monde, n°105, tome 27, pp. 195-211.
FOL S., GALLEZ C., (2013), Mobilité, accessibilité et équité : pour un renouvellement de
l’analyse des inégalités sociales d’accès à la ville, Marne-la-Vallée, Colloque
international du Labex Futurs Urbains, pp. 1-10.
FRANÇOIS D., (1987), Migration et urbanisation, cas de la Côte d’Ivoire, Paris, Institut
française de recherche scientifique pour le développement en coopération, Coll.
Etude et Thèse, Ed. ORSTOM, 644 p.
JANIN P., (2001), « Une géographie sociale de la rue africaine », in : Politique africaine,
Université Paris-I/IEDES, IRD, n°82, pp 177-189.
KALOU B., (2014), Organisation du transport dans la ville de Bouaké, Université Alassane
Ouattara, Mémoire de master 2, 134 p.
155
KOUASSI K. S., (2014), Les taxis à gaz, une autre forme de désordre urbain à Bouaké, Ed.
vol.10, n°35, European Scientific Journal, ISSN, pp. 1-15.
KOULAI A., (2014), Agriculture et développement durable dans la région des montagnes :
cas du département de Kouibly, Université Félix Houphouët Boigny, Thèse de
doctorat, Abidjan, IGT, 338 p.
LACOMBE B., (1969), Mobilité et Migration, vol. VI, n° 4, Cah. O.R.S.T.O.M., pp. 1-32.
LEVY J., LUSSAULT M., (2003), Dictionnaire de géographie, et de l’espace des sociétés,
Edition Belin, 1030 p.
M’BRA K., (2011), L’intégration africaine à l’épreuve des crises ivoiriennes, Rabat,
CODESRIA, pp. 1-32.
MEYER JB., (2003), Diasporas : Concepts et pratiques, Diasporas scientifiques, Ed. IRD,
pp. 1-19.
156
MINISITERE FRANÇAIS DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES, (2006), définition
De l’accessibilité, une démarche interministérielle, République Française, 66 p.
PHILIPE A., (1997), « L’urbanisation en Afrique et ses perspectives », in : Aliments dans les
villes, FAO, DT/12-97F, pp 1-21.
157
PICOUET M., (2002), « Formes de mobilité et dynamique de l’environnement en Tunisie »,
in : Migration et environnement, Vol. 18, n° 2, p. 51-65.
PICOUET M., (2006), Dynamique des populations, disponibilités en terres et adaptation des
régimes fonciers, le cas de la Tunisie, Paris, Comité international pour la
coopération dans les recherches nationales en démographie, 298 p.
PIERRE J., (2001), Une géographie sociale de la rue africaine (Bouaké, Côte d’Ivoire),
Politique africaine, Magazine, n° 82, pp. 177-189.
PIOMBINI A., (2013), Contexte spatial des ambiances urbaines et usage des lieux, UMB,
14 p.
RAOUL E. et CASTEIGTS M., (2011), La mobilité et les transports dans les territoires
ruraux, 70 p.
SANTOS M., (1970), « Une nouvelle dimension dans l'étude des réseaux urbains dans les
pays sous-développés », in: Annales de Géographie, n°434, Creative Commons,
pp. 425-445.
SANTOS M., (1961), « Quelques problèmes des grandes villes dans les pays sous-
développés », in: Revue de géographie, Lyon, Vol, 36 n°3, Creative Commons,
pp. 197-218.
SORO M., (2014), Gestion des eaux usées et dégradation de l’environnement à Bouaké,
Université Alassane Ouattara, Mémoire de master 2, 148 p.
158
TAMATOA B., (2004) « Mobilité et territorialité en Océanie », in: L'information
géographique, Vol. 68 n°3, Creative Commons, pp. 195-211.
TUO D., (2014), Mobilité quotidienne et dynamique urbaine dans la ville de Bouaké,
Université Alassane Ouattara, Mémoire de master 2, 148 p.
