Valorisation des grignons d’olives conditionnés en
bouchons dans l’alimentation animale
Mahdia, le 28 février 2012
Les sous produits de l’olivier :
vers une gestion rationnelle
et durable
Dr. Béchir Ben Rouina
Maître de recherches agricoles
Institut de l’Olivier, Sfax
E.mail:
[email protected] L’oliveraie tunisienne en chiffres
16 % de la superficie oléicole mondiale (2ème après l’Espagne).
6 % de l’effectif mondial (7ème rang, après l’Espagne, l’Italie, la
Grèce, la Turquie, le Maroc et la Syrie).
6ème producteur mondial d’huile d’olive.
70 millions d’arbres conduits à 98 % en pluvial.
1,7 millions hectares soit près de 80 % des superficies
arboricoles totales et 35% des terres labourables.
41 % des exportations agro alimentaires durant la dernière
décennie et jusqu’à 52 % enregistrés en 2006.
20 à 40 millions journées de travail selon l’importance des
campagnes.
Rôle environnemental et socio économique indéniable.
Un regard historique
1900 : 11 millions oliviers sur 275 000 ha
1956 : 27,3 millions pieds sur 715 000 ha,
1977 : 55,2 millions pieds sur 1 406 700 ha,
2009 : 70 millions pieds sur 1 700 000 ha.
Actuellement ces effectifs sont âgés comme
suit :
20 % âgés de moins de 25 ans ;
50 % âgés entre 25 et 70 ans ;
30 % âgés de plus de 70 ans.
Évolution spatio-temporelle des
effectifs de l’oliveraie par région
Nord : l'effectif est passé de 20 millions
en 1977 à 24,3 millions en 2009.
Centre : de 19,9 millions en 1977 à 28,7
millions en 2009.
Sud : de 14,7 millions en 1977 à 16,7
millions en 2009.
Nombre et taille des exploitations
Zone Nombre d’exploitations %
Nord 55.111 17,8
Centre 148.484 48
Sud 105.667 34,2
Total 309.262 (Sur un total de 516.000, dont 100
147.000 à dominante oléicole)
Taille de l’exploitation %
< 10 ha 72
10 ha < Superficie < 50 ha 25,5
Superficie > 50 ha 2,5
La production d’huile durant ½ siècle
172
156
120
107
58
Des productions d’huile irrégulières et très fluctuantes
affectant les engagements des exportateurs vis-à-vis de
leurs clients sur les marchés internationaux.
Productions d’huile d’olives à l’échelle du pays durant la période
1962 – 2009 (DGPA, 2009) tributaires de l’irrégularité des pluies
Jeunes plantations : 14 % de l’effectif estimé à 70 millions
d’arbres, soit 10 millions oliviers;
Plantations en production : 77 % soit 52,8 millions oliviers
Plantations sénescentes : 9 % soit 6,3 millions oliviers
D’après Poncet 1962, les plantations d’avant 1935 s’élèvent à
13,1 M oliviers pour l’unique Centre et Sud (4,837 M avant
1881 + 4,1 M entre 1881 et 1914 + 4,179 M entre 1915 et 1935)
soit 18 % ayant plus que 75 ans d’âge.
Les sous produits de l’olivier
Les sous produits de l’arbre
Les feuilles et brindilles procurées par la taille
Le gros bois
Les sous produits de la trituration des olives
Les grignons d’olives
Les margines
Évaluation quantitative du potentiel en
biomasse, fournie par l’oliveraie
nationale
1. Biomasse procurée par la taille des
oliviers
A nos jours, aucune quantification de terrain n’est
disponible au sujet de la biomasse procurée par la taille.
Les estimations sont souvent contradictoires en raison
des fluctuations dues aux multiples facteurs intervenant
dans sa détermination dont notamment la variété (vigueur),
le mode de conduite (sec, irrigué), la densité, les conditions
édapho - climatiques, l’âge des arbres, la fréquence et la
qualité de la taille, l’antécédent productif,…
La taille de fructification
Jeune 25 Kg arbre-1 75 % FB
Adulte 50 Kg arbre-1 50 % FB
Vieux 100 Kg arbre-1 25 % FB
( Ben Rouina, 1992)
La taille de rajeunissement
A Sfax et au Sud, l’arbre
peut procurer jusqu’à 350
Kg, dont 75 à 120 kg de
feuilles et de brindilles (20
à 35 %), le reste étant du
bois (230 à 275 kg / arbre).
