Download ebooks file Microeconometrics Using Stata Cross Sectional and Panel Regression Models 2nd Edition A Colin Cameron Pravin K Trivedi all chapters
Download ebooks file Microeconometrics Using Stata Cross Sectional and Panel Regression Models 2nd Edition A Colin Cameron Pravin K Trivedi all chapters
com
https://ebookmeta.com/product/microeconometrics-using-stata-
cross-sectional-and-panel-regression-models-2nd-edition-a-
colin-cameron-pravin-k-trivedi/
OR CLICK BUTTON
DOWNLOAD NOW
https://ebookmeta.com/product/econometric-models-with-panel-data-
applications-with-stata-1st-edition-cesar-perez-lopez/
ebookmeta.com
https://ebookmeta.com/product/textbook-of-hospital-psychiatry-2nd-
edition-harsh-k-trivedi/
ebookmeta.com
https://ebookmeta.com/product/in-too-deep-class-and-mothering-in-a-
flooded-community-1st-edition-rachel-kimbro-2/
ebookmeta.com
Measuring Emission of Agricultural Greenhouse Gases and
Developing Mitigation Options Using Nuclear and Related
Techniques Applications of Nuclear Techniques for GHGs 1st
Edition Mohammad Zaman
https://ebookmeta.com/product/measuring-emission-of-agricultural-
greenhouse-gases-and-developing-mitigation-options-using-nuclear-and-
related-techniques-applications-of-nuclear-techniques-for-ghgs-1st-
edition-mohammad-zaman/
ebookmeta.com
https://ebookmeta.com/product/zero-waste-cooking-for-dummies-1st-
edition-rust/
ebookmeta.com
https://ebookmeta.com/product/contact-strategies-histories-of-native-
autonomy-in-brazil-1st-edition-roller-heather-f/
ebookmeta.com
https://ebookmeta.com/product/filaments-of-hope-atlantic-island-
mosaics-3-1st-edition-dawn-dagger-fredric-shernoff/
ebookmeta.com
https://ebookmeta.com/product/popular-music-in-contemporary-
bulgaria-2nd-edition-asya-draganova/
ebookmeta.com
The Routledge Handbook of Queer Rhetoric Routledge
Handbooks in Communication Studies 1st Edition Jacqueline
Rhodes
https://ebookmeta.com/product/the-routledge-handbook-of-queer-
rhetoric-routledge-handbooks-in-communication-studies-1st-edition-
jacqueline-rhodes/
ebookmeta.com
Microeconometrics Using Stata
Volume I: Cross-Sectional and Panel
Regression Methods
Second Edition
A. COLIN CAMERON
Department of Economics
University of California, Davis, CA
and
School of Economics
University of Sydney, Sydney, Australia
PRAVIN K. TRIVEDI
School of Economics
University of Queensland, Brisbane, Australia
and
Department of Economics
Indiana University, Bloomington, IN
®
Typeset in LaTeX2e
10 9 8 7 6 5 4 3 2 1
Stata and Stata Press are registered trademarks with the World
Intellectual Property Organization of the United Nations.
Author index
Subject index
Tables
2.1 Stata’s numeric storage types
3.1 Postestimation commands
4.1 DID computation example
6.1 OLS and FGLS estimators and their estimated variance
7.1 IV estimators and their asymptotic variances
8.1 Summary of xt commands for linear panel models
13.1 Some estimation commands for linear and nonlinear cross-
sectional models
Figures
1.1 Basic help contents
2.1 A basic scatterplot of log earnings on hours
2.2 A more elaborate scatterplot of log earnings on hours
2.3 Box-and-whisker plots of annual hours for four categories of
educational attainment
2.4 A histogram for log earnings
2.5 The estimated density of log earnings
2.6 Histogram and kernel density plot for log earnings
2.7 Twoway scatterplot and fitted quadratic with confidence bands
2.8 Local constant plot of log earnings against hours
2.9 Local linear and lowess plots of log earnings against hours
2.10 Multiple scatterplots of several variables for each level of
education
3.1 Comparison of densities of level and natural logarithm of
medical expenditures
3.2 Residuals plotted against fitted values after OLS regression
3.3 Q–Q plot of residuals against normal and kernel density
estimate
4.1 Predictive margins 1) by age and 2) by age and gender
4.2 Predictive margins 1) by age for men and 2) by age for women
5.1 (10) and Poisson(5) draws
5.2 Histogram for one sample of size 30
5.3 Histogram of the 10,000 sample means, each from a sample of
size 30
5.4 Halton sequence compared with uniform draws
5.5 statistic density compared with theoretical
6.1 Absolute residuals graphed against and
8.1 Time-series plots of log wage against year and weeks worked