VEI K. N., (2005), Suivi et évaluation de l’impact socio spatio-temporel d’un projet
d’aménagement du territoire en Afrique de l’ouest. L’exemple du barrage de
Taabo en Côte d’Ivoire. Apport de la télédétection et des SIG. Thèse unique de
doctorat, Université de Cocody-Abidjan (Côte d’Ivoire), 154 p.
XAVIER M., (2013), « Paysage urbain : prémisses d’un renouvellement dans géographie
française, 1960-1980 », in : Strates, (http://strates.revues.org/5403,
Consulté le 25/07/2015).
159
YAO N. F., (2014), L’évaluation de l’impact de la construction du barrage de Kossou sur la
population et l’environnement dans la Sous-préfecture de Kossou, Université
Alassane Ouattara, Mémoire de master 2, 197 p.
ZAMBLE B., (2014), L’essor des taxis-motos dans le système de transport collectif à
Bouaké, Université Alassane Ouattara, Mémoire de master 2, 152 p.
160
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Liste des cartes
Carte 1: Présentation de la ville de Bouaké.............................................................................. 67
Carte 2: Répartition de la population urbaine de Bouaké en 2014........................................... 70
Carte 3: Répartition des chefs de ménages enquêtés par quartiers choisis de Bouaké en 2014
.................................................................................................................................................. 79
Carte 4 : Représentation de la ville de Bouaké avant 1960 ...................................................... 84
Carte 5: Représentation de la ville de Bouaké entre 1960 et 1980 .......................................... 86
Carte 6 : Représentation de la ville de Bouaké à partir de 2000 .............................................. 88
Carte 7: Synthèse de la croissance urbaine de Bouaké ............................................................ 89
Carte 8: Représentation du cadre sanitaire à l’échelle des quartiers de la ville de Bouaké ... 104
Carte 9: Représentation des sens de circulation dans la ville de Bouaké ............................... 110
Carte 10: Représentation des équipements et de la fonction urbaine de Bouaké ................... 115
Carte 11: Représentation de la voirie de la ville de Bouaké .................................................. 126
Carte 12: Ceinture de circulation souhaitée ........................................................................... 136
161
Tableau 10: groupe d’âges de 65 ans et plus ............................................................................ 75
Tableau 11: Production foncière urbaine de Bouaké depuis sa création .................................. 92
Tableau 12: Répartition des ménages par motif de déplacement ............................................. 99
Tableau 13: Synthèse de l’utilisation des modes de déplacement à Bouaké ......................... 120
Tableau 14: Etat de la sécurité à l’échelle des quartiers de Bouaké en 2015 ......................... 143
Tableau 15: Etat de la sécurité à l’échelle de la ville de Bouaké en 2014 ............................. 144
162
ANNEXES
Questionnaires adressés aux chefs de ménages de la ville de Bouaké
ANNEXE 1 : Questionnaire
Numéro de fiche…………………………………………………………………………………
Date………………………………………………………………………..…………….………
Chef de ménage………………………………………………………………………………….
Contact…………………………………………………………….…………………………….
Quartier……………………………………………………………………….…………………
Durée…………………………………………………………………………….………………
163
III-Les modes de déplacement
1-Les modes doux : Marche Poussette Vélo Autre….……………………………
2-Les modes alternatifs : Auto Deux roues motorisées Autre…………………...……
3-Les modes collectifs : Taxis Car Bus Train A Covoiturage A Autre……...…
u u
IV-Les moyens de déplacement t t
r r
Marche pédestre
e e
Charrette
Vélo
Tricycle
Moto
Taxis-motos
Taxis
Camion
Bus
Autre………………………………………………………………………………………..........
