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TAXES Le Canada cherche la
parade pour contrer Donald
Trump
LE 08 JANVIER 2025 8 min
Fragilisé politiquement et menacé par une hausse des taxes sur ses
exportations vers les Etats-Unis, le Canada pourra-t-il survivre
au second mandat de Donald Trump ?
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Justin Trudeau, le 16 décembre 2024 à Ottawa. Le Premier ministre canadien a annoncé sa démission le 6 janvier 2025. PHOTO : Dave Chan / AFP
Par Alexis Gacon
A peine élu, Donald Trump est entré dans une logique de confrontation,
encore plus forte qu’attendue, avec son voisin du nord. Jusqu’à annoncer
que le Canada devait « fusionner » avec les Etats-Unis et devenir ainsi le
51e Etat américain. Au-delà des déclarations provocatrices du futur
locataire de la Maison-Blanche, c’est avant tout sa volonté d’imposer des
taxes de 25 % sur tous les produits importés du Canada qui a créé une
onde de choc dans le pays.
De 2017 à 2021, le Premier ministre Justin Trudeau avait réussi à faire
reculer le milliardaire. Mais la situation est désormais bien différente.
Côté canadien, le chef du gouvernement est sur le départ. Il a annoncé ce
6 janvier sa démission, qui sera effective lorsque son parti, libéral, « aura
choisi son prochain chef à l’issue d’un processus rigoureux et compétitif », a-
t-il annoncé.
Ce sont avant tout l’usure du pouvoir et l’incapacité de Justin Trudeau à
résoudre la crise inflationniste et du logement qui l’ont poussé vers la
sortie, mais le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche n’est pas
totalement étranger à ce choix. « Les Canadiens, très inquiets [des
menaces commerciales brandies par le Président élu, NDLR], ont été
nombreux à dénoncer la faiblesse de la réponse de M. Trudeau »,
note Geneviève Tellier, professeure d’études politiques à l’université
d’Ottawa dans les colonnes du Monde.
Dès le mois de décembre, le Canada avait perdu un atout dans une
potentielle guerre commerciale avec Donald Trump, suite au départ de
son ancienne vice-Première ministre Chrystia Freeland. Cette dernière
avait alors remis sa démission sur fond de désaccord sur la réponse,
jugée trop timide à ses yeux, à apporter à ce « nationalisme économique
agressif ».
Christina Freeland était la représentante canadienne des négociations de
l’accord de libre-échange Canada–Etats-Unis–Mexique (Acéum) en
2018-2019 et avait su tenir tête à Donald Trump. Ce que ce dernier
n’avait visiblement pas apprécié, allant même jusqu’à la qualifier de
« toxique » lorsqu’elle a annoncé quitter ses fonctions il y a quelques
semaines.
En 2018-2019, une réponse ciblée et e"cace aux taxes de
Trump
Au cours de son premier mandat, en mai 2018,
A LIRE HORS-SÉRIE N°130 - 01/2025
Donald Trump avait, pour rappel, imposé une
surtaxe de 25 % sur l’acier importé du Canada
et de 10 % sur l’aluminium. Ce dernier avait Déchiffrer 2025
divisé par deux ses exportations d’aluminium à
DÉCOUVRIR
destination des Etats-Unis, qui avaient alors
atteint, en mai 2019, leur plus bas niveau en
dix ans.
Justin Trudeau avait répondu en taxant les mêmes produits en
provenance des Etats-Unis, et en y ajoutant 250 autres, notamment
agricoles.
La stratégie qui gouvernait la contre-attaque canadienne était alors plus
politique qu’économique. Ottawa avait en effet choisi des tarifs
douaniers qui frappaient particulièrement les Etats républicains et des
alliés de Donald Trump.
Au travers du bourbon du Kentucky, le Canada visait l’Etat du chef
républicain au Sénat, Mitch McConnell. Même sanction pour le yaourt
du Wisconsin qui ciblait l’État du président de la Chambre des
représentants de l’époque, Paul Ryan.
Le 9 décembre dernier, devant la Chambre de commerce d’Halifax, en
Nouvelle-Écosse, à l’extrême sud-est du pays, Justin Trudeau a expliqué
les raisons de cette approche de l’époque. L’idée était d’avoir « un impact
politique sur le parti du Président et ses collègues », et de « riposter d’une
manière réellement ressentie par les Américains ».
Le mois qui avait suivi les représailles canadiennes, les exportations
américaines vers le Canada avaient baissé de près d’un quart. Et un an
après l’imposition des taxes américaines, ces dernières avaient été levées.
« Nos réponses aux tarifs injustes sur l’acier et l’aluminium sont ce qui a
permis de mettre un terme à ceux-ci, la dernière fois », assurait Justin
Trudeau il y a quelques semaines.