against year for each of the first 20 observations
8.2 Overall scatterplot of log wage against experience using all
observations
8.3 Within scatterplot of log-wage deviations from individual means
against experience deviations from individual means
10.1 Probit model and associated ME
11.1 (5) density compared with 5 times density
11.2 Power curve for the test of against
when takes on the values under and
and
11.3 Power curves at test size 0.05 and at sizes 0.05 and 0.10
12.1 Distribution of from pairs percentile- bootstrap
14.1 Finite mixture compared with weighted sum of normal random
variables
14.2 Finite mixture density of three normal distributions
14.3 Component-wise density of fitted values
14.4 Plot of fitted quadratic and quartic models
14.5 Piecewise linear: Single regressor z without and with
additional regressors
14.6 Natural cubic spline and smoothing spline
14.7 Local linear regression using lpoly and npregress kernel
15.1 Quantiles of the dependent variable
15.2 QR and OLS coefficients and confidence intervals for each
regressor as varies from to
15.3 Density of , quantiles of , and scatterplots of and
15.4 Quantile and density plots of log expenditure for those with
and without supplementary insurance
Preface to the Second Edition
Microeconometrics Using Stata, published in December 2008, was
written for Stata 10.1. Microeconometrics Using Stata, Revised
Edition, published in January 2010, was written for Stata 11.0. This
second edition is written for Stata 17.
The first volume, comprising chapters 1–15 and Stata and Mata
appendixes, focuses on the linear regression model and provides a
brief introduction to nonlinear regression models. This volume is an
expanded version of chapters 1–10, 12–13, and the appendixes of
the first and revised editions. In places, there is greater explanation
of underlying methods, and much of the first volume is intended to
Other documents randomly have
different content
ne connaît pas; désormais, qu’elle le veuille ou non, elle aura des enfants de
cet homme, elle aura des caresses de cet homme, même si les caresses de
cet homme lui sont odieuses. L’homme est protégé par la loi. La femme
peut divorcer, dira-t-on. Non, si l’homme ne veut pas. Ou bien elle n’aura
de recours que dans le scandale, et alors on la privera de ses enfants, que le
dégoût de son mari ne lui fait pas forcément haïr. Comment appeler cela,
pour la malheureuse? De la prostitution, déclarent pompeusement quelques-
uns. Non pas. C’est de l’esclavage, le plus strict. Je ne récrimine point. Les
hommes se moqueraient de moi, et je négligerais de le remarquer, comme je
néglige de discuter s’ils ont trouvé le meilleur moyen de constituer la
famille, premier élément de toute société. Non, je ne rêve pas de
transformer leur monde cruel. J’ai seulement pitié de la femme que leur
morale enchaîne. J’ai souffert d’aimer une de ces femmes, et je l’ai quand
même aimée. Je ne réclame rien.
Devant la maison de ma bien-aimée, lorsque par cette nuit de printemps
je me suis senti désespéré en imaginant tout ce que chacun devine, je n’ai
pourtant pas épuisé ma peine. De pires tortures m’attendaient, que je ne
prévoyais pas. Car tout ce que j’imaginai ne reposait en somme que sur des
présomptions. Je ne connaissais presque pas celle que j’aimais déjà si
durement. L’heure était proche où j’allais du moins connaître quelle femme
elle se révélerait enfin sous les caresses.
E T pourtant, non. Je recule. Je ne dirai pas cela. J’ai dit tout ce que je
savais de mon amie. Dans le drame que je rapporte, ce sont les
sentiments seuls qui ont de l’intérêt. Je n’ai jamais eu le goût de
m’introduire dans une alcôve, je n’introduirai personne dans la mienne.
Tout ce que je dirais ne serait qu’ignominie, injure et blasphème à la
mémoire de celle que rien ne me permet d’offenser.
Je n’ai pas dit non plus la couleur de ses cheveux, l’éclat de son œil, la
grâce incomparable de ses mains. Je ne l’ai pas décrite. Je ne la décrirai pas.
Je la trahirais peut-être, et en quoi pareille trahison serait-elle utile au récit
que je fais d’une aventure malheureuse? En quoi pourrait-elle éclairer cette
ombre où la personnalité de mon amie est demeurée inaccessible?