164
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE .............................................................................................................................. 2
SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................................................. 3
AVANT-PROPOS ..................................................................................................................... 5
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. 6
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 7
1-Intérêt du sujet..................................................................................................................... 9
2- Cadre spatial du sujet ......................................................................................................... 9
REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................................................ 11
1-Mobilité de population et développement local ............................................................ 11
2-Mobilité de population et dynamique de l’occupation du sol ....................................... 20
3-Les champs d’application de la mobilité de population................................................ 25
APPROCHE DEFINITIONNELLE ......................................................................................... 36
1-Mobilité ............................................................................................................................. 36
2-Population ......................................................................................................................... 38
3-Ville................................................................................................................................... 39
4-Développement ................................................................................................................. 41
5-L’environnement urbain.................................................................................................... 43
6-Le paysage urbain ............................................................................................................. 45
PROBLEMATIQUE ................................................................................................................ 47
LES OBJECTIFS ..................................................................................................................... 49
1-L’objectif général .............................................................................................................. 49
2-Les objectifs spécifiques ................................................................................................... 49
LES HYPOTHESES ................................................................................................................ 49
1-L’hypothèse générale ........................................................................................................ 49
2-Les hypothèses spécifiques ............................................................................................... 49
LES VARIABLES D’ANALYSE ........................................................................................... 50
1-Les variables relatives à la population .............................................................................. 50
2-Les variables relatives à la croissance urbaine ................................................................. 50
3-Les variables relatives à la mobilité de population ........................................................... 51
4-Les variables relatives à l’identification des problèmes et les actions à mettre en œuvre
pour le développement urbain adéquat................................................................................. 52
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ............................................................................ 54
165
1-Les techniques de collecte de l’information ..................................................................... 54
1-1- La recherche bibliographique et les sources de documentation ............................... 54
1-2-Les documents cartographiques................................................................................. 54
1-3-Les données statistiques............................................................................................. 55
2-L’observation directe ........................................................................................................ 55
2-1-L’échelle de la ville ................................................................................................... 55
2-2-L’échelle de quartier .................................................................................................. 55
2-3-L’échelle des ménages ............................................................................................... 55
3-L’entretien et l’enquête de terrain ..................................................................................... 56
3-1-L’entretien ................................................................................................................. 56
3-2-L’enquête de terrain ................................................................................................... 56
4-Choix de l’échantillon ....................................................................................................... 57
5-Le traitement de l’information .......................................................................................... 59
5-1-Le traitement statistique................................................................................................. 59
5-2-Le traitement cartographique ......................................................................................... 59
5-3-Le traitement qualitatif .................................................................................................. 59
6-Les difficultés et les limites de l’étude ............................................................................. 62
Première partie : DYNAMIQUE DE LA POPULATION ET CROISSANCE URBAINE .... 64
Introduction .......................................................................................................................... 65
Chapitre 1 : LA DYNAMIQUE DEMOGRAPHIQUE ........................................................... 66
1-Etude de la population de Bouaké .................................................................................... 66
1-1-Histoire de la ville de Bouaké.................................................................................... 66
1-2-Présentation de la ville de Bouaké ............................................................................. 67
1-3-Les étapes de la croissance démographique de la ville de Bouaké ........................... 67
1-4-La répartition de la population sur l’espace urbain de Bouaké ................................. 69
1-5-Caractéristique de la population ................................................................................ 70
Chapitre 2 : LA CROISSANCE URBAINE ............................................................................ 81
2-1-L’urbanisation de la ville de Bouaké ............................................................................. 81
2-1-1-La ville depuis l’époque coloniale ......................................................................... 82
2-1-2-De 1960 à 1980 ...................................................................................................... 84
2-1-3-De 1980 à 2000 ...................................................................................................... 87
2-1-4-A partir de 2000...................................................................................................... 87