La taille de formation
d’un arbre rajeuni
procure entre 80 et 120
Kg de rameaux fins
durant les 5 premières
années ( Ben Rouina,
1992)
Production de biomasse verte procurée par la taille
annuelle de l’oliveraie en Tunisie.
Calcul sur la base de 40 millions d’arbres taillés an-1.
Age de Nombre Biomasse Feuilles et Production annuelle
l’arbre d’arbres issue brindilles (T an-1)
taillés an-1 de la taille en % biomasse dont
kg arbre-1 issue de la feuilles et
an-1 taille brindilles
Jeune 8 Millions 25 70 200 000 140 000
Adulte 20 Millions 50 50 1 000 000 500 000
Vieux 12 Millions 100 25 1 200 000 300 000
Le reste,
(Bensoit 1,46
Rouina, million
1992 Tonnes
; Trigui, 2008 ) an
-1
est constitué
2 400 000 940 000
de bois, dont le diamètre est supérieur à 4 cm.
Nefzaoui (1999), a estimé à 1,6 million de tonnes de brindilles
par an, pour un effectif de 50 millions de pieds d’oliviers.
Cependant, la DGPA ( rapporté par Trigui, 2008 )
estime les quantités de la biomasse issue de la taille de
l’olivier comme suit :
Désignation 2007/2008 2015/2016
Nombres de pieds d’oliviers productifs 34 260 000 40 000 000
Nombres de pieds d’oliviers taillés 25 695 000 30 000 000
Production moyenne de brindilles et de feuilles 15 15
(Kg / arbre)
Production totale de l’oliveraie en brindilles et 385 425 450 000
feuilles (t)
Brindilles et feuilles valorisées (70 %) par 268 800 315 000
l’alimentation animale (t)
(Selon Trigui, source : DGPA, comm. pers., 2008),
Cette quantité va en augmentant avec
la culture hyper intensive entamée depuis
1999 (5000 ha en 2010),
l’irrigation qui va améliorer la vigueur des
arbres et les nouvelles créations
intensives (60 100 ha en 2011),
Cependant, elle pourra baisser si l’on
n’entame pas le programme de rénovation
des plantations sénescentes.
Utilisation des feuilles et brindilles en
alimentation animale
Dans certains pays aride du bassin Méditerranéen, la biomasse procurée
par la taille de l’olivier représente une importante ressource alimentaire
pour les ruminants qui reste encore sous exploitée.
Sa valeur fourragère est importante et dépasse celle des pailles et de
certains foins, véhiculés dans le pays (du Nord vers le Centre et le Sud).
Traditionnellement, certains éleveurs du Centre et du Sud tunisiens se
procurent chaque année (parfois à fort prix) des brindilles issues de la
taille des oliviers pour l’alimentation du cheptel ovin.
Le cheptel consomme les feuilles et les fines brindilles (généralement de
diamètre inferieur à 3 mm) en proportions variables selon le mode de taille
pratiquée, l’âge et la vigueur des arbres.
La partie dure est récupérée par les éleveurs pour servir comme
combustible et pour le chauffage.
Potentialités fourragères des feuilles et
brindilles dans l’alimentation animale
Selon Trigui (2008), la valeur fourragère des feuilles et
brindilles est estimée par plusieurs auteurs, dont
Nefzaoui (1999), comme suit :
• feuilles vertes : de 0,63 à 0,72 UF/kg de matière sèche,
• feuilles séchées : 0,4 à 0,47 UF/kg,
• feuilles ensilées : 0,4 a 0,5 UF/kg.
Valeur fourragère des feuilles utilisées
dans l’alimentation des ovins
Utilisée à bon escient dans l’alimentation du cheptel ovin, nous
avons estimé la valeur fourragère de cette biomasse à 470 millions
d’UF / an.
Ben Rouina, B. (1986). Test using olive by-products (residue and twigs) for fattening
sheep. ln: International Symposiumo n olive by products valorization. FAO (eds).
Sevilla, Spain, March 1986, pp. 483.
B. Ben Rouina, A. Nefzaoui (1990). THE UTILIZATION OF A COMPLETE FEED BASED
ON OLIVE LEAVES AND RESIDUES FOR OVINE FATTENING. ISHS Acta
Horticulturae 286: International Symposium on Olive Growing.