Je n’ai même pas dit son nom. Notre prénom, c’est ce que nous avons de
plus intime. Le prénom n’appartient qu’à l’aimée et qu’à l’aimé. Que
d’autres le prononcent, il y a profanation en quelque sorte. Et les amants en
ont bien conscience, dans tous les pays et dans tous les mondes, quand ils se
donnent entre eux de ces surnoms qui semblent ridicules aux étrangers et
qui sont au juste une caresse de la parole. D’instinct, je n’aurais pas accepté
d’appeler mon amie comme d’autres auraient pu l’appeler, comme un autre
tout au moins devait l’appeler. Je ne dirai pas comment je l’appelais, et je
ne lui inventerai pas un nom pour les besoins de mon récit: son nom restera
secret, tel qu’était notre amour, et mon trésor particulier. Dans les heures où
elle s’échappait pour se réfugier près de moi, il fallait qu’elle fût
entièrement différente de ce qu’elle était ailleurs, et que rien ne la retînt à
cet ailleurs trop journalier: lorsque nous nous retrouvions dans notre chez-
nous enfin prêt, n’était-ce point pour n’être que deux amants, deux êtres qui
n’ont plus souci de rien que d’eux-mêmes?
Elle me le dit un jour:
—Il faut nous entourer un peu d’illusion.
J’avais l’illusion qu’elle fût mienne. Quelle illusion m’eût grisé
davantage? Ne venais-je pas de reconnaître un de mes désirs? Déjà,
plusieurs fois, j’avais remarqué, sans en tirer d’orgueil, qu’elle me répétait
comme venant d’elle des choses que je lui avais murmurées. J’en tirai peu à
peu la conviction qu’elle m’offrait ainsi, et peut-être involontairement, une
preuve de son amour, comme si, devenue mienne et telle que je pourrais la
souhaiter, et dominée par ma tendresse, elle prenait de mes façons de penser
et de sentir. Quel soutien nouveau pour moi! Deux amants que la chair seule
attache, se lassent plus vite, au lieu que la tendresse ne va que
s’affermissant en profondeur. Et quels espoirs devant moi qui ne rêvais que
de tendresse, de communion véritable, et véritablement,—je ne l’écris pas
sans mélancolie,—d’amour conjugal, l’unique amour que je conçoive!
J’avais bien l’illusion que chez nous elle était mienne, et qu’en fermant
au verrou derrière elle la porte quand elle m’arrivait, elle montrait sa
volonté d’exclure le reste du monde. Elle y mettait de la hâte. Se croyait-
elle suivie, épiée? Non point. Elle avait l’air parfaitement calme, et jamais
elle ne joua la comédie des précautions excessives. Elle venait, elle entrait,
elle nous enfermait, elle se jetait contre mon épaule, elle était chez elle.
Comme elle me l’avait dit un jour:
—Tout est fini, puisque je vous vois.
Par malheur, tout ne finissait que pour fort peu de temps. Mon amie
n’arrivait pas toujours à l’heure qu’elle m’avait fixée.
—Je ne fais pas ce que je veux, disait-elle.
Et parfois elle me quittait plus tôt qu’à son envie. Lorsqu’elle avait deux
heures à me donner, la bonne chance nous favorisait.
Si quelque jeune fille ignorante imagine merveilleux et terribles les
plaisirs de l’adultère, qu’elle se détrompe. Une femme vicieuse ne court
qu’au plaisir, sans doute; mais pour les autres,—le plus grand nombre,—
pour celles qui, mal mariées, ne cherchent dans l’amour défendu que ce
qu’elles n’ont pas trouvé dans le mariage, c’est-à-dire, non point un mâle et
un maître, mais un homme et un ami, pour celles-là le dernier mot du
bonheur n’est pas de s’épuiser de fatigue sous une étreinte vaine. Je le
pense du moins, et mon amie aussi le pensait, je n’aurais pas voulu en
douter.
Toute ardente qu’elle fût au lit, et audacieuse même, elle avait d’autres
soins. Plus d’une fois, le commissaire de police eût perdu sa peine en
pénétrant chez nous à l’improviste: nous causions seulement comme deux
vieux camarades, ou bien, tandis qu’elle m’écoutait en mangeant des fruits,
je lisais quelques pages d’un poète que le hasard de la conversation nous
avait mis en goût de relire, ou de lire. J’ouvrais le plus souvent du Hugo,
que mon amie connaissait mal et qu’elle fut surprise de découvrir soudain:
car Hugo n’est pas à la mode et les hommes de ma génération le tiennent en
grand mépris, sans le connaître probablement, ou pour des raisons de
politique, ce qui ne me suffit pas. J’ouvrais aussi l’Homme Intérieur, ou le
Cœur Solitaire. Charles Guérin est un poète qui m’émeut. Je crois qu’on ne
lui a pas encore assez rendu l’hommage qu’il mérite. Pour moi, je
n’oublierai probablement jamais cet après-midi de juin où tout à coup je lus,
à mi-voix:
Nous montons dans la vie, en peinant, côte à côte;
Mais un mur entre nous suit le même chemin,
Hélas! et l’on ne peut, tant la crête en est haute,
Se voir ni se donner la main.
