260 SÉANCE DU 31 MAI 1907
M. Pottier expose les trouvailles faites à Montlaurès, près de Narbonne, par M. H. Rouzaud, ancien député, percepteur de la ville qui, depuis huit ans, explore ce site avec autant de perse' vérance que de perspicacité. Il y a ramassé à fleur de terre une véritable collection d'objets antiques, silex, meules, poteries, lampes, monnaies, pierres gravées, bijoux, qui montrent la richesse de cette localité, admirablement située à peu de distance de la mer, commandant à la fois l'embouchure de l'Aude et les défilés qui, par les Pyrénées et parla côte, mènent en Espagne. M. Rouzaud a reconnu que le pic rocheux de Montlaurès , qui s'élève isolé dans la plaine, a dû servir de nécropole aux habitants de la région qu'il identifie avec Y Helyce palus, mentionné par Avienus, en arrière de Narbonne. Cette nécropole est surtout remarquable par l'abondance extraordinaire des fragments de poteries qu'on y recueille et qui permettent d'établir que les Grecs y ont commercé dès une époque reculée ; car on y rencontre, outre les poteries dites ibériques, de nombreux débris de vases attiques et italiotes dont les dates s'échelonnent du vie siècle jusqu'aux me et ne. Il est remarquable que les indices d'une occupation romaine sont fort rares. On peut supposer que la cité a disparu et fut remplacée alors par le grand port de Narbonne. C'est un emplacement dont le caractère pré-romain semble bien établi et qui offre d'autant plus d'intérêt pour l'histoire de la Gaule méridionale. Il ,est rare de rencontrer en France un point aussi digne d'attention par la sûreté de la chronologie qu'on y peut établir et par l'importance des documents antérieurs à la conquête qu'on y recueille. M. Pottier espère que l'Académie se montrera favorable au projet de fouiller sérieusement et méthodiquement cette station antique.
M. Héron de Villefosse partage complètement la manière de voir de M. Pottier au sujet de Montlaurès. Il a eu l'occasion de visiter ce site l'an dernier; il a pu examiner les découvertes faites par M. Rouzaud et il est convaincu de l'importance archéologique de cette colline. Si l'Académie veut bien s'intéresser aux fouilles projetées, elle aura lieu sans doute de s'en féliciter, car elles apporteront certainement des documents nouveaux et inattendus pour l'histoire du commerce sur la côte narbonnaise dans l'antiquité.