2-1-5-Synthèse de la croissance urbaine de Bouaké ........................................................ 88
166
2-2-La production du foncier urbain de Bouaké .................................................................. 90
2-2-1-Les lotissements faits avant 1980 ........................................................................... 91
2-2-2-Les lotissements faits après 1980 ........................................................................... 91
2-3-Les caractéristiques de l’urbanisation de Bouaké.......................................................... 92
Conclusion ............................................................................................................................ 94
Deuxième partie : ETUDE MONOGRAPHIQUE DE LA MOBILITE DE LA POPULATION
.................................................................................................................................................. 95
Introduction .......................................................................................................................... 96
Chapitre 3 : CHOIX DU LIEU D’HABITATION................................................................... 97
3-1-Motifs du choix du lieu résidence.................................................................................. 97
3-2-Lieu de provenance des migrants .................................................................................. 98
3-3-L’état du cadre de vie .................................................................................................... 99
3-3-1-La prolifération des quartiers spontanés............................................................... 100
3-3-2-L’aspect sanitaire urbain de Bouaké .................................................................... 102
3-3-3-La pollution observée dans le paysage urbain de Bouaké .................................... 105
Chapitre 4 : LES DEPLACEMENTS INTRA-URBAINS .................................................... 109
4-1-La perception sur les déplacements urbains de Bouaké .............................................. 109
4-2-Les fonctions urbaines de Bouaké ............................................................................... 111
4-2-1-La fonction administrative de la ville de Bouaké ................................................. 112
4-2-2- La fonction éducative de la ville de Bouaké ....................................................... 112
4-2-3- La fonction sanitaire de la ville de Bouaké ......................................................... 113
4-2-4- La fonction industrielle de la ville de Bouaké..................................................... 113
4-2-5- La fonction marchande de la ville de Bouaké ..................................................... 113
4-2-6- La fonction communicative de la ville de Bouaké .............................................. 113
4-2-7- La fonction sportive et socioculturelle de la ville de Bouaké ............................. 114
4-3-Les motifs de déplacements ......................................................................................... 116
4-4-Les modes de déplacements urbains de Bouaké .......................................................... 119
4-4-1-Le mode doux ....................................................................................................... 119
4-4-2-Le mode alternatif ................................................................................................ 120
4-4-3-Le mode collectif .................................................................................................. 120
4-5-Les moyens de déplacements ...................................................................................... 121
4-6-Les transports urbains de Bouaké ................................................................................ 122
4-6-1-Transports et circulation dans l’agglomération de Bouaké .................................. 123
4-6-2-Les taxis-motos, une offre particulière ................................................................. 127
167
Conclusion .......................................................................................................................... 129
Troisième partie : IDENTIFICATION DES REELS PROBLEMES DE LA VILLE ET LES
DOMAINES D’INTERVENTION ........................................................................................ 130
Chapitre 5 : PERCEPTION SUR LES REELS PROBLEMES LIES A LA MOBILITE DE
LA POPULATION QUI IMPACTE LE PAYSAGE URBAIN ............................................ 132
5-1-Les problèmes d’ordre général .................................................................................... 132
5-1-1-Les problèmes de l’environnement urbain ........................................................... 132
5-1-2- Le problème foncier ............................................................................................ 133
5-1-3- La voirie urbaine ................................................................................................. 134
5-1-4- Les transports urbains.......................................................................................... 136
5-2-Les problèmes sectoriels .............................................................................................. 137
5-2-1-Le mitage .............................................................................................................. 137
5-2-2-La ségrégation sociale et spatiale ......................................................................... 138
5-2-3-L’insécurité urbaine.............................................................................................. 140
5-2-4-Le problème de l’assainissement.......................................................................... 144
Chapitre 6 : STRATEGIE DE RESTAURATION DE LA VILLE ....................................... 146
6-1-La rénovation urbaine .................................................................................................. 146
6-2-Le réaménagèrent de l’espace urbain .......................................................................... 147
6-3-La densification des zones déjà urbanisées ................................................................. 147
6-4-La politique du transport urbain de Bouaké ................................................................ 148
6-5-Synthèse des recommandations ................................................................................... 149
Conclusion .......................................................................................................................... 150
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................ 151
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 152
TABLE DES ILLUSTRATIONS .......................................................................................... 161
Liste des cartes ................................................................................................................... 161
Liste des schémas ............................................................................................................... 161
Liste des tableaux ............................................................................................................... 161
Liste des graphiques ........................................................................................................... 162
Liste des photos .................................................................................................................. 162
ANNEXES ............................................................................................................................. 163
Questionnaires adressés aux chefs de ménages de la ville de Bouaké ............................... 163
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 165
168