Ma voix tremblait. Je posai le livre. Au bruit que je fis, mon amie leva la
tête. Ses yeux brillaient. Elle courut à moi. Elle se blottit contre mon épaule,
à sa place préférée. Nous nous taisions.
—Mon Mien, mon Mien, murmura-t-elle. Je ne veux pas que tu souffres.
Elle répéta:
—Je ne veux pas.
—Tu ne souffres donc pas, toi? répliquai-je. Tu es donc heureuse?
—Si tu m’aimes, je suis heureuse.
—Si je t’aime? Tu me le demandes? Tu ne le sais pas, que je t’aime?
—Et toi, méchant, tu ne le sais pas aussi, que je t’aime?
—Je voudrais tant le savoir!
Elle me repoussa doucement.
—Tu es injuste, dit-elle.
—Non, je souffre.
—Et moi, je ne souffre pas? Moi, qui suis là près de toi comme si plus
rien n’existait que toi et moi, moi qui vais te quitter... Toi, du moins, tu
seras seul, tu pourras faire ce que tu voudras, penser ce que tu voudras, te
taire si tu veux; tandis que moi je devrai subir des questions, je devrai
parler, répondre, je devrai...
—Tais-toi, je t’en supplie, tais-toi!
Qu’aurait-elle dit, si je ne l’avais pas retenue?
Je la serrai contre moi.
—Méchant, méchant! dit-elle tout bas.
La jalousie me fouettant, et les lèvres amères, je cherchai les siennes,
vivement, comme si elle me les eût refusées.
—Oh! le méchant! dit-elle encore, autant qu’elle le put. Croirait-on pas
qu’il a besoin d’employer la force? Croirait-on pas que je ne suis pas
sienne?
Elle se tut. Il me plaisait qu’elle fût silencieuse. J’ai en horreur les
manifestations extrêmes de la joie, et qu’une femme crie ou geigne.
Après ce silence où tout s’oublie pour quelques instants:
—Quelle heure est-il? dit-elle soudain.
Nous n’y pensions plus.
—Je vais être en retard.
Et elle m’échappa, prompte. Rapidement, elle se préparait.
—Tu es bien pressée, dis-je sur un ton de reproche badin.
—Je n’ai plus une minute à perdre, je dîne en ville.
—Ah! fis-je. En décolleté, sans doute?
Elle riposta, souriante:
—Pourquoi pas?
Puis, se faisant admirer et la gorge offerte:
—C’est donc si laid qu’il faille le cacher?
Je grognai:
—Singulière manie que vous avez toutes, de montrer à tout venant ce qui
doit se réserver.
Elle éclata de rire.
—Tu es stupide.
—Naturellement, dis-je non sans aigreur.
Meilleure que moi, ou plus fine, elle évitait les discussions. Elle reprit:
—Tu es stupide et je t’adore, tiens!
Elle était prête. Elle me planta sur chaque joue un baiser sonore, comme
on fait aux enfants qui boudent.
—Au revoir, mon vilain jaloux! conclut-elle. Au revoir, vilain mon
Mien!
Puis, son habituel:
—Tu l’aimes, ta Tienne?
Je refermai lentement la porte sur elle. J’écoutai le bruit de ses pas. Elle
était partie. Notre chez-nous, pourtant si étroit, me parut plus grand. Je me
sentis tout à fait découragé.
Machinalement, j’allai à la fenêtre et soulevai le rideau. Il avait plu, mais
le soleil triomphait à l’occident. Je laissai retomber le rideau.
Machinalement encore, je pris pour le ranger le livre de Charles Guérin.
Je l’ouvris au hasard. C’était à la page 113. Je lus:
C’est l’heure, après la pluie, où, redevenant pur,
Le ciel du soir se peint dans les vitres riantes,
Où les trottoirs mouillés réfléchissent l’azur
Et les pieds nus des mendiantes.
