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Le ciném a, ou comm ent raconter la science au Palais de la dé couverte en 1937 Riou F. – 129-149 – 2e sem. 2011
C U L T U R E & M U S É E S N ° 1 8 F l o r e n c e R i o u
LE CINÉMA, OU COMMENT RACONTER LA SCIENCE AU Palais de la découverte en 1937
E ntre les deux guerres, le cinéma est employé comme média de masse pour soutenir une politique ambitieuse d’éducation sanitaire : Jean Benoit-Levy, notamment, réalise des films scientifiques dont le récit repose sur des ressorts fictionnels dans le but de faciliter l’adhésion des spectateurs et de transmettre une éducation sanitaire. Les travaux de Valérie Vignaux attestent cependant du déclin de ce type de vulgarisation au début des années 1930 et la relégation du modèle de transmission des connaissances qui l’accompagne (Vignaux, 2009 : 82). Ces films hygiénistes qui légitimaient le recours à la fiction sont en effet délaissés au profit de films de vulgarisation valorisant l’acte de recherche scientifique. Le Palais de la découverte, inauguré en 1937 lors de l’Exposition internationale – Les Arts et les Techniques dans la vie moderne –, a justement pour projet de diffuser et valoriser la recherche scientifique en cours. Le cinéma est le médium convoqué dans ce but. Nous pouvons donc nous interroger sur la forme que vont prendre ces films de vulgarisation scientifique et la place accordée dans ce cadre à la narration et à la fiction. La médiation des sciences et techniques au Palais de la découverte relève d’une nouvelle muséologie, mettant l’accent sur la « science vivante » , celle qui se fait en laboratoire, selon l’expression de Paul Langevin (Langevin, 1932 : 239) puis de Jean Perrin (Perrin, 1938), à l’origine du projet. Dans ce contexte, objet d’une première partie, nous verrons comment le cinéma va alors s’affirmer comme outil de communication des sciences, définissant trois catégories de films : de recherche, d’enseignement et de vulgarisation. Nous analyserons