Doc Serge Zieba CPAIEN
Conscience phonologique (par : Denis Legros et Geneviève Marouby-Terriou)
La conscience phonologique est la capacité à percevoir les unités de la parole de manière à les
manipuler et à y réfléchir.
Les résultats expérimentaux suggèrent que cette conscience phonologique admet des niveaux,
d’un simple mécanisme procédural au début, elle devient progressivement un mécanisme capable
de permettre des distinctions toujours plus fines en terme d’identification et de segmentation des
éléments phonologiques.
Morais, Alegria et Content (1987) distinguent différents niveaux d’abstraction de la conscience
phonologique :
- la conscience des chaînes phonologiques. L’identification et la segmentation des mots en
syllabes apparaît à l’âge de 4/5 ans (Costermans 1988 ; Morais & al, 1989). Avant cet âge, on
observe une relative indifférenciation entre le mot et l’objet. Pour effectuer une segmentation
syllabique, l’enfant doit saisir que le mot est une entité à double face, ayant un signifié et un
signifiant, et que la segmentation porte uniquement sur le signifiant. Il semble que cette habileté
de segmentation syllabique se développe de manière naturelle et quasi spontanée.
Les caractéristiques d’intensité sonore de la syllabe permettent d’expliciter cette conscience
précoce et presque spontanée de la syllabe. L’intensité sonore porte davantage sur le noyau
syllabique qui est l’élément le plus sonore et le plus perceptible dans la structure syllabique et peut
expliquer l’identification très précoce des rimes (voir la structure de la syllabe). Dès l’âge de 3 /4
ans, certains enfants sont déjà capables de repérer et de manipuler ces rimes dans des jeux ou des
comptines. -
- la conscience phonétique qui implique que la parole soit perçue comme une séquence d’unités
minimales (segments phonétiques) permettant la différenciation perceptive. -
- la conscience phonémique, la plus abstraite, ne s’appuie pas sur les propriétés physiques du
signal mais sur la mise en relation des unités lexicales. Ce n’est que vers 6 ans que commencent à
apparaître les premiers signes de la conscience du phonème chez les enfants exposés à des
contacts systématiques avec l’écrit.
La conscience phonologique précèderait l'acquisition du système écrit. Cependant cette conscience
phonologique n'évoluerait pas, en l'absence d'un apprentissage spécifique, vers une capacité à
segmenter phonétiquement la parole ou conscience segmentale. Cette capacité est indispensable à
l’acquisition du principe alphabétique de la lecture et elle se nourrit elle-même de l’apprentissage
du langage écrit.
Principe alphabétique (par : Geneviève Marouby-Terriou)
Ce principe s’appuie sur la mise en relation des correspondances de surface entre lettres (sons des
lettres) et sons ainsi que sur les correspondances plus profondes entre graphèmes et phonèmes et
entre orthographe et phonologie (Goswami & Bryant, 1990). Pour Marsh (1981), il s’agit d’un
décodage séquentiel, lettre à lettre, de gauche à droite.
L’acquisition du code alphabétique nécessite la mise en rapport de la version écrite des mots avec
leur forme orale, c’est-à-dire la parole. Dans ce but, l’enfant doit isoler mentalement les éléments
de parole auxquels correspondent les lettres. Cette activité est de nature consciente et doit être
distinguée de celle qui a lieu au cours de la compréhension du message oral. En effet, les processus
impliqués dans la parole réalisent des opérations d’analyse mais ceci de manière automatique,
sans que la conscience intervienne. Ce n’est que l’analyse de la parole en segments à un niveau
conscient qui permet d’accéder au principe alphabétique.
Frith (1986, 1990), et Morton (1989) avancent que la connaissance de l’alphabet va permettre à
l’enfant de faire des associations entre des unités visuelles discrètes (les lettres) et des unités
phoniques abstraites (les phonèmes).
Selon Alegria (1991), pour apprendre à lire, il faut découvrir le principe alphabétique, ce qui
implique la prise de conscience phonologique qui elle même, à son tour, va se nourrir de la pratique
de la lecture alphabétique. Les auteurs s’accordent, à l’heure actuelle sur le fait que l’enfant a
besoin qu’on lui fasse prendre conscience de la nature segmentale du langage parlé, ou en d’autres
termes qu’on lui révèle l’existence des phonèmes pour accéder à ce principe alphabétique.