Trigui (2008), estime cette même valeur à 564 millions d’UF ;
mais comme la taille s’opère en une durée très courte, le séchage
devient inévitable pour une partie de la biomasse (2/3 avec 63 % de
MS) et cette valeur devient de l’ordre de 495 millions d’UF.
Utilisation des feuilles dans
l’alimentation des ovins
Etudiant l’incorporation des feuilles séchées pour
l’engraissement des agneaux sevrés, en comparaison au foin de
vesce avoine, Ben Rouina et Nefzaoui. (1990) ont obtenu des
GMQ semblables de 190 g / j.
Khorchani et al. 1997, ont montré que l’incorporation des
feuilles séchées, des brindilles broyées et des grignons bruts
couvrent les besoins d’entretien des agneaux autant qu’un foin
d’avoine (GMQ variant de 53 à 57 g / j).
Khorchani, T., M. Hammaid, H. Hammami, and B. Ben Rouina. 1997. Use of olive by-products in
the nutrition of lambs in southern Tunisia. p. 99-102. In Lindberg, J.E., H.L. Gonda, and I. Ledin
(eds.) Options Méditerranéennes 1997: Série A. Séminaires Méditerranéens 34 .
Principales contraintes à la valorisation de la
biomasse procurée par la taille de l’olivier
la dispersion de la biomasse verte dans les oliveraies ne
facilite pas le ramassage (1,7 million d’hectares sur tout le
territoire national) ;
le transport parfois sur de grandes distances est indispensable
mais très encombrant et coûteux : faible poids volumique ;
la crainte des répercussions phytosanitaires attendues de la
présence des brindilles et du gros bois (pullulation des
xylophages) oblige les oléiculteurs de procéder à leur
enlèvement immédiat si non à leur incinération ;
Nécessité du broyage sur champ, de la séparation fraction
consommable – fraction de bois et du séchage A
Quel Coût.
Le gros bois procuré
par l’arrachage est
estimé à 1 Million de
tonnes an-1 et sert
essentiellement pour
la carbonisation
(charbon de bois)
Utilisation énergétique de cette
biomasse de la taille (Trigui, 2008)
La Substitution énergétique de toute la biomasse verte offre
5,7 x 109 Kcal/an.
La Substitution énergétique partielle de la biomasse verte,
réduite de celle utilisée comme aliment du bétail (+ 15 %
brindilles séchées non consommées par les animaux), ne
fournit alors que 3.8 x 109 Kcal/an.
Trigui, A. 2008. Etude en vue de l'Elaboration d’un Plan d’Action pour
l’utilisation énergétique des sous produits de l’oliveraie en Tunisie. Projet
000581135. Programme des Nations Unies Pour le Développement. PNUD-
Tunisie/ANME (33/2008). 121 p.
Capacité de trituration et opérations
annexes (DGPA, 2009).
L’olivier à huile fait fonctionner un tissu industriel
renfermant 1728 huileries (dont 657 classiques et
super presses, 386 CC à 2 phases et 682 CC à 3
phases), ayant une capacité théorique de
trituration de 42.770 T d’olives jour-1.
12 usines d’extraction d’huile de grignons avec
une capacité de transformation quotidienne de
2.000 T (dont 4 à Sfax et 3 au Sahel).
Les grignons d’olives
La production
annuelle actuelle de
grignon pourrait être
estimé à entre 450 et
517 milles tonnes an-1
(Ben Rouina, 2010).
Trigui (2008), estime ces quantités à 434.500
T de grignons pour une production de
754.500 T d’olives (1986-2006).
Les minimales et maximales ont été de
131.500 T (en 2001/02 pour 228.490 T
d’olives) et de 848.000 T (en 2003/04 pour
1.472.000 T d’olives et 280000 T d’huile).
La valorisation des grignons
dans l’alimentation animale
Depuis la fin des années 1970, un grand travail
d’investigation sur l’adjonction de différents types
de grignons dans l’alimentation animale a été
réalisé (Ben Dhia, Abdouli, Nefzaoui, Ben
Rouina, Chermiti, Ben Salem,,…..).