C’est « peut-être la plus grande victoire du Canada lors du premier
mandat Trump », relate Nelson Wiseman, professeur émérite de
science politique à l’Université de Toronto. Ottawa avait alors
frappé des symboles, en taxant notamment les motos Harley
Davidson. Et, mine de rien, plus d’une trentaine d’Etats américains
ont pour premier marché d’exportation le Canada. »
Autre victoire, certes mitigée : la renégociation de l’Accord de
libre-échange nord-américain (Alena). L’administration Trump avait
menacé d’y mettre fin, mais le Canada et le Mexique, à force
d’interminables compromis, étaient finalement parvenus à le faire
changer d’avis, ce qui a donné l’accord Canada-Etats-Unis-Mexique,
entré en vigueur en 2020 et qui sera renégocié en 2026.
Certes, il garantit aux Etats-Unis un accès plus grand au marché laitier
canadien, mais il conserve aussi noir sur blanc l’état d’esprit de l’Alena,
qui a profité au Canada.
Un rapport de force inversé
Neuf ans après sa première arrivée aux commandes des Etats-Unis,
Donald Trump est de retour. Et le rapport de force s’est inversé, à son
avantage. Le milliardaire a remporté en novembre une victoire nette,
gagnant des Etats-clés qui ne lui étaient pas promis et empochant le vote
populaire, ce qu’il n’avait pas réussi à accomplir les deux dernières fois
qu’il s’était présenté, c’est-à-dire ni en 2016 lorsqu’il a été élu, ni en 2020
lorsqu’il a échoué à être reconduit à la Maison-Blanche face à Joe Biden.
Il peut aussi compter sur une majorité au Sénat et à la Chambre des
représentants.
Côté canadien, le départ annoncé de Justin Trudeau ne facilite pas la
mise en place d’une riposte. Or il faudra bien qu’Ottawa parvienne à se
faire entendre. Car selon un rapport de la Banque canadienne TD, si les
Etats-Unis imposaient une taxe de 10 % sur tous les produits canadiens,
et si son voisin du nord y répondait par des taxes de la même ampleur,
cela se traduirait par une baisse du produit intérieur brut (PIB)
canadien de 2,4 % d’ici fin 2026.
Pour Nelson Wiseman, « la meilleure arme canadienne pour survivre à un
nouveau mandat Trump réside dans l’imbrication des économies des deux
pays ».
Les provinces canadiennes haussent le ton
L’année dernière, pas moins de 3,6 milliards de dollars canadiens
(2,4 milliards d’euros) de biens et services ont franchi quotidiennement
la frontière canado-américaine dans les deux sens.
« Donald Trump veut taxer tous les produits canadiens, dont
l’énergie. Mais les Etats-Unis ont une demande croissante en
pétrole canadien ! Ce pétrole est raffiné aux États-Unis, puis
exporté ailleurs. Le Canada contribue donc directement à la valeur
ajoutée des Etats-Unis, décrit le politiste. Même chose pour les
pièces automobiles, qui font des allers-retours entre les deux pays. »
Les provinces canadiennes répondent déjà au futur président des Etats-
Unis. Le Premier ministre de la plus peuplée, l’Ontario, multiplie les
apparitions à la télévision américaine, paie des publicités pour informer
les habitants des Etats-Unis de l’impact des taxes en vue. Doug Ford a
aussi annoncé vouloir suspendre les exportations d’électricité vers les
Etats-Unis, si Donald Trump met effectivement ses menaces à exécution.
« Nous alimentons 1,5 million de foyers [aux Etats-Unis, NDLR.] », a-t-il
rappelé le 12 décembre dernier. Et de conclure que si les Républicains
« imposent des droits de douane de 25 %, les Américains n’auront plus les
moyens de payer l’électricité ». L’Ontario a en effet exporté
17 500 gigawattheures d’électricité en 2022 aux Etats-Unis.
Il faudra toutefois aussi qu’Ottawa garde un œil sur les requêtes du
nouveau Président des Etats-Unis. Celui-ci a conditionné la levée de ses
possibles futures taxes à une meilleure sécurisation de la frontière
canado-américaine. Il considère qu’elle laisse passer trop de migrants
irréguliers et du fentanyl, une drogue au cœur de la crise des opioïdes
aux Etats-Unis.
Le gouvernement Trudeau avait montré patte blanche, en annonçant
l’achat d’hélicoptères, de drones, et en augmentant les effectifs des
agents frontaliers. Quelle approche privilégiera le prochain exécutif face
à Donald Trump ?
Le possible successeur libéral de Justin Trudeau est encore inconnu et
personne ne se presse pour l’instant, étant donné qu’il sera sur un siège
éjectable, avec des élections législatives presque obligatoires au
printemps.
Justin Trudeau a en effet pour l’instant prorogé les travaux du Parlement
jusqu’à fin mars, mais une fois les travaux parlementaires relancés,
notamment sur les questions budgétaires, la Chambre des communes –
où le parti libéral ne dispose pas d’une majorité absolue – pourra
exprimer sa défiance envers le nouvel exécutif canadien.
Alexis Gacon
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