Pour la langue française, la relation graphème/phonème est très stable et facilite l’acquisition du
principe de traitement alphabétique.
In : Télé Formation Lecture
http://www.uvp5.univ-paris5.fr/TFL/
Doc Serge Zieba CPAIEN
Représentation de la structure d’une syllabe
Exemple : le mot « sac » comporte une syllabe : /s/ est l’attaque et /ak/ la rime
La rime est elle-même composée d’une voyelle /a/ (le noyau) et d’une consonne /k/ (la coda)
La conscience phonologique : elle permet de segmenter la chaîne sonore en mots et les mots
entendus en sons qui les constituent : il faut « casser le mot » pour repérer la syllabe et « jouer » avec
elle : avec le mot « bateau », par exemple, supprimer la syllabe finale (-teau), ou initiale (ba), les
redoubler (babateau – bateauteau), etc.
Mais cette conscience phonologique n’est pas suffisante. Elle doit être combinée avec la conscience
phonémique qui représente un palier supérieur. Le phonème est aussi un son, on ne peut pas toujours
l’isoler physiquement car parfois il ne se superpose pas à la lettre. Cette conscience phonémique se
développe complètement avec l’apprentissage de la lecture.
Dès la grande section et au début du cours préparatoire, elle se développe complètement avec
l’apprentissage de la lecture : elle permet de « casser » la syllabe pour repérer un constituant encore
plus petit, le phonème.
Dans la syllabe « pa », l’enfant doit repérer deux phonèmes [p] et [a], dans « -teau » [t] et [o].
Demander à un élève ce qui reste quand on enlève le premier bruit de « règle », -ègle, de «bateau»,
«-ateau », lui demander de repérer l’attaque de « train » (tr), la rime (ain)… Voilà un des chemins de
l’apprentissage de la lecture.
La syllabe est souvent facile à repérer, c’est une unité naturelle de l’oreille – les adultes illettrés y
arrivent fort bien. Le repérage du phonème est plus compliqué.
Dans la syllabe, on peut alors repérer qu’une nouvelle division est possible : l’attaque et la rime.
La syllabe
C’est la base de l’entraînement : commencer dès la petite section car cela ne pose pas de
problème majeur au tout jeune enfant. Son rôle est fondamental dans la reconnaissance
du mot écrit.
En fin de grande section ou au début du cours préparatoire l’enfant doit concevoir
l’existence de ces petites unités sonores (cela correspond à ce que l’oreille entend de
façon naturelle) avant l’apprentissage de la lecture.
Ces exercices sont réalisables par tous.
Les compétences exigibles à la fin de la grande section soulignent que les enfants
doivent maîtriser l’unité syllabique, rythmer un texte en scandant les syllabes orales,
reconnaître une même syllabe dans plusieurs mots, produire des assonances et des
rimes.
Une remarque importante est à signaler : le décompte des syllabes ne doit pas être une
entrave. C’est un choix initial à faire une fois pour toute, et décidé pour l’ensemble du
cycle.
Attaques et rimes
Dans une syllabe on doit distinguer l’attaque et la rime. Les enfants sont très sensibles
aux rimes et aux allitérations avant tout. Les attaques paraissent plus difficiles à
entendre dans les débuts de l’apprentissage.
C’est avec la connaissance des lettres qu’ils pourront alors commencer à décomposer les
mots en phonèmes.
Dans la progression, le travail sur les rimes et les attaques est une étape intermédiaire
entre la syllabe et le phonème.
Les phonèmes
Le phonème reste l’unité sonore la plus difficile à entendre. Il est nécessaire (…) de
hiérarchiser ces phonèmes en fonction de leur difficulté.
Doc Serge Zieba CPAIEN
L’apprentissage phonémique doit commencer en grande section et se poursuivre au CP
en fonction des compétences de chacun. On tend alors vers des exercices dans le cadre
de la différenciation pédagogique.
source : C. Dumas (analyse des vidéos phonologie cycle 2 de la Banque de séquences didactiques –
CRDP de Montpellier http://www.crdp-montpellier.fr/bsd/