Valeur alimentaire des grignons d’olive :
après déshuilage peuvent fournir jusqu’à
100.000 UF / an).
Cette partie sera développée par les spécialistes
La valorisation des grignons par le
compostage en agriculture biologique
L’utilisation des grignons épuisés avec d’autres sous produits de
la ferme (fumiers, fientes de volailles, restes de culture,…) pour
la fabrication du compost est une alternative très intéressante.
Les Margines Les margines sont les effluents
liquides des huileries.
les procédés classiques
d’extraction => une tonne
d’olives génère 450 litres de
margines.
le système continu à 3 phases =>
une tonne d’olives génère de 600
à 1200 litres de margines.
Tunisie = production annuelle
moyenne d’olives de 850000 T
(1990 – 2006) => 600.000 T <=
40% système à pression + 60%
système continu.
Les bassins de margine : Une solution adoptée en
Tunisie
Confection des bassins Remplissage des bassins de
réception
Règle : Pollueur - Payeur
Bassins de stockage Bassins de séchage
Y a-t-il d’autres alternatives ?
L’épandage comme amendement des terres agricoles
Paramètre Valeurs
Minimum Maximum
pH 4,17 5,5
CE (mS/cm) 12,38 18,6
Teneur en eau (%) 95,4 87,9
Compositions Matière sèche (g/L) 44,6 121
chimiques DCO (g/L) 63,79 105
DBO5 (g/L) 34,90 55
extrêmes des 32,55 107
Matière organique (g/L)
margines utilisées Matière grasse (g/L) 3,18 4,5
Pour la fertilisation Sucres (g/L) 14,63 25,3
11,96 -
des terres agricoles Protéines (g/L) 0,99 5,8
Composés phénoliques (g/L)
en Rouina et al. (2008)Azote total (g/L) 0,44 1,4
Carbone (g/L) 1,27 3,74
C/N 2,9 2,7
Matières minérales (g/L) 12,05 23,7
Phosphore (g/L) 0,08 0,32
Potassium (g/L) 4,37 7,5
Sodium (g/L) 1,15 1,31
Calcium (g/L) 0,71 2,3
Magnésium (g/L) 0, 65 1,05
Chlorures (g/L) 0, 56 1,25
Productions moyennes d’olives dans les sites de Sidi
Chammekh et de Taous depuis le démarrage des
actions
Site d’épandage.
Campag Dose de margine par hectare
ne
0 m3 50 m3 100 m3 200 m3
Sidi 2008/09 400 370 550 680
Chammek* Moy 731 850 1417 1141
16,2 % 93,8 % 56 %
4 ans
Taous ** 2008/09 470 600 750 450
Moy 348 588 583 526
+ 41 % + 40,3 % + 34 %
4 ans
•Sidi Chammekh : 2 faibles récoltes 2005/06 et 2008/09 , une
bonne récolte 2007/08 et 1 récolte moyenne 2007/08.
• ** Taous : 1 faible récolte (2004/05) + 1 récolte nulle
(2005/06) + 2 récoltes moyennes (2006/07 et 2008 /09).
Conclusions
Outre ses productions principales (l’olive et l’huile), le secteur
oléicole tunisien procure annuellement de grandes quantités de
sous produits tels que les feuilles et brindilles, le bois, les
grignons et les margines.
Utilisés à bon escient, ces sous produits s’avèrent d’une grande
utilité et peuvent améliorer les revenus aussi bien des
oléiculteurs que ceux des éleveurs.
La taille d’environ 60 % des plantations procure au alentours de
1 million tonnes de fraction comestible par le cheptel, d’une
valeur estimée à 470 millions UF (~ 500.000 t orge) et 1,5
millions t de gros bois d’une valeur énergétique égale à 3,8 x 109
Kcal/an.
De surcroît, les grignons dont les quantités atteignent 450.000
T, après déshuilage peuvent fournir jusqu’à 100.000 UF / an.
Conclusions (suite)
L’utilisation rationnelle et durable de ces sous produits
dans l’alimentation animale (feuilles et grignons) doit
devenir systématique et non occasionnelle (les années
de disette).
La recherche de technologies efficaces et à moindre coût
est une impérative à cette exploitation rationnelle.
En l’absence des textes juridiques autorisant l’utilisation
des margines comme fertilisant naturel en agriculture, le
problème reste posé.
Merci de votre attention
L’olivier est dans le cœur,…
Car la où il y a l’olivier,
il y a la vie,….