Je ne suis pas assez bon lettré pour traduire plus exactement avec moins
de mots. Un helléniste m’a déclaré que le texte porte, précis: «Un dieu t’a
fait ce mal? Non, c’est toi-même à toi.» Que servirait ici de discuter? Il ne
m’échappe pas que je voudrais retarder à ce point le torrent de mes
souvenirs. Ils se précipitent à mes yeux éblouis comme se précipitèrent les
événements. Quelqu’un a dit un jour pour la première fois: le tourbillon de
la vie. L’expression s’est galvaudée, mais qu’elle était belle, quand elle
faisait encore image! Elle était désespérante. Il faut lui redonner son sens
neuf avec moi pour comprendre d’ensemble ce que devint ma vie dès ce
jour-là.
Jusqu’alors j’avais peut-être l’illusion que je menais notre amour sous la
seule influence de mon amie. Nous eûmes le tort de sortir de chez nous.
Dans le secret, tout étouffant qu’il fût, notre amour vivait, chaud comme
une rose pourpre, et nos souffrances,—je tiens à cette dernière illusion du
pluriel,—nos souffrances avaient une noblesse, peut-être arbitraire, mais
respectable; car deux malheureux ont droit au respect. Du jour où nous
fûmes assez maladroits pour exposer notre amour aux atteintes du dehors, la
catastrophe, qui avait couvé dans ce secret étouffant, devint inévitable.
Tout de suite, puisque je n’écris pas un roman de surprises, je dois
rassurer et détromper: notre amour ne fut pas découvert. Je me surveillai
assez pour ne jamais être suspecté ni par trop d’abandon ni par trop de
froideur. Quant à mon amie, je m’aperçus vite que, loin de se tenir
difficilement, du moins en apparence, entre son mari et moi, elle se dirigeait
au milieu des feintes avec un art terrible. Et le mari, je me persuadai
d’emblée qu’il avait en sa femme une confiance béate. Devant lui, on se
sentait devant un homme honnête, correct, tranquille, et heureux. Il avait
une façon parfaitement quiète de regarder sa femme. Ce n’était point
suffisance de mâle, ni orgueil de maître. C’était conscience d’une situation
claire et de sentiments réciproques. Il m’étonna. Il ne semblait pas être du
tout le bourreau que la conduite et les propos de sa femme donnaient à
supposer. Près d’elle, il se montrait attentif,—sans excès, pour ne point
s’abaisser peut-être, car certains hommes pensent qu’il est déraisonnable à
un mari d’avoir l’air amoureux,—mais attentif néanmoins de manière qu’un
jaloux tel que moi dût s’inquiéter. Il aimait sa femme, assurément, en bon
mari, en bon bourgeois, si ce terme, où je ne mets rien de péjoratif, doit
mieux me faire entendre. Mais est-ce ainsi que sa femme désirait d’être
aimée? Et avait-elle tort ou raison, c’est une question que je demande à ne
pas résoudre, par gratitude et par honneur.
De cet homme, parce que je lui avais été préféré, je jugeai promptement
que rien ne me menaçait. Il n’en fut pas de même pour le fameux beau-
frère. Les deux frères ne se ressemblaient pas plus que deux étrangers.
L’aîné me déplut d’abord. Autant le mari paraissait calme et, pour ainsi
dire, toujours de sang-froid, autant le beau-frère se montrait toujours en
éveil. Il cultivait l’ironie, une ironie assez lourde, avec une espèce de rage
sournoise, cherchant à briller par des moyens brusques, taquinant sa belle-
sœur à l’occasion de n’importe quoi, la détournant de tout entretien qu’elle
nouait loin de lui, la prenant à témoin du moindre fait qu’il citait, la
houspillant parfois assez rudement d’une plaisanterie en lui baisant la main.
—Ma chère petite belle-sœur...
Il l’appelait ainsi à tout instant. J’ignore ce que pensaient les autres de
son attitude, qui était désinvolte, hautaine, et certainement forcée. Moi,
j’eus l’impression très nette que le beau-frère faisait plus figure de mari que
le mari. Mais je guettais en vain un geste, un sourire, un regard, un mot, qui
trahît la belle-sœur: elle demeurait impénétrable. Je pouvais, et en vérité je
devais conclure que mes soupçons n’étaient que rêveries d’amant
malheureux. Mais n’avais-je pas d’autre part la preuve que mon amie ne
trahissait pas davantage qu’il y eût entre elle et moi ce qu’il y avait?
Je m’enfonçais les ongles dans les paumes chaque fois que je l’entendais
appeler son beau-frère par son prénom. Il répondait:
—Ma chère petite belle-sœur...
Et il accourait à elle.